Chapitre 69 : un équipage haut en couleur

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Nous nous regardons dans les yeux afin de sceller cette alliance. Aucune marche arrière ne sera désormais possible.

Maintenant que tout est réglé, je peux enfin détendre un peu mes muscles contractés pour répondre à n'importe quelle situation. Je sais que cela n'engage à rien et je me méfie encore de Law, mais savoir qu'il a besoin de moi me rassure un peu.

- Tu as dormi un jour entier, tu dois avoir faim, j'imagine. Suis moi, je vais te faire faire un tour pour te montrer le sous marin et ensuite on ira au réfectoire.

Il ne peut pas savoir à quel point il a raison: je meurs de faim.

Il me montre le chemin vers le réfectoire, ainsi que toutes les pièces importantes de ce qu'il dit être un sous-marin. C'est un peu le fouillis mais c'est normal. On n'apprend pas à se repérer dans un bateau que l'on ne connaît pas en quelques minutes. Mais à force de m'y perdre je connaîtrai bientôt tous ses recoins.

Nous arrivons devant une grande porte métallique d'où provient un brouhaha sans nom.

Cette ambiance m'avait manquée. Sur le Mobi Dick il y avait toujours un boucan d'enfer. Le calme de la campagne m'avait fait oublier cette sensation de chaleur. C'est le bazar. Tout le monde parle fort et débat sans rien lâcher. Ils ne sont pas beaucoup dans cet équipage, mais ils sont hauts en couleur.

Dès que le capitaine entre, tous se taisent laissant place à un silence presque religieux.

- Voici votre nouvelle camarade. Nous avons formé une alliance, donc elle va rester avec nous un moment.

- Je m'appelle Ann.

Je me tiens un peu sur mes gardes. Après tout, on n'est jamais à l'abri de rien. Le capitaine se dirige vers la table où est posée toute la nourriture et se sert une assiette. Je ne l'imite pas. Je préfère manger ce que j'ai moi même préparé. Un homme avec une casquette s'approche de moi et me sourit a pleine dents.

- Bonjour, moi c'est Pinguin et lui c'est Sachi!

- Ann.

Mon ton est plus froid que je ne l'aurai vraiment voulu. Il ne s'en formalise pas et continue de me tenir le crachoir. Il est de bonne humeur ça, il n'y a pas à dire.

- Tu ne manges pas ?

- Tu peux y aller, c'est service à volonté et tout le monde se sert dans la même marmite.

- Les assiettes et les couverts sont aussi suspects.

- Bon sang, arrête tes chichis et mange ! Ton ventre crie famine, on l'entend à l'autre bout du réfectoire.

Contrainte, je prends une bouchée de ce que je pense être du porridge. Je ne pourrai pas me priver indéfiniment. Et bon dieux que c'est bon ! Je crois que je n'ai rien mangé d'aussi bon depuis des lustres !

- Tu vois que c'était pas compliqué. Rit le cuisinier. Au fait, moi, c'est Jean Bart.

-Jean Bart, c'est le meilleur porridge que j'ai mangé depuis longtemps.

- Ravi que ça te plaise. Prends en autant que tu veux.

Après s'être bien rempli la panse, l'équipage se présenta à tour de rôle. Je ne pourrai jamais retenir autant de noms. Les seuls dont je me souviens sont le duo de pervers Sachi et Pinguin, qui sont un peu les rigolos de l'équipage. Toujours une bonne blague pour détendre l'atmosphère. Ensuite, il y a Jean Bart, lui, je ne risque pas de l'oublier, étant donné qu'il cuisine divinement bien. De plus, j'ai cru comprendre que Law l'avait trouvé sur l'île des Sabondy alors qu'il était esclave pour la noblesse mondiale. Cela nous fait au moins un point en commun. Et pour finir il y a la seule femme de l'équipage: Ikkaku. C'est un garçon manqué sur les bords, mais on a pas mal d'atomes crochus. Évidemment avoir été dans des équipages uniquement masculins, aide à créer du lien entre deux femmes.

Je sens que chaque personne sur ce navire a été choisie pour une bonne raison. J'ai vite compris qu'avoir des compétences médicales, même rudimentaire, était quasiment obligatoire.

D'ailleurs, en parlant de médecin, le capitaine n'arrête pas de me regarder, comme pour savoir si je ne causais pas trop de problèmes. Il finit par se lever et me conduire jusqu'à une cabine.

- C'est ici que tu dormiras.

Sans plus d'explication, il tourne les talons et s'en va. Sa froideur ne me dérange pas plus que ça. Après tout, nous ne nous connaissons pas et j'avoue me méfier de lui. Il a beau m'héberger, c'est un pirate, tout comme moi.

Je ferme la porte à clé et laisse cette dernière à l'intérieur de ma serrure. On n'est jamais trop prudent. Ma chambre est petite, simple et sans chichi. Un lit, un bureau, une armoire et quelques livres, c'est bien suffisant. Et puis ce n'est pas comme si j'avais besoin d'autre chose.

En ce qui concerne la douche, elle est commune à tous les pirates du sous-marin. Mais avant d'y aller il faut que je repasse voir Law. Il m'a demandé tout à l'heure de venir le voir. Apparemment il y aurait des choses à vérifier.

Je sors de ma chambre tout en pensant à la refermer derrière moi. Il faut aussi que je pense à demander des vêtements de rechange: les miens sont sales et ont bien besoin d'un petit nettoyage.

J'arrive devant ce que je me rappelle être le bureau de Law, je frappe à la porte et il me dit d'entrer.

- Tu tombes bien, je feuilletais ton dossier.

- Et tu y as trouvé des choses intéressantes ? Lui demandais-je sur la défensive.

Je déteste que l'on s'informe sur moi. Je préfère dire moi même ce que j'ai envie de dévoiler. Et les informations sont souvent exagérées ou falsifiées.

-On peut dire ça. Disons que tu fais partie maintenant des Pirates les plus recherchés du monde. Plus que ceux de la génération terrible.

En même temps avec la famille et le passé que j'ai c'est normal : J'ai été élevé par un ancien camarade de Gold Roger qui est accessoirement mon père, mon frère est dans l'équipage de l'homme le plus fort du monde, et je suis moi-même considérée comme étant la plus forte de la génération terrible. Etant ex-esclave, le gouvernement mondial me recherche ainsi que mon ancien équipage. J'ai aussi des liens avec le pirate qui fait le plus de bruits en ce moment.

Sans oublier le fait que j'ai fait gagner la guerre aux pirates en m'échappant de Marine Ford.

- Je ne pense pas être une femme discrète.

- Ça, c'est certain, affirma-t-il.

Ann la voleuse de tempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant