Le soleil rayonnait haut dans le ciel quand les professeurs annoncèrent la pause du midi.
Après les événements un peu chaotiques, les spectateurs se pressèrent d'aller se remplir la panse devant la multitude de mets vendus par l'académie. En dehors de l'arène, de nombreux stands aux couleurs vives avaient été montés, tenus pas des marchands voir même par des groupes d'étudiants. Il y avait de tout, du gibier rôtissait doucement à la broche à côté de plusieurs paniers de légumes en tout genre. Des pâtisseries s'empilaient adroitement pendant que des brioches doraient doucement au four dégageant une appétissante odeur sucrée. Devant un étalage je vis Sophia, Fabien, Tara et Gabriel me faisant signe de venir.
Je fis un pas en avant pour rejoindre mes compagnons avant de me faire brusquement percuter. L'homme s'excusa vaguement sans m'adresser un regard avant de continuer sa route. C'est à ce moment là que je me rendis compte du monde présent. Les alentours de l'arène ressemblaient presque aux quartiers bondés d'une ville.
Des couleurs chatoyantes se mêlaient aux tons plus fades, arborant décorations affriolantes, châles éclatants, couvres-chef allant du simple chapeau de paille jusqu'à la tiare raffinée, perruques hautes ou vrais cheveux lissés, bouclés, frisés, ondulés, lourds de perles ou juste attachés. Les visages étaient joyeux, fermés, pressés, couverts de poudre, de fards, de postiches ou encore masqués de poussière claquant de leurs souliers vernis ou usés, le sol pavé, accompagnés des cris, des rires et du trot des chevaux qui renâclaient. Les parfums raffinés des crèmes de beauté, des huiles orientales et des fleurs exotiques exhibées tels de précieux bijoux, mélangeaient leurs fragrances à celles, plus rustres, de la paille, du cuir des bêtes, des étales commerciales.
Je reculai de quelques pas devant la foule devant moi. Tout était bruyant, transpirant, criard, se mouvant tel un troupeau de bétail désordonné. Gabriel me fit signe au loin, le sourire au lèvres, m'incitant à venir. Comment lui dire que je ne savais comment traverser ce qui ressemblait pour moi à une marée humaine. Comment lui expliquer que la fière combattante ne supportait pas l'entassement vivant. Je n'avais jamais été très à l'aise avec la foule et ma différence actuelle n'avait pas amélioré le cas. Toute cette agitation m'oppressait, me comprimait, je me sentais traquée tel un animal en fuite, j'avais besoin d'air. Sophia remarqua mon trouble, fit un pas en avant pour venir me chercher avant de se stopper en me souriant.
Avant que je ne comprenne son geste, une main saisie la mienne. Elle était douce et chaude bien qu'à moitié recouverte de bandages. Je la serrai par réflexe, reculant jusqu'à heurter son corps dégageant une douce odeur légèrement mentholée.
« - Et si on allait les rejoindre ? me murmura Kaz »
Je n'eus pas le temps de réagir que je me sentis entraînée dans la foule. Je m'accrochais instinctivement à son bras, la suivant à la trace entre les allées et venues des passants. Celui-ci riait de bon cœur alors que moi je n'en menait pas large. Des gens nous bousculaient, nous criaient de faire attention. Kaz s'arrêta d'un coup et je lui rentrais dedans pendant que deux chevaux traversaient devant nous. Un enfant couru entre nos jambes avant d'être rattrapé par sa mère. Je me sentais bousculée, poussée, entraînée. Mes doigts entrelacés aux siens, je traversai cette masse vivante avant de finalement ressortir de l'autre côté.
Lâchant prestement sa main, je respirai un bond coup pour reprendre mes esprits. La chaleur de ses doigts restait ancrée aux miens y laissant une sensation désagréable de vide. Rejoignant les autres, je pris sur moi pour rester à peu près naturelle même si je ne pouvais m'empêcher de jeter de brefs regards aux alentours. Nous flânâmes un peu entre les étalages avant de trouver un petit stand poussiéreux qui proposait d'appétissantes brioches fourrées à la viande. À notre vue, la vieille dame derrière l'étale nous reconnue en temps que participants et voulue absolument nous les offrir car d'après elle, on s'était bien débrouillés. Après moult et moult insistances de notre part pour payer comme il se le devait notre repas, cette dernière finit par lâcher l'affaire.
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La Colère du Léviathan: Tome 1 : Cas particulier
FantasyLe 15 octobre 2019, Amiens, Raven Storm jeune lycéenne éternelle retardataire au caractère bien trempé se retrouve confrontée à un ennemi mythique, le léviathan. Elle devra faire preuve de courage et d'ingéniosité pour sauver sa meilleure amie et at...