Relations

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La neige craquait sous sa course rythmé. Là où leur ville secrète se situait, il continuait de neiger, même si le début du mois de Marir approchait. Ce n'était qu'à la fin de ce dernier que les premiers rayons de soleil présentaient leurs lueurs. Le froid piquait ses muscles saillants et en sueur, malgré sa résistance étrange au froid hivernal, Le Juste ressentait tout de même la température glaciale du vent.

Les hautes montagnes sur lesquelles il courait lui offrait un point de vue remarquable. Le soleil faisait refléter la neige allongée sur les toits de sa ville en contre-bas. Les nuages épais, pourtant si proche, caressaient les cheminées de leur douce couverture. Les flocons, eux, chutaient de manière rythmée, continuant de transformer ce paysage en un désert blanc et immaculé.

Malgré la beauté de ce tableau, il ne s'arrêta pas pour l'admirer. Inspirant l'air piquant pour se purifier tout en l'expirant dans une buée cachant une partie de sa vue, Le Juste l'avait déjà assez admiré pour ne plus ressentir cet émerveillement autrefois si présent. Il foulait le sol neigeux, sentant les muscles de ses jambes et de ses hanches reprendre le contre-coup du sol à chaque pas, ainsi que l'oxygène remplirent ses poumons d'air glacial, lui piquant les narines.

Toutes ces sensations lui donnaient l'impression d'être un homme nouveau. De ne plus être Le Juste, ni le maître du temps, seulement une toute autre personne, absente de ses responsabilités. En se focalisant dessus, il ne sentait plus la fatigue et voyageait dans ses émotions passées. Des instants qu'il aurait voulu vivre toute sa vie. Si il avait sût que cela s'arrêterait de cette manière, il les aurait chéri comme ses biens les plus précieux.

Pourtant, le destin en avait décidé autrement. Sa vie n'existait plus que pour réaliser qu'une seule chose : faire du Arda de cette réalité un élu capable de vaincre Calen. Faire de lui un portrait du Juste ainsi qu'un guerrier redoutable. Un être impitoyable avec ses ennemis et si puissant qu'il imposerait le respect partout où il passerait.

Le Juste s'arrêta alors de courir. Était-ce la seule chose qu'il pouvait faire et amener dans cette réalité qui n'était pas la sienne ? Pourquoi devait-il agir de sorte à ce que ce Arda lui voue une haine incomparable ? N'y avait-il pas un autre moyen ? Comme s'allier avec lui et combattre Calen à ses côtés ?

Non, même si il faisait ça, il trouverait la mort. Dans cette réalité, il n'était pas un élu de Mayl et ne pourrait jamais le devenir. Ici, il ne pouvait qu'arborer le masque du Juste : un homme à l'influence terrifiante et prêt à tout pour son but. Un but que personne ne comprendrait si il tentait de l'expliquer.

Vivre une vie normale. Ironique maintenant qu'il y repensait. Qui peut vivre normalement avec une malédiction comme celle-ci ? Avec un pouvoir si puissant qu'il pouvait plier les lois de la physique d'un claquement de doigts ? Sa vie n'aurait rien de normal, même si il essayait. Il était destiné à vivre de cette manière : à se battre pour sauver la réalité, à être une personne importante aux yeux des autres.

Il souhaitait simplement être comme ceux qui l'observaient. Rien de plus et rien de moins. Si il pouvait recommencer à zéro, avec sa famille et ses amis, il prendrait cette chance.

- Sir.

Les mains sur les hanches et surprit qu'on l'ait retrouvé dans sa course, Le Juste se retourna. Laura se trouvait là, lui tendant une serviette et une gourde d'eau en affichant un petit sourire. La jeune femme aux longs cheveux châtains semblait aussi détourner discrètement les yeux de du torse nu et musclé du Juste, sans s'empêcher néanmoins de rapide coup d'oeil.

D'un rire du nez moqueur, Arda récupéra la tunique qu'il avait enroulé autour de sa taille pour courir et se rhabilla. Il prit ensuite la serviette pour s'essuyer le visage en la remerciant puis demanda :

Receivers - Tome 2 - Le Cours du TempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant