Chapitre 31 : De fils en conneries

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Je courus mon meilleur 400 mètres avant de barricader ma porte.

Dans un glissement de tapis, Tara et Sophia arrivèrent à ma suite et tambourinèrent devant ma chambre. Malgré le bureau et l'armoire qui bloquaient l'entrée, ça ne tiendrait pas longtemps face à la féroce détermination de mes amies. Déjà les meubles commençaient à bouger laissant les gongs tourner sur quelques centimètres. Emmaillotée et protégée dans mon édredon en fourrure, je sentais déjà l'horrible odeur du fer à lisser qui passait sous la porte.

« - Aller Raven ouvre-nous, me demanda Tara en frappant contre ma porte, il faut que tu te prépares pour ce soir.

- Il est hors de question que tu utilises tes objets de torture sur mon corps déjà assez abîmé, grognait-je, caché sous mon lit.

- Arrête de faire l'enfant et sors de là, tonna Sophia me faisant frissonner, dépêche toi ou je demande à Gabriel d'ouvrir cette porte.

- Alors je disparaîtrai jusqu'à ce soir et vous ne pourrez rien y faire. »

Sur ce je sortis de sous mon lit pendant que les gongs tournaient de plus belle. En glapissant de peur, j'ouvris rapidement la fenêtre pendant que les filles essayaient de se frayer un chemin dans le bordel titanesque qu'était ma chambre. Avant qu'elles ne m'attrapent, je sautai d'un bond sur le rebord en leur faisant mon plus beau sourire  ironique.

« - À ce soir Mesdames, lâchai je en les saluant d'un salut militaire à l'arrache. »

Je sautai et me laissai planer sur les courants ascendants de ce début d'après-midi. Pas besoin de me transformer aujourd'hui, il me suffisait de surfer sur des courants aériens. Après tout, la discrétion n'était pas ma priorité, il fallait surtout que je mette le plus de distance possible entre ma tête et la main de ma meilleure amie. Mais comme le dit le proverbe : « La peur donne des ailes ».

Après avoir saluer quelques séraphins qui planaient dans le ciel, je pris doucement la direction des montagnes non sans vérifier mes arrières. Il serait dommage que je sois repérée ou suivie. En dessous de moi les premiers bourgeons printaniers avaient commencé à fleurir, libérant de vives effluves parfumées qui venaient se mêler à celles plus douces du lac. Le paysage que j'avais survolé la nuit dernière ne semblait en rien à celui que je contemplais aujourd'hui.

Les branches dégarnies se recouvraient tranquillement de frêles feuilles vermeilles gouttant de rosée. Le silence mortel avait laissé place à des piaillements énergiques et des bruissements de plumes. Les rayons du soleil chauffaient paresseusement les eaux limpides du lacs d'où jaillissaient quelques nymphes aquatiques. Le stade était en pleine démolition, encadré par des mages expérimentés pour éviter d'autres désastre. Le vent faiblit brusquement et je perdis quelques mètres d'altitude. Mon élément céleste disparu et je fis jaillirent de grandes ailes cendrées et montai à l'abris des nuages. La vue y était dégagé donnant un panorama de de toute l'école. Mes plumes frôlèrent le dôme de protection provocant de désagréables picotements dans les muscles de mon dos. On avait comprit qu'on était en danger, pas besoin de rajouter cette sorte de coupole verdâtre. Je descendis de quelques mètres avant de distinguer les contours des montagnes. Le trajet devait à peine durer plus de 10 minutes mais à chaque fois j'avais l'impression de redécouvrir ce monde.

Mes pieds touchèrent le sol et mes ailes disparurent dans un bruissement de plumes. Comme d'habitude la vallée était déserte dans le ciel comme sur terre. A croire que ce terrain était invisible aux autres. Bon il était difficile d'accès pour les terrestres mais ce n'était pas une raison. Des pierres dégringolèrent la pente abrupte pendant que je me laissai glisser le long de la falaise. La végétation y était aussi rare que les êtres vivants apparemment.

La Colère du Léviathan: Tome 1 : Cas particulierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant