Receivers - Tome 2 - Le Cours du Temps

L'émissaire

Lois passait le balais dans la salle principale de l'auberge militaire, aidé par l'automate en métal, Al, de celle qui s'occupait du bâtiment : Joséphine. Une semaine avait passée depuis l'incident avec la Shikkenki araignée mais le receiver blasé avait l'impression que seulement quelques heures s'étaient écoulées.

La petite fille, aux côtés de Joséphine, dont les deux cornes rouges qui s'élevaient au dessus de sa chevelure sombre étaient aussi impressionnantes que les deux armes de poings rangées à ses hanches, l'observait d'un oeil admiratif alors qu'il ne faisait absolument rien de spécial.

Toutes les nuits, une soirée était organisée dans l'auberge, à tel point que Lois se demandait si tout le budget de cette mission n'était pas passé dans l'alcool et la nourriture. Heureusement pour lui et ses heures de sommeil, cette effervescence avait progressivement disparu. Les soldats n'arrivaient plus à tenir le rythme et leur foie devait sans doute être en très mauvais état à cause de l'alcool, comme au réveil.

De son côté, les blessures de Lois avaient guérites grâce à la gentillesse et au don de Gaël. Sa bienveillance arrivait même à surprendre Lois, on avait dû mal à croire qu'il faisait partie de la plus terrifiante des familles nobles : les Lifoys. Pourtant, celui-ci s'inquiétait dès qu'une maladie ou une blessure apparaissaient sur un des soldats ou encore habitants. Lois éprouvait une admiration discrète envers lui et son altruisme.

- Hé Lois. T'as besoin d'aide ? 

Le receiver blasé s'arrêta de balayer et se tourna vers Arda en gardant toujours cet air blasé qu'il avait depuis sa naissance, ou l'apparition de son don plutôt. En parlant du loup, avec lui se tenait le jeune soigneur aux cheveux argent et à l'uniforme bleu nuit. Lois ne lui accorda qu'un bref hochement de tête puis répondit :

- Non, ça ira. C'est ma punition donc je dois la faire seule.

- Ouais bah en attendant tu m'as toujours pas dit ce qui s'était passé quand ils t'ont convoqués. C'était si terrible que ça ?

Dans un soupir devenu habituel chez lui, le receiver blasé se mit à raconter en détail la convocation avec le général, ici Gibson, qui avait suivit sa folle tentative de sauvetage dans les bas-fond de la banlieue :

L'aiguille de l'horloge se déplaçait avec un bruit si puissant qu'il dominait largement le silence de la salle. Une tension aussi insoutenable qu'un plein potentiel avait prit place depuis que Lois avait franchi le pas de la porte, c'est à dire il y a environ une dizaine de minute.

Debout, aussi droit que la justice, le receiver fixait un point derrière l'immense carrure du Marteau du Destin, ne souhaitant pas croiser son regard, et donc sa fureur. 

Juste à côté de Gibson, Morales trépignait d'impatiente. Il toussait parfois ou se raclait la gorge pour couvrir ce silence si gênant pour lui. De même pour son regard, celui-ci se déplaçait dans tout les recoins de la pièce comme si il essayait de les apprendre par coeur. Il se tournait les pouces et se craquait parfois les doigts quand il n'avait plus rien d'autre à regarder.

Le héros était si tendu qu'on aurait pu croire que c'était lui qui était convoqué. À croire qu'il n'aimait pas ce genre de situation ainsi que le silence.

C'était le lendemain de la soirée, arrosée pour les héros mais agitée pour le jeune soldat blasé. Visiblement l'effet de l'alcool d'hier avait dû mal à passer pour Le Marteau du Destin. Les coudes posés sur son bureau pour l'aider à frotter son front, probablement souffrant, celui-ci semblait patienter afin que la douleur s'en aille, et non pas pour mettre la pression au receiver.

Pourtant, malgré sa mine souffrante, Lois ne l'avait jamais vu aussi sérieux. Après les nombreux entraînements qu'il avait passé avec le héros, les nombreuses heures de combat échangé entre les deux, le receiver blasé pouvait dire qu'il était presque outrée par ce qu'il avait fait.