Chapitre quatre

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Il avait essayé à tous prix d'éviter Potter durant ces dernières semaines. Le cours de potions sur l'Amortentia l'avait retourné. Cette odeur lui restait en mémoire, et il ne cessait d'y penser, le jour, la nuit. Ça l'obsédait. Il voulait, il voulait tellement, tellement la sentir de nouveau. Il en avait besoin. Draco en avait même oublié la mission de son père. Enfin pas totalement, mais que pouvait-il bien faire ? Potter le haïssait et il ne pourrait jamais rien changer à ça, n'est-ce pas ? Bizarrement, cette pensée lui faisait mal. Potter le haïssait. Potter, Potter, Potter, Potter, Potter, Potter, Potter. Pourquoi est-ce qu'il ressentait des picottis dans le ventre en prononçant son nom ? Ça n'avait pas de sens. Rien n'avait de sens. Il avait peur. Et si... non, impossible. Ce ne pouvait pas être ça. N'est-ce pas ? C'était tout à fait ridicule. Lui, Draco Malfoy, ne pouvait pas... Bien-sûr que non. Bien-sûr que non, répéta-t-il à haute voix pour s'en persuader lui-même.

Il était installé confortablement dans un fauteuil en velours vert foncé, un livre à la main telle Granger, lorsque quelqu'un lui donna une petite tape sur l'épaule. Il leva lentement les yeux de son bouquin en s'apprêtant à crier sur la personne qui osait le déranger et il tomba sur le visage de la fille la plus magnifique qu'il eût jamais vue.

- Draco Malfoy ? demanda-t-elle d'une voix chaude et douce.

Il se racla la gorge avant de répondre.

- Euh, oui, c'est moi.

- Je m'appelle Alya, Alya Wellington, septième année. Mes amis et moi, on se demandait si tu ne voulais pas venir avec nous, plutôt que de rester seul ?

Ses grands yeux turquoise le suppliaient tant qu'il faillit accepter. Elle avait de superbes cheveux noirs brillants qui tombaient en boucles jusque ses hanches. Une bouche rose foncé. Des pommettes hautes. Des cils extrêmement longs. Draco respira un grand coup. Cette fille était une vraie bombe.

- Je préfère rester seul, merci.

Alya parut déçue mais lui accorda tout de même un grand sourire avant de retourner s'asseoir avec ses amis. Draco eut du mal à respirer pendant encore quelques secondes. Comment avait-il fait pour ne pas remarquer une fille comme elle ? Il ne comprenait pas pourquoi elle était venue le voir lui, alors qu'il y avait plusieurs personnes seules dans la pièce. Ses cheveux parfaits, sans doute. Etait-ce plus qu'une simple invitation à rejoindre sa table ? Et si oui, était-ce un problème ? Non, il ne pensait pas. Il pouvait faire ce qu'il voulait – dans les limites que son père fixait, bien entendu. Et ce n'était ni cette odeur qui s'était incrustée dans son corps, ni Potter toujours dans ses pensées qui allaient lui interdire.

Il manquait encore une dizaine de centimètres à son devoir de DFCM. Il aurait bien aimé avoir une Granger sous la main pour le finir, mais manque de pot, elle était amie avec Potter. Et, par ailleurs, il était presque certain que Potter était meilleur qu'elle dans cette matière. Draco lâcha un soupir d'exaspération, et croisa le regard rébarbatif de Mrs. Pince. Il n'était pourtant pas celui qui faisait le plus de bruit ; un groupe de troisième année ricanait depuis au moins une demi-heure à une table. Il passa la bibliothèque du regard, espérant tomber sur quelqu'un qui puisse le dépanner. Puis le corps divin d'une jeune fille apparut dans son champ de vison. Alya Wellington approchait de lui, avec une démarche qui aurait fait tomber n'importe qui à la renverse. Elle ne le quittait pas des yeux. Il ne voyait plus que ses jambes d'une longueur infinie juste en face de lui.

- Bonjour Draco, souffla Alya. Besoin d'aide ?

Il lui fit un sourire, un sourire comme il faisait auparavant pour s'attirer les bonnes grâces des filles.

- Volontiers.

C'est ainsi qu'il passa le reste de la journée en sa compagnie. En sa compagnie très, très agréable. Il n'arrivait pas du tout à se concentrer sur son devoir, mais il ne pensait plus à ses tourments, et ça, c'était un progrès. Wellington l'invita à venir s'asseoir avec elle et ses amis à dîner, et cette fois-ci, il accepta. En entrant dans la Grande Salle, accompagné de la jeune fille, il jeta un coup d'œil furtif à la table des Gryffondors. Potter avait la tête tournée vers lui, et ses yeux lançaient des éclairs. Pour quelle raison ? Draco décida de s'en moquer – d'essayer de s'en moquer, tout du moins. Il allait faire de son mieux pour profiter de la vie, et tant pis pour les conséquences. Cette phrase qui venait de lui traverser l'esprit aurait très bien pu être prononcée par l'ancien Draco, qui ne se souciait de rien d'autre que de sa personne. Et cela le dérangeait. Pourquoi changeait-il d'état d'esprit si soudainement ? Il n'en savait rien. Cette idée le troubla un instant, puis il la chassa sans ménagement de son esprit. Il était simplement avec une jolie – magnifique – fille, et il en avait le droit. Rien ne le lui interdisait. Non ? Il ne se sentait pas lui-même.

La Serpentarde l'attira vers un bout de la table où ses amis étaient assis. Trois garçons s'y trouvaient, et rigolaient comme si la meilleure blague de l'année venait d'être racontée.

- Les gars, je vous ramène Draco.

Ils se tournèrent vers eux, et levèrent leurs verres à l'unisson. Alya présenta brièvement ses amis :

- Celui qui devient tout rouge quand il rit, c'est Oliver, dit Oli. A sa droite, tu as Charles, qui s'étrangle avec son jus de citrouille. Et en face, c'est Alex, avec le rire de cochon d'Inde.

- Enchanté, dit Draco.

Ils s'entendirent bien dès le début. Il les trouvait un peu trop bruyants à son goût, mais sympathiques. Enfin, ce qui était très sympathique, c'était la façon dont Alya le matait, non, que dis-je, le dévorait des yeux. Et il le lui rendait bien.

A un moment donné du repas, une jeune fille rousse déboula à côté d'eux.

- J'vois qu'elle a finalement réussi à rapatrier sa proie ici ! Salut, moi c'est El, contente de faire ta connaissance.

La nouvelle venue lui fit un bref sourire, puis prit une cuisse de poulet et mordit à pleines dents dedans. On aurait dit Weasley. Il fut pris d'un fou rire, mais fit de son mieux pour le cacher. El ne s'arrêtait jamais de parler – ni de manger. Elle était maigre comme un clou, et engloutissait autant de nourriture qu'un demi-géant. Draco commençait déjà à éprouver une forte sympathie pour elle.

- Bon, les gars, commença Oliver, vous êtes au courant pour le bal d'hiver ?

- Quel bal ?

- Vous n'en avez pas entendu parler ? s'étonna-t-il.

- Quelques rumeurs seulement, fit Charles.

Oli bomba le torse, fier de savoir quelque chose que les autres ignoraient.

- McGo devrait faire une annonce bientôt, mais Slug me l'a dit. Il m'adore tellement, grâce à la famille de ma mère... enfin bref.

- Qu'est-ce qu'elle a fait la famille de ta mère ? coupa Draco.

- La créatrice de l'Amortentia – tu sais le philtre d'amour là – était mon arrière-arrière-arrière-grand-mère.

Le huitième année ferma les yeux une seconde, juste le temps de se ressaisir. Ça le poursuivait, ou c'était juste une impression ? Foutu philtre d'amour. Bordel. Il ne pouvait pas être tranquille un peu, non ? Pourquoi ça devait revenir maintenant ? Il n'avait pas – presque pas – pensé à cette odeur de la journée. Parce qu'avec cette odeur, revenait l'image de Potter en cours de potions, le regardant avec cet air indescriptible, puis la lettre de sa mère, puis le corps de Potter au-dessus du sien tandis qu'il le frappait, puis les ordres de son père, puis les mois de torture, puis la bataille de Poudlard, puis toute sa vie, et c'était trop, c'était trop, c'était tellement trop, tellement plus qu'il ne pouvait en supporter. Alors, il rouvrit les paupières, et fit comme si de rien n'était. Comme toujours. Il n'y avait rien. Jamais rien.

La discussion reprit son cours normalement autour du probable bal d'hiver. Draco n'écoutait plus. Son attention était braquée sur un brun à lunettes de l'autre côté de la salle. Il était en pleine discussion avec Weasmoche, Granger, et Longdubat. Il trouvait incroyable qu'il soit toujours là, toujours debout – enfin assis dans ce cas-là, mais passons – après tout ce qu'il avait vécu, ce qu'il avait vécu, enduré. Ce qu'il lui avait fait subir. Si Potter avait été brisé, c'était de sa faute. Il lui avait fait du mal durant toute leur scolarité. Il avait... il avait fait quelque chose d'horrible. Il avait fait beaucoup de choses horribles, mais il avait l'impression que celle-ci était la pire. Peut-être parce que c'était la pire pour Potter. Pour Harry.

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bon, premièrement, je m'excuse pour cette trèèès longue pause. je n'écrivais plus, n'avais plus forcément d'inspiration, etc. je ne comptais pas vraiment reprendre cette ff, mais cette nuit, j'ai relu mes premiers chapitres, et sur mon ordi, je me suis rendue compte que j'avais écrit un quatrième chapitre! donc ce chapitre a été écrit il y a plusieurs mois, et je suis désolée de ne le poster que maintenant. j'espère qu'il vous aura plus quand même.

donc, grande nouvelle, j'essaie de reprendre cette ff. n'espérez pas trop, j'ai du mal à tenir mes projets, mais quelques prochains chapitres sont déjà en cours d'écriture, alors pourquoi pas! :3

Un jourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant