Chapitre 34 : le futur est une brume épaisse

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- J'ai peur hurla-t-elle, Voilà pourquoi j'ai fait ça. J'ai peur que tu parte et que tu ne revienne jamais. Où pire que tu ne sois jamais heureuse.

- ça ne te ressemble pas Mathilde.

- Et comment peux-tu le savoir alors que je ne le sais pas moi même ! Je ne sais plus qui je suis. Si je ne suis pas cette femme forte que je fait croire être, si je ne suis pas celle pour qui tout va bien, rien ne l'atteinte, et se fout de tout. Si je ne suis pas elle alors qui suis-je ? Une fille fragile qui a peur de l'abandon, voilà ce que je suis. Je ne parle pas de mes inquiétudes, de mes doutes, de mes peurs. Je garde tout au fond de moi et le soir quand les souvenirs remontent, quand les doutes et les peurs ressurgissent, quand je suis seule face à cette tempête... Tout semble voler en éclats, plus rien n'est comme avant, tout le monde part et prend un nouveau départ et moi je reste comme une conne sur le bord. Bien ancrée dans ma petite routine insipide et vide de sens. Je ne pensais qu'à l'aventure, la liberté, avoir une nouvelle vie. Je suis perdue et je ne sais pas quoi faire, comment avancer dans cette boue collante et embourbante qu'est le futur. Je n'ai aucun projet, aucun avenir, aucun souhait, aucun rêve et j'ai peur. Je suis terrifié par le futur. Il est imprévisible, incontrôlable et sournois.

C'est donc ça qu'elle ressent vraiment. A toujours se cacher derrière un masque de joie on oublie qu'elle est triste. Je connais ce sentiment.

- C'est normal d'avoir peur du changement. Mais il est inévitable. Le changement c'est le signe que l'on évolue, que l'on avance, il ne faut pas le repousser mais l'accepter à son rythme. Ne dit-on pas "prendre sa vie en main" ? En un sens c'est impossible. On ne peut prévoir l'imprévisible. On ne peut influer sur le cours du temps. On ne peux que subir le temps et les années qui passent.

Quand j'étais petite je ne rêvais que d'aventure sans vraiment comprendre ce mot. Je ne savais pas ce qu'il voulait réellement dire. Les sacrifices, les proches déçus, les espoirs et les rêves brisés. Et pourtant. Il y a encore tant de choses à faire, à apprendre. Tant de choses incroyables à découvrir. Tant de décisions à prendre. Le temps n'est pas une fatalité, on peut le combattre ou le laisser nous guider. Si le temps prend son temps c'est qu'il a de bonnes raisons. C'est pour cela qu'il ne faut pas lutter contre le changement mais l'accompagner et l'accepter. Accepter que tout change c'est accepter que l'on change nous aussi. On grandit aussi bien physiquement que mentalement, on se cherche, on apprend de nos erreurs et on avance. C'est ça vivre.

J'ai crié ses derniers mots. J'ai déjà eu ces doutes et je les ai encore. Mais j'ai une famille, des amis qui m'aident à surpasser ses peurs et ses doutes.

- Mathilde dit Irène en prenant sa sœur dans ses bras et en lui caressant les cheveux. Si je pars ce n'est pas pour toujours, je reviendrai vous voir ici et vous pourrez venir me voir. Je serai toujours là pour toi, ce n'est pas la distance qui va m'empêcher d'aimer et de protéger ma petite sœur chérie. Et surtout je ne serai jamais malheureuse car je sais que quoi qu'il arrive tu sera là pour m'accueillir et m'écouter. Alors profitons du moment et même si on ne se voit plus aussi souvent on ne perdra jamais ce lien qui nous unis. Car nous sommes sœurs !

Elles pleuraient à chaudes larmes. J'allais me retirer de ce joli tableau mais une main m'agrippe et m'attire. Je me retrouve alors en sandwich entre les deux princesses pleurant comme des madeleines et me remerciant.

Je n'ai pourtant pas fait grand chose.

Au bout d'un petit moment, elles finissent par se calmer. Et c'est à ce moment-là qu'il décida de sortir de son trou.

- Voleuse de temp, tu penses vraiment t'en sortir comme ça après ce que tu a fait à mon subordonnée ?

- Vice-amiral Yurui ? Que faites- vous ici ? demanda Irène d'un ton calme.

- mon travail, votre majesté royale. Cette femme a oser prendre un territoire qui appartenait à un de mes subordonnés et l'a ridiculisé.

Il s'approcha de moi pour me dévisager. Je me rappelle de lui, le fameux Yurui. Le vice amiral qui a envoyé le capitaine Heikin sur l'île de la grand-mère. Il a osé envahir et attaquer une île si paisible simplement pour récompenser ses subordonnées. c'est une belle pourriture.

- Cette jeune fille est sous la protection de la famille royale. Si vous continuez je rompt toute alliance avec la Marine. Vous n'êtes pas sans savoir que mon mari a une flotte assez grande pour subvenir à tous nos besoins donc je n'hésiterai pas.

- Mais c'est une criminelle.

- Non, c'est une amie qui est précieuse aux yeux de la couronne.

- Mais...

- Attention vous semblez oublier à qui vous vous adressez. Je suis la première princesse du royaume des nuages, Irène Cloud.

Il grogna face à son insistance. Il ne voulait surtout pas froisser une personne aussi importante qu'elle.

Il recula de trois pas et s'inclina profondément.

- Veuillez m'excuser pour cette effronterie, vos majesté.

Il se retira dans la forêt non sans crier

- La prochaine fois nous nous rencontrerons, Voleuse de temps. Et tu n'auras personne pour te défendre.

Il grommela dans sa barbe jusqu'à ce que l'on ne puisse plus l'entendre.

Irène et Mathilde s'approchèrent de moi et Mathilde m'expliqua.

- Il ne voulait certainement pas perdre un allié de notre envergure. Notre royaume est le plus grand producteur de la fleur qui permet de fabriquer les voiles des navires marins.

- Je comprends mieux. En tout cas je vous remercie pour ce que vous avez fait mais je dois vous fausser compagnie un de mes homme est blessé. Je dois aller le rejoindre.

Elles me saluèrent et je partit en trombe pour retrouver mon équipage. Pourvu que je n'arrive pas trop tard...

Ann la voleuse de tempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant