Un Plan

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Trois jours après le départ des cendres, qui auront fait moins de mort que les années précédentes, près de dix milles victimes au total dans tout le pays, la vie à Aolir reprenait son train quotidien. Les cours à Boccry avaient reprit pour préparer une fois de plus les élèves aux futures épreuves écrites et physiques, ainsi qu'à la future et très probable guerre qui menaçait leur pays.

Aucune activité étrange des Justes ou de l'Église de la lumière n'avait été à déclarer, hormis le fait que les espions de l'armée rapportaient une perte humaine importante pour la religion de Noveod. Sur les 60 000 hommes envoyé aux Bois Sombres, seulement 17 000 étaient revenu vivant dont 3 000 blessé grave ou estropié. Ce qui s'était passé là bas restait un mystère mais, selon Leo, ils avaient certainement dû rentrer en contact avec le Roi de la Nuit ou la secte de Valodia.

Assit en train de siroter un thé fort gouteux, Leo profitait des premiers rayons de soleil du printemps à l'extérieur de la terrasse, dans l'immense jardin de la famille Lifoy. Acacia, en face du héros aux allures de lion mais de petite taille, ne pouvait s'empêcher de le dévisager avec une colère à peine perceptible. Ce dernier avait débarqué chez eux à l'improviste accompagné d'un de ses collègues afin ''d'éclaircir des faits'' d'après leurs dires, ce qui avait fortement agacé la mère des Lifoys qui n'aimait pas la compagnie de l'armée ou de ses chiens de garde... ou encore des demi-humains.

- Vos biscuits sont délicieux. Affirma Leo en croquant dans un de ces derniers. - Ils se marient très bien avec votre thé. Ils sont produits par la boulangerie Malorde n'est-ce pas ?

La boulangerie Malorde est une ancienne famille de paysan s'étant élevé au rang de bourgeois après que nombreuses de leur pâtisseries aient ravis les papilles de la famille royale au huitième cycle, ainsi que de toute la population quand ceux-ci ont commencés à implémenter des boulangeries à travers tout le pays. Les retrouver dans les plateaux de la famille Lifoy prouvait bien que tout Aolir ne pouvait qu'acclamer leur saveur.

- Oui.

Tout en reprenant une bouffée de sa cigarette qu'elle tenait au bout d'une longue tige d'or massif, Acacia demanda avec une pointe d'agressivité :

- Quelle est la raison exacte de votre visite ?

- Votre jardin est resplendissant. Répondit-il en ignorant sa question. - Vous avez engagé un jardinier spécialisé pour faire repousser plus vite vos plantes ? On a dû mal à croire que les cendres sont passées par ici, on se croirait déjà au printemps. Ces fleurs de lys reflètent si bien le soleil.

Impatiente et inquiète, mais ne laissant toujours rien entrevoir sur son visage, Acacia se leva doucement avec une petite révérence :

- Si vous êtes simplement venu parler jardinerie, je vous invite à aller discuter avec un prêtre de la religion de Lilyad. Sur ce, je dois m'absenter, le travail ne manque pas et doit vite être réglé avec l'arrivée de la guerre.

Sans lâcher un grand homme blond des yeux au milieu du jardin, discutant autour d'un livre avec un petit garçon et une fille, Leo porta la tasse de thé à ses lèvres, bu une dernière gorgée puis la reposa lentement alors que Acacia commençait à s'éloigner :

- C'est votre fils là bas ?

En se retournant brièvement, la mère répondit :

- Le cadet oui.

- Ça doit être dur à élever, six filles et quatre garçon... pardon, trois si on enlève celui qui s'est sacrifié pour soigner un de ses camarades après l'attaque du Juste.

À mesure que Leo parlait il sentit Acacia ralentir son pas, visiblement intrigué par les paroles du Shikkenki, elle qui était forcément au courant de la tentative d'assassinat de l'émissaire. En revanche, la mère se savait à l'abri de toute suspicions sur cet événement car elle avait fait taire Elyes en envoyant quelqu'un l'empoisonner. Le héros faisait donc référence à autre chose :

Receivers - Tome 2 - Le Cours du TempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant