Chapitre 41 : Chacun sa gauche

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"- A votre avis, demanda Fabien en haussant un sourcil, il faut prendre a gauche ou à droite ?

A peine deux heure de route et - oh surprise - nous étions encore perdu. Certes, pour ma part, je n'était pas une lumière quand il s'agissait de se repérer avec une carte, la preuve était le bout de papier froissé qui gisait au fond de mon sac, mais ce n'était pas le cas de tout le monde. Peu de temps après être entrer dans la forêt, nous avions bifurqué vers le sud pour longer les montagnes à leurs pieds. La seule chose que nous n'avions jamais remarqué c'est que les sud des montagnes est recouvert d'un vaste marécage nauséabond. Assez nauséabond pour faire plisser le nez à toute l'équipe devant la puanteur des arbres en macération dans des vastes mares d'eau stagnantes.

L'unique sentier qui y serpentait était sinueux et visqueux et il n'était pas rare que l,un de nos compagnons quadrupèdes glisse sur les rives boueuses. De grands arbres au tronc noueux se dressaient là où l'eau avait laissé place. Leurs longues branches sombres obstruaient le ciel, formant comme un long tunnel de feuillage, masquant en partie la lumière du jour. Des roseaux, aux fines tiges souples et véloces, recouvraient le sol d'un immense champ de verdure, aussi haut qu'un nain et aussi dense que le pelage d'un loup en hiver. Ces plantes masquaient par endroit certains point d'eau rendant l'avancée lente et laborieuse. Là où l'eau restait encore visible, d'immense nénuphars gisaient sur l'eau, remuant leur mare lors des rares brises qui s'infiltraient au travers des arbres. Quelques croassements et bourdonnements d'ailes se faisaient parfois entendre mais tout signe de vie restait totalement invisible à notre vue.

Devant nous, le chemin de fragmentait en quatre petits sentiers différents s'enfonçant encore plus profondément dans la pénombre des marécages. Derrière moi, Gabriel se dressa sur ses étriers pour essayer de voir quelques choses mais sans succès. Trois des chemins prenaient sur la gauche vers le coeur profond du marais alors que le dernier descendait sur la droite dans une sublime pente boueuse et étroite.

"- Cela dépend de ce que tu considères comme la gauche et la droite, répondis je, j'aime bien l'idée de faire demi-tour sinon.

- La carte indique de continuer tout droit mais je nous vois mal traverser toute cette étendue d'eau à l'aveugle, ajouta Kaz en sortant sa carte, et à pieds surtout.

- Moi ça fait bien longtemps que j'ai arrêté de me fier à ces satanés bouts de papiers, grommela Gabriel, à partir du moment où on est entré là dedans, ton bout de papyrus ne nous était plus d'aucune utilité.

- Gabriel n'a pas vraiment tort, approuva Sophia, les marécages sont vivants à leurs façon, le niveau de l'eau monte et descend au gré du climat et l'érosion des sols est rapide dans ces terrain là. Il suffit d'un rien pour qu'un sentier disparaisse puis réapparaisse quelques temps plus tard.

- Ca ne nous indique toujours pas dans quelle direction il faut aller, dit Tara.

- On ne pourrait pas traverser en gelant l'eau qu'il y a ici ? proposa le nécromancien.

- Geler de l'eau peut-être si nous étions à pied et qu'elle était claire, le contredit Kaz, ici c'est un mélange d'eau, de boue et de diverses plantes aquatiques, la glace ne serait pas uniforme et risquerait de fragmentée. De plus avec nos créatures, je ne pense pas qu'elle supportera leur poids.

- Et bien sur cette voûte de feuille nous empêche de voler, marmonna Tara.

- Si vous voulez je peux tout cramer mais je ne suis pas sur que ça nous avance beaucoup, proposai je.

- C'est pas con ça, valida le rouquin, comme ça on n'aura un barbecue géant et aucune difficulté à rentrer.

- Que les deux pyromanes se taisent pendant qu'on essaye de trouver une solution qui nous gardent en vie ainsi que cette forêt qui n'a absolument rien demandé, nous coupa Fabien dans notre élan.

La Colère du Léviathan: Tome 1 : Cas particulierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant