Chapitre 18 : sérénade au clair de lune

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- C'est une blague !?

Disparu, envolé, le livre n'est plus là, j'ai beau le chercher je ne le trouve nulle part. C'est incroyable. Comment c'est possible ?

Bon j'ai pas le temps de le chercher plus, on a un navire à nettoyer.

Je m'arme d'un seau et d'une serpillière et direction le pont.

Chacun à sa tâche, moi je dois m'occuper du pont et de la barre. Ce qui en soi, est le plus saoulant à faire. Le pont, par son immensité, est interminable à laver et la barre est bourré de mécanismes. Et qui dit mécanisme dit nettoyage à la brosse à dents.

Les garçons s'occupent du reste dont les voiles et le pont supérieur. Cela nous a pris bien une matinée entière pour tout finir. Heureusement Hagane nous a préparé un bon repas pour compenser.

Une fois fait, je vais dans ma chambre et m'affale sur mon lit. Par réflexe j'ouvre ma table de chevet et le livre y était. Je sursaute au contact de sa couverture. Je suis certaine de l'avoir cherché partout.

J'ai dû passer à côté tout à l'heure, le principal c'est que le l'ai récupéré.

Après cette journée interminable, je dois encore m'occuper de faire le guet toute la nuit.

En vérité, j'aime bien être dans la vigie. Elle me donne le sentiment que rien ne peut m'atteindre. L'océan brille de mille feux sous le ciel étoilé. Je scrute donc l'horizon à la recherche de la moindre menace, le moindre petit point suspect. Généralement, il ne se passe rien et je reste seule dans mon perchoir. C'est à ce moment, quand tout le monde dort et que j'ai l'impression que suis la seule âme encore vivante sur terre, que je prends mon violon et que je joue ce qu'il me passe par la tête.

Je le place sous ma tête, l'accorde et joue quelques notes. Puis la mélodie s'empare de moi et je sombre dans ses profondeurs. Les notes virevoltent pour ne former qu'un ensemble floue. Je joue le premier air qu'Ame m'a appris. Il est simple mais magnifique. Tout tourne et s'entremêle pour ne former qu'un. J'enchaîne les notes, la mélodie se poursuit et rien ne vient la contredire. La dernière note résonne dans un dernier écho pour laisser la place à un silence complet.

Tout le monde dort, tout est à nouveau paisible comme si rien ne s'était passé. Tout n'est plus que souvenir et seule la lune en a été témoin.

Jouer du violon me permet de faire le point sur tout, ma vie, mes camarades, mes récentes découvertes. Cela me permet de ne plus réfléchir le temps d'un morceau. Mais le retour à la réalité est brutal et sans appel.

Je repense au jour où Ame à jouer pour la première fois dans notre cellule. C'était le jour de ma première victoire au Colosseum, cela faisait 2 ans, que j'y était et nous n'avions pas encore trouvé de plan pour sortir.

Je me souviens de comment il était quand j'ai débarqué. Il était brisé, comme nous tous. Je lui avais posé de multiples questions qui sont restées longtemps sans réponse. Il fallut attendre que je gagne pour la première fois un tournoi pour qu'il sorte son instrument. Il avait exécuté une symphonie bien trop complexe. Nous avons adoré et chacun voulait qu'il recommence. Malheureusement, c'était la dernière fois qu'il joua. Il ne voulait plus de son instrument et voulait le jeter.

- De toute façon, à quoi me servira cet instrument ici ?

Cette phrase m'avait marqué. Nous apprîmes plus tard que c'était à cause d'un concert qu'il s'était retrouvé ici.

Il avait été invité à composer pour les seigneurs de son île. Cependant des brigands se sont joints à la fête et ont tout détruit dans leur passage. La Marine est arrivée un peu plus tard et les ont tous arrêtés avant qu'il n'aille plus loin. Pour une fois qu'il servent à quelque chose ceux-là !

Enfin bref, il avait combattu avec les soldats pour sauver des commerçants. C'est ainsi qu'il se fait repérer par notre bourreau. Il fut demandé en récompense à la famille royale par le dragon céleste pour avoir eu l'honneur d'avoir bénéficier de sa présence.

C'est donc pendant ce concert qu'il a tout perdu. Malgré tout, il m'a appris à jouer du violon pour que je puisse le libérer de son instrument.

J'aime le son du violon, il me rappelle les étés avec Shokan. Avant que je ne pus m'endormir, quelqu'un entra dans la pièce.

Ayamari.

- C'est l'heure de la relève. Va te coucher tu en a besoin.

- Merci dis-je dans un bâillement.

- Allez file.

Je passe devant lui et avant que je sorte il me dit.

-Je ne savais pas que tu jouais du violon.

Il m'a entendu !? Mais était persuadé que... Bon c'est pas grave tant qu'il est le seul.

- Oui c'est Ame que me l'a enseigné.

- c'était très beau.

-Merci.

Je descendis les cordages et alla dans ma cabine où je me jeta sous la couette pour m'endormir tout de suite.

Je fus réveillé par les autres abrutis qui criaient comme des poissonniers sur le pont. Mais qu'est ce qu'il ce passe encore.

Je me lève et je vais dans ma salle de bain. Dans le miroir j'ai des cernes et j'ai l'air de ne pas avoir dormi depuis une semaine. La nuit fut trop courte à mon goût.

Je monte et entend les deux voix responsables de ce carnage auditif. Celle de Hagane et Ayamari. Évidemment. Ces deux se disputent pour un rien.

- tu a osé détenir ma cuisine.

- Tu a réparé un trou dans la coque avec du film alimentaire.

- Le film est étanche à ce que je sache alors que ma cuisine non.

-j'ai juste voulu nettoyer les assiettes.

Je me masse les tempes, j'ai un sérieux mal de crâne avec tout ce tapage. Je prend la voix la plus calme que je puisse. Si je crie cela va encore envenimer les choses.

- les garçons on ce cal....

- TOI ON T'A RIEN DEMANDER dirent-il en chœur.

Je m'énerve. Ils continuent de se chamailler. Ils s'en sortent avec deux belles bosses sur la tête et toutes les corvées à faire.

Ryu s'approcha de moi.

- tu t'est vraiment amélioré en tant que chef, autant qu'au violon.

Tout le monde acquiesça. Je ne compris qu'après la seconde partie de sa phrase.

Il m'ont tous entendu. Moi qui croyais que tout le monde dormait. Il faut vraiment que je travaille mon Haki perceptif.

Je me mis à la barre les joues encore rouges de surprise. Je pensais vraiment qu'ils dormaient.

Soudain un point noir se profila au loin. Je prends les jumelles et regarde de plus près.

Je m'écris quelques secondes plus tard

-TERRE EN VUE !

Ann la voleuse de tempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant