Ann la voleuse de temps

Chapitre 43 : ceux laisser derrière

Il y eut un silence. Personne n'osait bouger ou dire un mot. Ce qui vient de se passer est inimaginable. Barbe Blanche vient de demander à une femme de rejoindre son équipage. Ce n'est jamais arrivé auparavant, il est d'ailleurs connu pour ça. Il n'accepte aucune femme dans son équipage.

Alors pourquoi ? Pourquoi faire cette demande ?

Même son second à l'air d'être étonné.

- Bien sûr si tu acceptes ton équipage peut te suivre, on est une grande famille et on serait heureux de s'agrandir encore.

Je n'ai même pas eu besoin d'y réfléchir, je connais déjà la réponse. Elle est évidente.

- Votre proposition m'honore mais je dois la décliner.

Il me regarde d'un œil rieur. Comme s'il s'attendait à cette réponse. Je m'explique :

-Nous voulons parcourir le monde sans dépendre de qui que ce soit. Nous avons trop de choses, d'aventures à vivre et on en a assez que quelqu'un dirige nos vies.

Le silence revint aussi vite qu'il fut brisé pour ne laisser la place qu'à un rire rauque.

- Gurarararara. C'est bien ce que je pensais, tu semble indomptable mais sache que si jamais tu change d'avis un jour, offre tiendra toujours gamine. Tu me fait penser à un autre gamin que l'on a rencontrer sur Grand Line, il a cette même flamme dans le regard, la même détermination.

Encore ? Ça fait deux fois que l'on me dit ça et pourtant je ne le connaît absolument pas. En même temps, ce serait difficile vu que j'ai passé mon enfance sur une île presque déserte et mon adolescence en cage pensais-je ironiquement.

-Sauf que lui essayer de prendre ma tête.

Ce fut mon tour de rire aux éclats. Ce garçon est bien téméraire, je comprends mieux pourquoi on me parle de lui. Si on se ressemble autant physiquement que mentalement alors je suis sûr qu'il y aura une bonne entente entre nous.

- Et où est-il actuellement ?

- Tout ce que je sais, c'est qu'il est sur Grandline et qu'il n'est encore jamais venu dans le nouveau monde. Et j'ai l' intuition que la prochaine fois que l'on se verra, il ce passera quelque chose d'important.

On passe le reste de la soirée ensemble. L'ambiance sembla se détendre au fil du temps et des verres d'alcool. Les villageois se sont même ajoutés dans notre petite fête improvisée. Ceux-la n'ont pas l'air d'avoir peur des Pirates.

-Plus on avance dans notre périple, plus on se rend compte de la diversité du monde qui nous entoure. philosophe Barbe blanche

- C'est vrai. Quand nous avons pris la mer c'est pour découvrir ce monde. Nous n'en connaissons qu'une infime partie. Mais nous avons rencontré des gens formidables, et des personnes affreuses, mais aussi des personnes en quête de rédemption. Chaque île à sa propre histoire. Il suffit de regarder autour de soi.

C'est sur ses bonnes paroles que des nouvelles personnes arrivent. Ils sont trois en tout.

Une femme dont la posture transpire l'assurance et la droiture, sa foulée régulière et légerère suggere qu'elle est issue de la noblesse. Deux hommes armés sont à ses côtés. La détermination et la force se dégage d'eux comme une puissante aura, signe de leur dévouement envers celle qu'ils écartent.

Plus ils s'approchent, plus je distingue clairement leurs visages. Ses cheveux court sont d'un bleu presque noir et dans ses yeux brûle une flamme que seul les guerrier ont. Son visage de jeune femme est tiré par la fatigue. Ses accompagnateurs, sur leur gardes, nous toisent.

Ils saluent tout l'équipage de Barbe Blanche puis elle s'avance vers nous.

- Bonjour, je suis Shori, la reine du royaume de...

Elle s'arrêta en plein milieu de sa phrase et devint blanche comme un linge. On aurait dit qu'elle a vu un fantôme. Son visage se ferme et son ton devient condescendant :

- Qu'est ce que tu fait la Ryu? Et je vois que tu a toute ta clique. Garasu, Hagane.

-Ça fait longtemps Shori lui répondis Ryu avec un élan de nostalgie dans la voix.

- Dix ans pour être précis.

Son ton amer ne fait que soulever plus de questions.

- Vous vous connaissez ? commençais-je

- C'est ma sœur me répondis Ryu.

- C'est pas possible. Si elle est là reine de ce pays et que tu es son frère cela fait de toi...

- Un roi cracha Shori d'une voix acide. Mais surtout un lâche qui a abandonné ses devoirs pour partir on ne sait où.

- J'ai fait en sorte de te laisser le champ libre. J'en avais assez de travailler comme un forcené pour être ignorée par la suite et je voulais partir. Tu ne vas pas m'en vouloir pour ça ?

Il cache quelque chose. Il n'agit pas comme d'habitude. Shori s'agace :

- Tu ne sais rien de ce qu'est le travail, tu ne sais pas ce que ça fait que l'on surveille tout ce que tu mange, lis, écrit ou étudie. Tu ne sais pas ce que ça fait de travailler d'arrache pied pour avoir ne serait-ce qu'une once d'attention. Est-ce que tu sais ce que ça fait d'être ignoré par les gens que tu appelles ta famille.

Non, tu ne le sais pas et tu ne le sauras jamais car tu a toujours été l'aîné, le chouchou, le seul garçon, celui qui avait tout. ça aurait dû te suffire mais non toi tu voulais plus alors que tu avais tout. J'aurai tout fait pour être à ta place. Quand tu es parti je pensais qu'il allait enfin me remarquer mais j'avais tort. Ils ont remué ciel et terre pour te retrouver, en vain. Maman a été anéantie et ne se levait plus de son lit et papa... Papa est devenu un tirant et notre royaume qui était autrefois prospère est devenu une terre sanglante où tout n'est que guerre et désolation.

Et maintenant que nous avons réussi à panser les plaies et que les guerres sont enfin finies, tu réapparaît comme une fleur. Tu as 10 ans de retard Ryu. C'est trop tard.

Où étais tu pendant 10 ans ? Où t'es tu caché pendant que l'on traversait la famine? Hein ? où étais tu quand tout n'était que désolation ? DIS MOI OÙ TU ÉTAIS QUAND NOS PARENTS SONT MORT ? Où ? DIS MOI OÙ ?

Des larmes coulent sur ses joues mais son regard reste fixé dans ceux de son frère. Dur comme de la roche. Elle qui a traversé tant d'épreuves cherche maintenant des réponses. Mais face à de telles accusations il n'y a rien à répondre, rien à expliquer, rien, rien ne pourrait l'apaiser. À par la vérité.