Ann la voleuse de temps

Chapitre 44 : ceux laisser derrière (2)

-Si je suis parti, c'est pour toi. Je voulais que tu prennes ma place. Tu est tout le contraire de moi. Tu es travailleuse, altruiste, généreuse et forte. Moi je n'avais rien de tout ça alors que j'était appelé à gouverner. Je savais que si jamais je montais sur le trône on courrait à notre perte. Donc j'ai décidé de partir. J'étais trop immature et je pensais que ça allait résoudre tous nos problèmes, je n'avais que 17 ans. J'ai profité de la venue des dragons célestes pour m'enfuir discrètement. Au début je suis parti seul mais Garasu m'a suivi et Hagane nous a rejoint.

De son point de vue, il a juste quitté son pays pour une bonne cause et à voyager pendant dix ans. C'est une jolie histoire. Mais il manque l'envers du décor.

Ils n'ont pas commencé leur voyage par la découverte des deux petites îles environnantes, ils n'ont pas pu naviguer toujours plus loin dans l'espoir de trouver un village où ils pourraient s'installer. La véritable fin de l'histoire c'est qu'ils se sont fait attraper par les contrebandiers qui accompagnaient les dragons célestes. Ils les ont vendus aux enchères et c'est à partir de ce jour qu'ils ont perdu leur liberté. Une vie de travaille forcé et de combat inutile.

Je comprend qu'il préfère taire cette histoire mais difficile de la dissimuler quand la marque est aussi voyante. Elle ne semble pas savoir sa signification et pourtant...

Cet aveu la déstabilise tout comme nous. Dire que nous voyageons avec un roi... Quoique ça ne change rien. Qu'il soit roi, paysan, bandit, bûcheron ou courtisan on s'en fiche. Il est et restera le Ryu avec qui nous voguons, celui qui a été forgé par ses années de travail, celui qui rattrape toujours nos erreurs, qui nous soigne, nous écoute et conseille.

Elle s'avança vers lui et le gifla.

- C'est donc pire que ce que je pensais. Tu a abandonner ton peuple en pensant que j'allais pouvoir régner ? As-tu oublié que les femmes sont exclues de l'ordre de succession ? Quand tu es parti, notre père savait que je ne pourrai régner. L'état de mère ne permettait pas de "refaire" un héritier. Alors il remua ciel et terre pour te retrouver. Il engagea l'armée à te chercher dans tous les royaumes. Malheureusement, mère mourut de chagrin et père à été assassiné à cause d'un traître. Une guerre pour le pouvoir a éclaté.

Le peuple a subi une famine à cause des mauvaises récoltes. Et nous ne pouvions même plus payer le tribut céleste ce qui nous faisait perdre des hommes et des femmes chaque année.

Par chance, l'équipage de Barbe Blanche est arrivé sur l'île. Il a mis fin à cette guerre insensée et à payer la dernière tribu céleste en déclarant que cette île est sous sa protection.

Ce discours me fait bouillir de l'intérieur. Elle ne sait absolument rien de ce qu'il a vécu et des sacrifices qu'il a fait pour elle. Oui il y a eu des guerres sur son île mais ça ne justifie pas de tout mettre sur le dos de son frère.

- Il a tout sacrifié pour vous l'interrompit-je

- Ce lâche nous a abandonner

- s'il l'a fait c'est pour vous me répétais-je. Il aurait pu rester et régner avec toutes ses lacunes, conduire le royaume à sa perte. Mais il a fait un choix. Celui de vous faire confiance. Il vous a laissé à vous l'opportunité de prendre le relais et de vous épanouir et faire fleurir la capitale. Comment était-il censé savoir qu'une guerre allait éclater ? Et puis vous ne savez absolument rien de ce qu'il a vécu alors quand on ne sait pas on ne juge pas. Je suis sûr que vous ne savez rien du monde extérieur et comment vous en vouloir, vous avez eu tellement de choses à faire ici. Mais si vous vous étiez renseigné un minimum vous sauriez ce qu'il a vécu. En attendant vous ne savez absolument rien.

- Baisse d'un ton sale pirate de bas étages dit un de ses garde en sortant son épée. C'est la reine de ce royaume, elle nous a sorti de la guerre et de la famine et nous la respectons. Nous la protégeons au péril de nos vies.

Et allez voir les clichés des deux chiens de la reine.

- Je ne laisserai jamais personne s'en prendre à mes camarades, préviens-je. Que ce soit une reine ou un paysan, le premier qui s'en prend à ma famille s'en mordra les doigts.

Les tensions montent entre moi et la royauté locale. Je suis presque à mon point de rupture. Je vais en faire qu' une bouchée de ces deux-là.

- Votre famille ? Ils ne sont pas de votre sang. Et ils ne le seront jamais alors ils ne peuvent pas être votre famille.

- Ah bon ? Alors dites moi, selon vos conviction, comment cela ce fait-il que mon père adoptif en ai fait plus pour moi que mon vrai père ? Comment se fait-il que mes amis en sachent plus sur moi qu'il n'en saura jamais ? Et surtout comment expliquez vous que l'on soit encore tous soudé malgré tout ce que l'on a vécu ? On a tous deux familles : celle où l'on naît et celle que l'on se choisit. Et ce n'est pas une question de rang social ou de naissance non car face aux difficultés nous sommes tous égaux. Nous sommes tous des enfants de la mer. Alors peu importe la naissance. Ce qui compte c'est ce que l' on a à l'intérieur de soi, ses valeurs, ses peurs, ses faiblesses, sa force et sa volonté de vivre.

Pendant un instant, Barbe Blanche crut voir son vieil ennemi, Gol D Roger. Comme si sa silhouette se dessinait sur celle d'Ann. Il compris alors qu'il ne s'était pas trompé. Elle est destinée à faire de grande chose en ce bas monde au même titre que son frère, ils apporteront une ère nouvelle.

Il éclata alors en un fou rire muet. Et murmura

- Ce sont bien tes enfants vieille canaille !