Une montagne dressée devant elle n'aurait pas pu l'arrêter, la plaisanterie avait assez durée. Elle avait réfléchi aux mots qu'elle allait utiliser, à la gestuelle à adopter pour paraître sûre d'elle, et à comment ne pas se laisser contrôler par son regard puissant. Elle s'en voulait terriblement de ne pas avoir pris conscience de l'ampleur du problème plus tôt. Il lui semblait impensable, aujourd'hui, d'avoir à prendre autant de précautions avec un homme.
Sa détermination n'empêchait pas pour autant l'angoisse de la gagner, mais elle savait qu'elle se devait de faire face. Peu importait ce qu'Hakim déciderait de faire, elle n'avait plus d'autre choix. Par respect pour elle-même, et pour les gens qui l'aimaient, elle devait mettre fin à cette relation toxique définitivement, et se débarrasser de Jules avant qu'il ne soit trop tard.
En le voyant attablé devant son café fumant, elle réalisait qu'elle ne parvenait même plus à le trouver séduisant. Elle avait eu assez de ces derniers jours et de sa longue nuit sans sommeil pour ressasser ses actions. Ses manipulations, sa volonté de décider en permanence pour elle, ses mots durs, résonnaient en elle comme si son esprit voulait s'assurer qu'elle ne flanche pas. D'un pas lent elle s'approchait de lui, les mains un peu tremblantes. Elle ne doutait pas de sa décision, mais elle redoutait terriblement sa réaction. Jusqu'ici, il s'était contenu, et n'avait jamais fait preuve de violence physique avec elle, mais elle le trouvait de plus en plus incontrôlable et imprévisible.
En détournant son visage pour que les lèvres de Jules atteignent sa joue plutôt que sa bouche, elle sentait son regard la foudroyer sur place.
- Qu'est-ce qui te prend ? Il demandait réellement surpris.
- Écoute, il faut qu'on parle...
- Et ça m'empêche d'embrasser ma copine ? il riait jaune.
- Je ...
- Non, moi d'abord ! Il s'imposait, un immense sourire forcé aux lèvres, ayant pris conscience de ce qui était probablement en train de se passer. Ma mère propose qu'on parte avec eux en voyage à Nouméa pour les vacances la Toussaint ! Ça va être trop bien, tu vas voir.
Bien sûr, il avait senti le vent tourner, il n'était pas idiot. Depuis des jours, il la sentait fuyante, et prête à l'abandonner. Il avait eu beau se montrer sous son meilleur jour, cela ne s'était pas avéré payant. Alors il espérait que la manipulation, comme souvent, lui permettrait de se sortir de l'impasse. Rien de tel que lui proposer une idée de rêve pour qu'elle n'ait pas le courage de le quitter. Il connaissait l'intérêt de Maé pour la Nouvelle-Calédonie et son obsession pour les tribus du pacifique et leurs mythes. Elle ne pourrait pas refuser.
Seulement, cette fois, il avait un train de retard. Maé était déterminée, et ce n'était pas un voyage dont elle rêvait depuis sa plus tendre enfance qui pourrait la faire changer d'avis.
- C'est gentil de leur part... Mais je n'irais pas. Pas avec toi.
- C'est quoi ces conneries encore ?
- Je... Je crois qu'il vaut mieux qu'on arrête là tous les deux.
- Pardon ?! Il feignait la surprise.
- On est trop...
- On est trop quoi ? Il la coupait contenant sa rage avec peine.
Elle se sentait un peu affaiblie par le ton employé par Jules, et les flammes de rage qui brûlaient dans ses yeux. Elle le trouvait impressionnant, il était charismatique et quand il se mettait en colère, elle avait l'impression d'être redevenue une enfant. Une enfant qui s'apprête à se faire gronder parce qu'elle a fait une grave bêtise. Tremblante et intimidée, elle se faisait malgré tout violence pour continuer.
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EQUILIBRE INSTABLE [MEKRA]
Fanfic"Pour croire avec certitude, il faut commencer par douter." HAKIM x MAE