Chapitre 47 : Un pas vers l'impossible

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L'air sous la tente était irrespirable.

J'haletai dans mon coin, ma main pressée contre mon flanc encore humide, la bouche asséchée. Je jetai un coup d'œil sur ma droite. Mes compagnons étaient dans le même état que moi. Les lèvres se tordirent de douleur quand je me redressais sur ma chaise. Le bordeaux du tissu retenait les rayons à l'intérieur et maintenait un nuage permanent enfermé dans une petite boîte de coton. Et les mouvements incessants des gens à l'intérieur n'arrangeait rien. La chaleur était étouffante, le bruit assourdissante et l'odeur infecte. Remontant le col de ma tunique au dessus de mon nez, je fermai les yeux pour essayer d'oublier le sauna qui était en train de se créer sous cette toile. Le grognement de Gabriel soupira a mes oreilles. Si je ne mourrais pas d'une hémorragie cette tente allait me faire passer de l'autre côté.

Des pièces s'entrechoquaient. De la poussière volait à chaque mouvement des statuettes posées sur le plateau. Les généraux les maniaient avec empressement mêlé d'excitation avec un soupçon de peur. Malgré leur expérience, je sentais leur frayeur acide venir me picoter les narines. Un éternuement de ma part me valut une vague de regards noirs. Ils n'avaient qu'à transpirez moins fort. Leurs paroles sonnaient comme une langue inconnue à mes oreilles. Ils déblatéraient tactiques militaires et coup de feu sur un plateau de bois qui représentait un champ de bataille imaginaire. Dont nous étions maintenant les cartes maîtresses. Une présence vint s'appuyer contre mon dos, adosser contre le montant en bois. Tirek était venu nous faire ses adieux.

« - J'imagine qu'est-ce c'est maintenant que nos chemins se séparent, ricana Tirek.

- Ce n'est pas au vieux singe que l'on apprend à faire la grimace, soupirai je.

- Épargne moi tes proverbes terriens que j'ai toujours trouvé hideux et contente toi de rester en vie sale gosse, s'esclaffa le vieux lézard, je ne sais pas ce que vous avez prévu et je ne préfère pas savoir, moins j'en sais moins je pourrais en dire quand on m'interrogera. J'ai passé l'âge pour ce genre de folies.

- Il y a plus encourageant comme adieux d'un prof à ses élèves, rigolai je.

- Mais il n'y a pas plus honnête comme adieux d'un compagnon de voyage à un autre.

- Puis je vous demandez une dernière requête ?

- Un jour peut-être le vouvoiement se transformera en une poignée de main amicale.

- Pourriez vous vous occuper de Liam et de Skyline pendant mon absence, je ne pense pas que laisser un dragon en pleine nature soit les choix le plus probant que nous aillons.

- Tu ne peux pas emmener ta biquette multicolore avec toi ?

- Ce n'est pas une biquette ! m'exclamai je, pas sans me faire repérer.

- J'en prendrais bien soin ne t'en fais pas, ricana-t-il, j'imagine que vous avez tout prévu et que vous attendez juste le bon moment.

- Au signal de Gabriel on disparaît.

- Alors je vous souhaite à tous de rester en vie jusqu'à ce que nos chemins se croisent de nouveau, soupira le dragon, et à ce moment là nous nous battrons côte à côte ensemble.

- Je l'espère aussi.

- Une dernière chose la catastrophe, si tu considères que Liam est un dragon tu n'es pas prête pour la suite, ronchonna Tirek. La il avait à peine la taille d'un dragon adolescent - sûrement a cause du sort - mais à pleine maturité il atteindra au moins la taille de la cathédrale. Et puis un dragon grandi toute sa vie alors il risque même de la dépasser. Mais pour des gnomes fumés du cerveau vous vous en êtes bien sortis, même si le travail d'équipe ça n'a jamais vraiment été ton fort. À bientôt les catastrophes ambulantes. »

La Colère du Léviathan: Tome 1 : Cas particulierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant