Chapitre 63 : Tempête

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Même s'il m'a déjà fait cette demande, je sent comme un pincement au cœur. Je ne peux pas accepter, j'ai trop de choses à régler avant d'intégrer ou de créer un nouvel équipage, trop de rancœur, de haine, de méfiance. Et faire partie d'un équipage c'est exactement le contraire. Il faut avoir confiance en ses partenaires.

- Je ne rejoindrai pas votre équipage. Si vous le permettez, je descendrai sur la prochaine île. Merci de votre hospitalité.

Ma voix est un peu sèche voir cassante mais au moins c'est clair.

Personne ne dit rien. Les commandants, alors tous présents, sont surpris. personne n'aviat renoncer la proposition de leur capitaine deux fois d'affilé et surtout pas une femme. Mais, connaissant son caractère et son histoire, grâce à la presse, ils ne firent aucun commentaire.

- Très bien, fais comme chez toi gamine.

Je tourne les talons et sort de la chambre.

Vivement que l'on accoste pour que je puisse partir d'ici. Cette ambiance me rappelle trop de choses.

Une fois sur le pont je m'accorde à la rambarde. Personne n'est là pour m'embêter. Je prend alors une grande bouffée d'air marin. Histoire de me remettre les idées en place et réfléchir à tout ce qui s'est passé ces derniers jours. Un drame, une trahison, une révélation, une guerre... dire que cela est arrivé en seulement une semaine.

Je monte par les cordages jusqu'en haut du mât pour trouver un peu de tranquillité. Lorsque j'y arrive, je remarque alors un changement atmosphérique. L'air est chargé et humide, une tempête se prépare, non bien pire. Je regarde autour de moi personne sur le pont, ni dans la cuisine en même temps on est en plein milieu de la nuit, ils doivent dormir.

Je décide donc de tout faire seule. De toute façon j'ai l'habitude. J'ai déjà voyagé seule. Même si le bateau était plus petit et que s'était il y a longtemps. De toute façon même si je les réveillait il ne serait pas en état de m'aider. Ils ont bu comme des trous et je peux les comprendre, c'était soir de fête.

Je commence par le plus important : les voiles. Elles sont immenses, c'est impossible de le faire seule sans utiliser mon fruit. Le problème c'est que je ne me suis pas encore remis de mes blessures. Si je force trop elle risque de se rouvrir.

- QU'EST-CE QUE TU FAIS LA HAUT ANN ?

Je regarde alors vers la vigie pour savoir qui m'appelle. Je vois donc Marco s'époumoner dans ma direction.

- UNE TEMPÊTE SE PRÉPARE IL FAUT REMONTER LES VOILES ET ALLER VERS L'OUEST, ON DEVRAIT POUVOIR CONTOURNER L'ÉPICENTRE.

- TRÈS BIEN J'ARRIVE.

Il me rejoint en haut en deux secondes grâce à son fruit du démon. On remonte les voiles juste avant que le vent se renforce.

- Une fois le cap mis vers l'ouest on sera tranquille, les vents se chargeront du reste.

Je m'affale sur le sol. C'était pas simple de remonter les voiles à deux. Heureusement qu'on a pu le faire à temps. On l'a échappé belle.

- Ça fait deux fois que tu nous sauve la mise, on va finir par ne plus se passer de toi. Tu sais tu devras accepter l'offre de père.

- Je n'en ai pas l'intention.

Je ne veux pas encore revivre ça.

- Tant que tu est là essaye d'y réfléchir tu a deux mois pour ça.

- DEUX MOIS ?! On va mettre deux mois avant d'arriver sur une île ?

- Et oui c'est Le Nouveau Monde.

Il rit. Je suis sûr qu'il ont fait exprès de choisir le chemin le plus long. Ce n'est pas grave, je ne céderai pas. Il ne me connaît pas.

Je restais éveillé toute la nuit et je ne comptais pas beaucoup dormir au cours de ces deux prochains mois. Je compte me tenir prête à toutes les éventualités possibles.

Le matin, je fus rejoint par le commandant de la 1ère division. Il me fit visiter le navire et me montra ma chambre. Elle est simple avec un lit au milieu et un bureau, j'ai aussi une salle de bain pour moi, étant la seule fille sur ce navire, sans compter les infirmières.

Ensuite il m'emmena au réfectoire. Quand nous entrâmes, Ace nous fit signe de s'asseoir à côté de lui. Il a encore des bandages au niveau du ventre. Il me tend une assiette pleine. Je n'y touche pas, je ne sais pas ce qu'elle peut contenir alors je m'abstiens.

Tout à coup Ace s'endort. Il doit faire des crises de narcolepsie. En un sens, c'est bien ça veut dire qu'il se sent en sécurité.

- Ça ne te surprend pas ? Me demanda marco étonné, d'habitude les gens panique et essaie de le réveiller en vain.

- c'est une vraie pierre quand il dort, renchérit un autre.

- Non j'en faisais aussi quand j'étais enfant cela ne m'étonne pas.

- Tu en faisais ? Tu n'en fait plus ?

-Non je n'en fais plus.

Je n'ai plus assez confiance en mon entourage pour me le permettre. J'ai très vite compris qu'en tant qu'esclave, il valait mieux être préparé à tous les dangers. J'ai eu beaucoup de mal à m'en débarrasser vu que c'est une maladie nerveuse mais à force de temps, j'y suis parvenue. Il faut dire que l'on m'avait bien aidé à cette époque.

- Tu sais que tu peux manger. Ce n'est pas empoisonné. Si nous avions voulu te tuer tu ne serais plus là depuis longtemps.

- Qui sait ?

Je dis ça d'un ton lasse.

- Tu ne fais pas confiance aux gens facilement. Je me trompe ?

- Non, tu as tout à fait raison.

- Il nous reste donc à tout faire pour la gagner.

Cette dernière phrase me prend au dépourvu. Ont-ils vraiment besoin de moi ? Non, il m'a juste dis ça pour que je baisse ma garde. Et dès qu'il en aura l'occasion, il me plantera dans le dos comme les autres. Dire qu'avant j'avais une foie aveugle en toutes les personnes que je rencontrai. Je sors du réfectoire sans avoir rien mangé.

Ace se réveilla soudainement.

- Bah elle est partie où Ann?

- Elle est sortie.

- Pourquoi elle n'a même pas touché son assiette ?

- Je ne sais pas répondit-il évasivement

Elle l'intrigue, comment peut-on perdre toute confiance. Il ne savait pas ce qu'elle avait vécu mais, il se promit de le découvrir et l'aider. Il fera tout pour qu'elle se sente ici chez elle.

Je retourne dans ma chambre. Le seul endroit où je suis tranquille. Je ferme ma porte à clé. Je m'allonge sur mon lit. Il est confortable. Je regarde mon avant bras et contemple mon tatouage. 80 ans. Voilà le prix pour sauver deux personnes aux portes de la mort. Ce n'est pas cher payer vous diront certains. J'ai abusé de mon pouvoir et tout à toujours un prix.

Ce qui veut dire qu'il ne me reste que 10 ans à vivre. Je vais bien le sentir le contre coup. Mais si tout se passe bien, je devrai pouvoir profiter au maximum des 10 ans à venir, sans attaches, sans regrets, sans personne pour me trahir.

Je ne sais pas si j'arriverai un jour à pardonner ce qu'ils m'ont fait. La vengeance n'avance à rien et je n'ai pas de temps à perdre avec ça mais je jure que le jour où, je les recroiserai, ils regretteront d'avoir vu le jour.

Ann la voleuse de tempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant