Chapitre 48 : La Terre est ronde

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Le ciel était bleu.

Mes yeux furent éblouis pas la clarté du jour. Pas un seul nuage ne venait troubler la lumière du Soleil. J'étais en apesanteur. L'air siffla à mes oreilles tandis que les lois de la gravité reprirent le dessus. Mon dos heurta brutalement un rebord avant que je ne me sente dégringoler le long d'une surface brûlante. Mes jambes s'étaient brisées pendant le voyage et la plupart de mes os s'étaient disloqués. Je glissai agitant à l'aveuglette mon bras gauche à la recherche d'une prise. Mon corps répondait à peine. La chaleur raviva les tissus de mon moignon ensanglanté et je retins un grognement de douleur quand le sang se remit à couler à flot. Ma main valide essaya désespérément de s'accrocher à quelque chose, tâtonnant le long de ma chute. L'adrénaline commença à affluer dans mon bras. Mes doigts s'éraflèrent contre une surface rugueuse et je m'empressais de saisir cette chance inespérée. Me hissant avec le peu de force qui me restait, je m'allongeai sur le dos en appuie contre ce qui ressemblait à une cheminée.

La douleur était terrible. Le souffle me manquait et je peinais à faire parvenir de l'air à mes poumons. J'avais comme la sensation de ressortir d'une longue apnée. D'être rester tellement longtemps sous l'eau que j'en avais oublié comment respirer. Le sang continuait à pulser dans mon bras, le sang s'écoulant de ma blessure qui peinait à se refermer. J'essayai comme je pouvais de contenir l'hémorragie. Je mordis mes lèvres de douleur quand les tissus commencèrent à se refermer. Un goût métallique m'emplît la bouche et les larmes perlèrent le long de mes yeux mais je gardai obstinément la bouche fermée. Il ne fallait pas que je me fasse repérer.

Je sentais du sang s'écouler dès mon nez et de mes oreilles pendant que je concentrais chaque particule de magie de mon corps pour rester en vie. Un à un mes os se remirent en place, m'arrachant des gémissements agonisants à chaque mouvement. Cette fois ma lèvre inférieure était complètement ouverte sous la pression de mes dents. Je toussai difficilement. Le sang glissait le long de ma gorge m'empêchant de respirer correctement. Je tentai de relever la tête. Une douleur aiguë vrilla ma colonne me forçant à reposer ma tête contre le sol brûlant. J'aspirai la bouche grande ouverte, les yeux fermés sous les rayons ardents du soleil. Il me fallait du temps.

Quand je rouvris les yeux l'astre était à son zénith. Mon ventre gargouilla à cette simple conclusion, il fallait que je trouve un moyen de me sustenter maintenant. Avec précaution, je me redressais doucement sur les coudes puis me mis assise. Je balayai paresseusement du regard le paysage familier qui m'entourait. Le toit en zinc ou je me trouvais, devenus vert-de-gris par le temps me rappela les sorties avec Sophia. Les immeubles s'alignaient à perte de vus sous mes yeux comme dans mes souvenirs. Vu l'angle j'avais du atterrir près de Montmartre. Au loin, la Dame de fer saluait mon retour de sa grandeur habituelle.

Je descendis avec précaution les escaliers de secours. Chaque pas était délicat au risque de disloquer de nouveau un de mes genoux. Je serrais ma cape de voyage autour de moi. Si quelqu'un me voyait dans cette tenue avec un bras en moi et du sang partout je risquais de rameuter toute la capitale. En bas des escaliers, j'atterris dans une petite ruelle qui heureusement pour moi était déserte. Je m'assis derrière une benne à ordure pour reprendre mon souffle. Gabriel m'avait en garde contre cet effet d'asphyxie brutale. Je venais de revenir dans un monde avec une quantité de particules magiques affreusement faible alors qu'à Terranova il y avait plus de magie que d'azote dans l'air. C'était comme les sportifs de haut niveau qui allaient s'entraîner en altitude pour améliorer leur cardio. Sauf que je n'étais pas une sportive de haut niveau. À moins que la poursuite de dragon soit représentée aux prochains Jeux Olympiques.

Retirant ma cape, j'inspectai les dégâts. Mes jambes peinaient à reprendre un angle normal. Je ne comptais plus le nombre d'éraflures et d'entailles qui parcouraient mon corps, transformant mes vêtements en lambeaux. Mon moignon de suintait plus mais les tissus n'avaient plus assez d'énergie pour se régénérer. Je baissai les yeux sur ma main restante. La gemme s'était brisée dans ma paume et je m'acharnais a enlever tous les petits bouts de cristal logés dans ma peau. Au contact je sentis qu'ils émettaient encore une faible source d'énergie. J'approchai un morceau près de mon visage. Après tout ça ne pouvait pas me faire plus de mal que ça.

La Colère du Léviathan: Tome 1 : Cas particulierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant