Chapitre trente-cinq

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- Tu es en train de me dire que tu t'es bourré la gueule avec Potter ET que tu ne l'as même pas embrassé ?!

El était outrée. Assise près de lui sur le lit, elle faisait de grands gestes et jurait depuis qu'il avait fini de lui raconter sa soirée. Ses cheveux roux partaient dans tous les sens autour de son visage, comme une crinière de feu. Pourtant, c'étaient ses yeux qui s'étaient enflammés lors de son récit, et qui à présent lui brûlaient la peau. El était trop féroce pour lui, il ne faisait pas le poids.

- Justement, je ne pouvais pas l'embrasser alors que je n'étais pas totalement maître de mes moyens, essaya-t-il de se défendre.

En vain. El le fusillait du regard.

- Tu avais l'occasion parfaite pour faire avancer le schmilblick ! s'exclama-t-elle. En plus, si tu n'étais pas un tel nodocéphale, tu verrais que Potter n'est pas DU TOUT insensible à tes charmes, mon cher Malfoy.

- Mes charmes ? hoqueta-t-il. Arrête ton délire une seconde, tu veux bien ? Potter agissait comme ça parce qu'on était tous fatigués, et qu'on avait bu, c'est tout.

- Ah oui ? Et les heures passées tous les deux à papoter tranquillou pilou?

- Il fallait bien qu'il trouve quelqu'un pour tuer le temps en attendant Granger et Weasley.

- C'est ça, ouais.

Elle roula des yeux, exprimant ainsi à quel point elle trouvait les explications de Draco ridicules.

- Tu ne peux pas m'en vouloir pour ça, El, reprit-il. J'ai pas le courage de me faire repousser de nouveau. Surtout maintenant, la situation est trop incertaine pour que je prenne le risque de me mettre Potter à dos... On ne sait pas ce qui peut arriver, avec mon père qui déraille, et ce démon qui pourrait revenir n'importe quand. Bref, c'est pas le moment pour les péripéties amoureuses.

- Si pas maintenant, quand ? fit remarquer la rousse.

A cela, Draco n'avait pas grand-chose à rétorquer. Quand ? Eh bien, peut-être jamais. Peut-être que ses sentiments étaient destinés à rester cachés en lui pour toujours. Cette pensée lui donnait la nausée, mais il fallait bien être réaliste. Harry Potter faisait face à une nouvelle menace, qui plus est fomentée par le propre père de Draco, et avait probablement autre chose à foutre que s'appesantir sur Malfoy et l'émoi de son pauvre cœur (ce qui sonnait comme le titre d'un film d'amour fleur bleue).

- C'est pas important, asséna-t-il. On doit se concentrer sur ce danger-là.

A mesure qu'il prononçait ces paroles, il savait très bien que ce n'était pas 100% honnête. Enfin, bien-sûr, il voulait faire tout son possible contre ce démon et son père qui souhaitaient mettre en péril la vie de Potter – c'était évident – mais il savait que ce qu'il ressentait était important, contrairement à ce qu'il affirmait. Il se rendait bien compte de la place que prenaient ces sentiments en lui, et cette place était loin d'être négligeable. Mais, justement, à présent qu'il savait ce qu'il ressentait pour Potter, il se devait d'autant plus de tout faire pour l'aider. Il devait tout donner, et pour cela mettre un peu ses émotions de côté. Il se demandait si, vraiment, il fallait faire un choix entre les deux, mais pour une fois il avait envie de ne pas être égoïste. Penser aux autres avant lui-même, un peu d'altruisme pour changer. Et puis, de toute manière, si Potter succombait d'une attaque démoniaque, ce ne serait pas très pratique pour faire « avancer le schmilblick ».

- Il est prévu qu'on se retrouve tous dans la salle multi-maisons, ce soir, annonça-t-il (Hermione lui avait glissé un mot lors du dernier repas dans la Grande Salle). Tu viens ?

El acquiesça, tandis qu'elle tripotait son tee-shirt avec les doigts.

- Ouaip. Ils ont eu des nouvelles de la vieille chouette ?

Un jourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant