Chapitre 44 : Là où seule la lumière peut percer

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Mon sang vibrait dans mes veines.

Ses pupilles ardentes brulaient les tréfonds de mon coeur malgré le froid de la tempête. Je ne pouvais décrocher mon regard de ses yeux brulants tant l'intensité du message me clouait sur place. Mes paupières commençaient à papillonner, mes mains à s'engourdir. C'étaient les premiers signes d'hypothermie, il fallait mettre un terme à cet hiver. Le vent se calma petit à vêtit tandis que mes mains gelées glissaient le long de ma garde. Nous venions de leur donner le maximum de temps que nous pouvions gagner. Kaz me rattrapa quand je me sentis basculer sur le coté. Nos deux corps frissonnaient, cherchaient avidement le peu de chaleur que notre proximité pouvaient garder. Autour de nous le vent soufflait de moins en moins fort, laissant apercevoir les premiers rayons du jour qui illuminait le blanc de la neige.

"- La tempête va bientôt se taire, soufflai je, qu'est ce qu'on fait maintenant ?

- Il faut qu'on bouge d'ici, marmonna-t-il, un fois la glace fondue je ne sais pas ce qu'il pourrait faire.

- Je ne suis pas sur d'être capable de bouger... je me sens si fatiguée...

- Raven reste éveillée, me dit l'élémentaire ne me secouant les épaules, ne ferme pas les yeux bon sang."

Je sentis une douce chaleur me réchauffée le corps. Kaz essayait de nous garder éveillés tous les deux avec ses flammes. J'essayai de faire de même mais mes mains restèrent désespérément froides. C'était si dur d'invoquer ses flamme... et mes paupières voulaient tellement se fermer. Un tremblement me sortit de ma transe. Une deuxième secousse nous fit bouger tous les deux depuis notre hauteur. Le dragon était en train de se dégeler et il n'avait pas forcement l'air de vouloir discuter. Dans ses yeux, la lueur d'innocence que j'avais cru apercevoir avait maintenant complètement disparue laissant place aux ténèbres les plus profonds.

"- Si on avait une chance de négocier je crois qu'elle a maintenant disparue, soufflai je en essayant de me relever.

- Il faut qu'on décampe en vitesse, répondit Kaz en me soutenant, on dirait qu'il a définitivement perdu la tête.

- Il faut qu'on aille voir si Fabien a pu s'en sortir, l'interrompis je, j'espère que la crypte l'aura protéger un minimum du froid."

Des fissures lézardèrent la tour. Des bouts de pierre dégringolèrent le long de l'édifice et je tirai mon compagnon par la manche pour éviter que le sol ne se dérobe sous ses pieds. Sur la place centrale, le dragon venait de briser son enveloppe de glace, transformant l'épais tapis de neige en nuage de vapeur. Des frémissements de plus en plus rapprochés parcouraient l'édifice. Notre position précaire n'allait pas tarde à s'effondrer et nos membres engourdis nous empêchaient de nous mouvoir correctement.

M'attrapant par la manche, Kaz nous entraina sur la partie du toit encore intacte. Derrière nous la tour se brisait en morceaux entrainant dans sa chute une bonne partie de la façade principale. Le réchauffement de l'air faisait fondre le givre, rendant notre traversée périlleuse. A notre droite, le dragon s'était remis en marche, sortant lui aussi de sa torpeur. Ses pas lourds faisaient trembler le sol, brisant la glace en larges blocs. Je lançai un regard désespéré vers la sortie du village. Aucun signe de nos compagnons et la situations devenait vraiment critique. La chaleur commençait à nouveau à affluer dans mes veines. Je sentais à présent le feu descendre le long de mes membres pour venir veiner d'un rouge incandescent le bout de mes mains.

Je stoppai Kaz au milieu du toit. Si nos amis ne venaient pas à nous c'est moi qui allais les prévenir. Je joignis mes mains devant moi de façon à opprimer mes flammes entre mes paumes. Combinez le feu et la foudre et vous obtiendrez le meilleur explosif qui soit. Des crépitement jaillir entre mes doigts alors que je sentais la température de mes mains monter en flèche. Je n'avais aucune idée si ça allait marcher mais de toute façon, vu la situation je n'avais plus grand chose à perdre. Je compressai davantage mes flammes contre mes paumes, les modelant doucement à ma guise. Des étincelles commencèrent à fuser au dessus de mes mains, ils devaient être prêts.

La Colère du Léviathan: Tome 1 : Cas particulierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant