Chapitre seize

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- Alors, commença El, si j'ai bien compris... Tu comptes mettre au point un plan machiavélique dans le but de sentir l'odeur de Potty, puis de comparer cette odeur à celle de l'Amortentia... ?

Draco hocha la tête lentement, conscient que dit comme ça, ça semblait très bizarre. Dans le but de sentir l'odeur de Potty...

- Humm... Tu sais qu'il faudrait que tu prépares de nouveau un chaudron d'Amortentia, remarqua-t-elle.

- J'y ai pensé, oui, assura-t-il.

- Et, après tout ça, tu accepteras tes sentiments ? Vraiment ?

Etrangement, elle avait l'air sceptique. Très sceptique. Non, à vrai dire, elle ne le croyait pas le moins du monde. Le blond soupira. Il devait avouer que lui-même avait toujours du mal à y croire. Il avait beau y avoir réfléchi vingt-quatre heures sur vingt-quatre pendant une semaine entière, et avoir tenté de tout son être de se persuader que c'était la bonne solution – autant qu'il tentait de se persuader que c'était absolument im-po-ssible qu'il ait pu développer des sentiments pour Potter. C'était trop compliqué. Il soupira de nouveau. Son crâne le faisait souffrir, sa nuque encore plus. Sa nuit de sommeil avachi sur le fauteuil de la salle commune n'avait pas été aussi reposant qu'il aurait fallu, et il s'était réveillé plein de courbatures causées par sa mauvaise position.

Disons que Draco faisait de son mieux pour essayer d'y voir clair, mais ce n'était pas chose facile. C'est ce qu'il expliqua à son amie en quelques mots.

Qui avait toujours l'air sceptique.

- Beau gosse, j'accepterais volontiers – même très volontiers – de t'aider, si seulement j'étais sûre et certaine que tous ces efforts pour te faire réaliser tes vrais sentiments ne serviraient à rien, parce que tu as décidé de te mentir à toi-même et de nier en bloc tout ce que tu ressens. Je veux juste savoir à 100% que tu seras prêt, s'il s'avère que les deux odeurs sont les mêmes ; et donc que tu as une « preuve », comme tu le souhaites, de tes sentiments pour lui.

Elle le regardait avec de grands yeux plein de sollicitude. C'était la rousse qui l'avait secoué pour le réveiller, lorsque le soleil s'était levé. Depuis, ils étaient seuls dans la Salle Commune de Serpentard, et il lui avait raconté en détails tout ce qu'il voulait lui dire durant la nuit. Jusqu'à l'idée farfelue de ce « plan ». Si on pouvait appeler ça un plan, bien-entendu. El l'avait écouté avec attention, sans mot dire, jusqu'à ce qu'il ait fini. Apparemment, elle n'avait maintenant plus aucun doute sur ce que Draco éprouvait – ce qui le décontenançait légèrement, car lui en était plein, de doutes.

- J'ai envie que tu vois la vérité par toi-même, reprit-elle. Un jour, tu y seras confronté, et ce sera brutal. Un jour, tout éclatera à ta gueule, si tu n'essaies pas de comprendre avant. Si tu décides de refouler tout ce que tu ressens en toi, ça ne fera qu'aggraver les choses. Mieux vaut être préparé... Je te le dis parce que je le sais, Draco. (Une minuscule larme dévala lentement sa joue.) J'ai... j'ai refoulé, moi aussi. Des années, et des années durant. J'ai enfoui tout ça, au plus profond de mon cœur. Et tu sais à quoi ça m'a servi ? A rien. J'avais juste... mal. Je me sentais seule... Alors qu'aujourd'hui je sais que j'aurais pu me confier à Alya. Mais j'ai préféré me taire et faire comme si de rien n'était toute ma vie, j'imagine que c'était plus facile que d'accepter que j'étais différente, parce que tout autour de moi me disait qu'être différente était mal, était terrible, que j'allais en souffrir. Je ne me l'avouais même pas à moi-même.... Tu vois... je me regardais dans le miroir, et je disais à haute voix « Je m'appelle Eléanor et j'aime les garçons », pendant des heures d'affilée. Comme si ça allait soudainement changer ce que je ressentais. Mais... le problème, c'est que ton cœur il ne marche pas comme ça. Ton cœur, il ne suit aucune règle. Tu ne peux pas lui dicter ce qu'il doit faire, qui il doit aimer. Ton cœur, il s'en fout de ce que tu penses, il s'en fout de le raison, des guerres, de Voldemort, de Ginny (Il frissonna légèrement en entendant son prénom.), il s'en fout de Serpentard, Gryffondor, il s'en fout de fille ou garçon. Il s'en fout, tu comprends ? Ton cœur il aime, il ressent, et c'est tout. Tu as oublié ton cœur trop longtemps Draco...

Un jourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant