Chapitre 3 : Vieil ami

3.2K 215 21
                                    

Aujourd'hui, c'est mon douzième anniversaire et ce jour signe aussi la quatrième année d'attente. Papa n'est toujours pas rentré.

C'est pas normal. En général, cela ne dure pas si longtemps. Il a dû lui arriver quelque chose. J'en suis sûr. Et je ferai tout pour découvrir où il est.

Je ne suis pas restée chez la femme qui me gardait. Je ne voulais pas vivre à ses dépens.

Alors, j'ai quitté le village et je me suis installée à la maison, de l'autre côté de l'île. Je me débrouille très bien toute seule, papa m'avait tout appris : la chasse, la pêche et même sur les bateaux. Du coup, tous les jours, je descends la vallée jusqu'à la petite rivière où je pèche et remplis mes bouteilles d'eau pour la journée, ensuite je vais vérifier mes pièges dans la forêt. Je garde la moitié de mes prises pour les vendre au marché. Après avoir mangé ce qu'il me reste, je m'entraîne jusqu'à la tombée de la nuit. C'est ainsi depuis maintenant quatre ans.

Avec l'argent que je gagne, je peux m'acheter des livres à la librairie de l'île. Je les dévore et les revend quand j'ai fini. C'est trop cher pour que je les garde. Malheureusement il n'y a pas de bibliothèque. Une fois j'ai lu qu'il existait une île avec un immense arbre rempli de livres sur tous les sujets. J'aimerais bien m'y rendre un jour.

Mais cela sera pour plus tard, aujourd'hui j'ai décidé de partir pour l'archipel des Sabaody. Je ne veux plus attendre. Je ne veux plus rester là à espérer qu'il revienne. S'il ne revient pas alors j'irai le chercher.

Je mets assez de provisions pour une semaine voire plus, prends toutes mes économies dans mon sac, m'habille et vérifie que ma barrette est toujours à sa place. Je la chouchoute depuis qu'il me l'a offerte. C'est la dernière chose qu'il me reste de lui.

Le bateau que j'ai acheté grâce à la majorité de mes économies est petit mais assez grand pour moi. Le vent dans mes cheveux me fouette le visage. L'océan semble m'appeler.

Je tends la voile pour prendre les bourrasques plein sud. C'est une technique de papa pour aller plus vite. Je noue les cordages avec un nœud en huit. Le temps est ensoleillé mais venteux ce qui est, en soit, parfait pour naviguer.

Au revoir, île qui m'a vu grandir. Bonjour Grand Line et aventures passionnantes. Depuis le temps que j'en rêve, j'y suis enfin. Une grande aventure me tend les bras.

Pour célébrer mon premier voyage seule j'entonne la chanson des pirates que papa et moi adorons.

«Yo-ho-ho-ho Yo-ho-ho-ho,

Yo-ho-ho-ho Yo-ho-ho-ho,

Yo-ho-ho-ho Yo-ho-ho-ho,

Yo-ho-ho-ho Yo-ho-ho-ho,

Binkusu no sake wo

Todoke ni yuku yo

Umikaze, kimakase

Nami Makase

Shio no mukou de

Yuuhi mo sawagu

Sora nya, wa wo kaku

Tori no uta

Sayonara minato

Tsumugi no sato yo

"Don" to icchou utao

Funade no uta... »

Et c'est ainsi que je fis tout le trajet. Tout était parfait à un détail près, il manquait mon père. Il manquait celui qui m'a tout appris. Celui avec qui j'ai passé les meilleurs moments.

Je secoue la tête pour écarter les mauvaises pensées, je vais le retrouver et tout va redevenir comme avant, on pourra même voyager ensemble et voguer sur les mers tous les deux.

La traversée ne dura que quelques heures. Ce qui est trop court à mon goût. J'ai soif d'aventure, je veux parcourir tous les océans et mers du monde, rencontrer des pirates. Partager les flots avec un équipage de confiance avec qui on ferait les quatre cents coups.

Mais pour le moment, mon objectif principal est de retrouver mon père. Pour ça, il faut que je collecte des informations. Connaissant son faible pour l'alcool, je décide de me rendre dans tous les bars de l'archipel.

Pour cela, je dus faire le tour des îles et mon dieu que c'est grand. Tout est gigantesque. Les maisons font trois fois le village, il y a de drôle de bulles qui flottent dans les airs, il y a même un grand truc qui tourne dans un genre de parc où tout le monde fait la fête. Cela a l'air si amusant que j'ai envie de les rejoindre.

Je fis le tour de tous les établissements qui vendent de l'alcool, restaurants, bars, bistrots. J'ai eu beau aller dans n'importe quel magasin, ils finissent tous par me répondre la même chose :

«- Désolé fillette, j'ai vu personne qui lui ressemble. »

Finalement, après avoir passé des heures à tourner en rond, il ne me reste qu'un seul bar à faire, il s'appelle L'arnaqueur. Drôle de nom pour un bar. Au moins, il a le mérite d'être honnête.

J'entre et je vois une grande femme brune qui fume derrière le comptoir, sûrement la patronne de ce bar. À par elle, il n'y a personne d'autre, ni clients, ni serveurs. Je me dirige alors vers elle, déterminée.

«- Bonjour madame, est-ce que vous auriez vu ce monsieur ? »

Elle se tourna vers moi et je lui montrais l'ancien avis de recherche de mon père. C'est la seule photo qu'il me reste de lui. Elle me regarde,

et esquissa un sourire nostalgique.

J'espère qu'elle sait quelque chose. C'est mon dernier espoir sur cette île. Si elle ne sait rien, j'irai refaire le même processus sur toute les îles de Grandline s'il le faut. Elle commence à ouvrir la bouche pour me répondre mais avant qu'elle ne dise quoi que ce soit un homme entra dans le bar.

Il était grand avec des cheveux blanc, il portait des lunettes et une barbe blanche. Il s'avança, me regarda et souffla en souriant, comme pour me signifier qu'il s'attendait à me voir . Il s'assit à côté de moi.

« Shakky, un saké et un jus de fruit s'il te plaît.»

Il remarqua alors l'avis de recherche de papa. Son sourire s'élargit davantage laissant entrevoir ses dents.

«- tu sais, j'étais un bon ami à ton père. Il nous a beaucoup parlé de toi Ann.

- C'est vrai ? demandais-je impatiente d'en savoir plus

-Bien sûr, ria-t-il, il était très fier de t'avoir pour fille. Je ne compte plus le nombre de fois où il nous a raconté tes exploits. Si je me souviens bien, la dernière fois qu'il est venu, il nous avait raconté comment tu avais mis une raclée à une petite brute.

Je me souviens, un garçon avait embêté une petite fille. Je lui avais donné un bon coup de poing dans la mâchoire.

- il n'avait eu que ce qu'il méritait marmonnais-je

Cette fois-ci il riait de bon cœur sans retenue.

-Les chiens ne font pas des chats !

- Et c'est quand qu'il est venu la dernière fois ?

- Il y a quatre ans je crois.

Je posais alors la question qui me brûlait les lèvres depuis mon arrivée ici

- où est-il maintenant ? »

Son regard se perdit dans le vague, la nostalgie dans son regard se fit plus intense en fixant désespérément les bouteilles derrière la tenancière. 

Ann la voleuse de tempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant