Chapitre quarante

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La lumière n'avait pas changé tant que ça avec le lever du jour, mais c'était tout de même suffisant pour que Draco remarquât que la pénombre était un chouïa moins dense. Après tout, il n'avait rien d'autre à faire que payer attention à ce genre de détails. Il avait attendu que Harry réponde quelque chose, n'importe quoi, ou exprime une réaction d'une manière ou d'une autre, mais son attente avait été vaine. Cela faisait des heures qu'il avait fini son beau discours tout plein d'émotions et de tremblements dans la voix, quelques heures qu'il avait tout donné en espérant faire comprendre à Potter ce qu'il ressentait, et tout cela pour – apparemment – rien.

Et il était à présent trop éreinté pour recommencer. Trop éreinté pour quoi que ce soit, en réalité. Il était éveillé depuis trop longtemps.

Peut-être que Potter s'était assoupi, ou peut-être qu'il était simplement en pleine méditation ; impossible à dire. Le brun était en position fœtale, les bras entourant ses genoux comme une armure de protection, et la tête qui balançait d'un côté ou de l'autre – il s'était détourné, pour ne plus être directement face à Draco, et de ce fait le blond ne pouvait pas distinguer son visage, ni ses yeux.

Draco ne savait pas ce que cela voulait dire. Était-ce la fin ?

Était-ce la fin ?

Etaient-ce leurs derniers moments de vie, là, tous les deux ? Allaient-ils mourir, ici et maintenant, si stupidement ? Alors que tout semblait n'être qu'un commencement ? Je me suis à peine senti vivant, tout ça pour mourir sans toucher ses lèvres de nouveau, tout ça sans jamais savoir ce qui fait chavirer son cœur.

L'once de courage qui l'habitait lui donnait envie de se lever et d'aller lui faire face, pour le forcer à lui répondre. Mais, le reste de son corps et de son esprit était si fatigué, si fatigué. Il fallait une force trop incommensurable pour affronter le regard de Potter.

Oui, le soleil débutait sa course quotidienne dans le ciel. C'était l'aube, et le ciel se colorait probablement d'un rose ténu, mêlé à un bleu délavé. Draco imaginait – il avait déjà vu l'aube tant de fois, et finalement c'était comme un déchirement d'être enfermé lorsque ça arrivait, et de ne pouvoir l'admirer. Mourir sans même revoir l'aube, quelle tristesse.

Il était à ce stade dans ses pensées, à un stade où il cédait progressivement au désespoir. Il redescendait les marches d'un escalier qu'il avait déjà arpenté, un escalier qui s'enfonçait profondément et dont il était difficile de revenir. Au moins, cette fois-ci, il était libéré du poids des mots. Il les avait tous lâchés, avait tout laissé sortir. Il était au bord du vide.

- Draco, je –

Potter avait à peine commencé à murmurer ces paroles que la porte des cachots vola en éclats – littéralement, réduite en confettis. Une jeune fille aux longs cheveux blonds et aux prunelles d'un ciel d'avant-jour s'avança à pas légers sur le sol dallé de pierres.

- Salut Harry, salut Draco ! claironna-t-elle comme si c'était un matin ordinaire où ils se croisaient en allant prendre leur petit-déjeuner. Ce n'est vraiment pas très joli comme endroit... Oh ! mais vous n'avez pas dormi ? Vous avez l'air exténué...

- Bon les gars ! cria une voix douce et familière. Faut se sortir les doigts du cul et se casser de là illico presto !

Une tornade rousse venait de débouler derrière Luna Lovegood, les cheveux encore plus en pétard qu'habituellement. Draco avait sauté sur ses pieds dès leur arrivée, Potter l'avait suivi une seconde plus tard, tous deux incrédules. Le Serpentard était en train de se convaincre qu'il allait mourir comme un rat dans une cave depuis de longues heures, et en un quart de seconde, les deux filles qu'il appréciait le plus débarquaient dans leur prison. Mais l'air d'urgence qu'arborait El, et qui n'était pas du tout son genre d'expression, coupa court à sa réflexion. Il aurait tout le temps plus tard pour comprendre le pourquoi et le comment.

Un jourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant