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Leur mariage avait été exactement à leur image. Un peu fou, mais classique, sans exagérations, sans prétentions. Si Hakim avait cru mourir d'angoisse ce jour-là, il avait su, grâce à ses proches, calmer son rythme cardiaque pour ne pas faire de malaise. En réalité, l'angoisse n'avait véritablement disparu que lorsqu'avec un immense sourire comblé, Maé avait prononcé le célèbre "oui" qui a pour vocation d'unir les couples jusqu'à leur mort.

Si Maé avait réussi à garder son calme et à se préparer en toute sérénité, tout s'était un peu compliqué quand elle avait réalisé qu'elle était en retard, bloquée dans les embouteillages et qu'elle n'avait en plus aucun moyen de joindre qui que ce soit. Son père avait son téléphone sur lui, mais la batterie était vide. Le sien, était dans le sac de sa grand-mère, sur silencieux. Elle avait imaginé aisément Hakim se ronger les ongles jusqu'aux os. Elle savait que toute sa vie, il garderait en tête ses départs précipités, et elle avait eu la certitude qu'il devait être en train de la penser en fuite.

Lui, aurait pu mourir tellement il avait peur. Si fort habituellement, il n'avait eu d'autre choix que de faire tomber le masque devant ses frères. Il avait eu trop peur, son ventre s'était trop tordu, pour pouvoir garder ça pour lui. Ils avaient essayé de le rassurer comme ils avaient pu, mais tant qu'il ne l'avait pas eue sous les yeux, il avait été sûr que quelque chose allait mal tourner.

Heureusement, elle avait réussi à arriver. Il avait du se battre contre lui-même, très fort, pour ne pas pleurer comme un bébé en la voyant dans sa robe. Il la trouvait belle en toute circonstance, mais à cet instant, il s'était demandé ce qu'il avait fait pour mériter un être aussi beau à ses côtés. C'était même plus de l'admiration, à ce stade, c'était de la fascination. Sa robe avait été parfaitement pensée pour elle : fluide, légère, discrète. Il aurait voulu se jeter sur elle, la serrer suffisamment fort dans ses bras pour la soulever et la faire tourner dans les airs, mais il en avait été incapable. Déjà, parce qu'il avait trop de pudeur, et surtout, parce que ses muscles semblaient s'être transformés en mousse. Elle était parfaite. C'est ce qu'il fallait retenir.

Maé n'avait pas réussi à avoir ce self-control. Dès qu'elle l'avait aperçu dans son costume, elle avait fondu en larmes. Elle s'était retrouvée secouée par d'incontrôlables sanglots, qui avaient fait rire l'assemblée. Voir le visage de l'homme qu'elle aimait se voiler d'émotion lui avait fait perdre tout sens des réalités. Sur son visage, elle avait lu l'amour, le vrai. Et un peu de soulagement aussi, il faut le dire. En quelques secondes, elle s'était refait le film de leur histoire, bluffée par sa finalité. Qui aurait pu croire en leur mariage après tant d'années loin l'un de l'autre ? Elle s'était revue seule sur son bateau, seule dans son école, essayant d'ensevelir ses sentiments, en vain. Et ce jour-là, devant le parvis bondé de cette mairie, elle savait que tout ça était véritablement derrière eux.

Et puis il y avait eu les rires, les cris, les larmes, la musique, la danse. Ils s'étaient amusés, ils avaient profité de leurs proches. Et tout avait semblé trop court. Une journée pour célébrer l'amour, c'était bien trop peu. Mais c'était le jeu. L'essentiel était là : ils étaient unis pour toujours.

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Le rêve de Maé, ça aurait été de quitter son mariage et de grimper dans un avion sans repasser par chez elle. Elle n'avait pas particulièrement envisagé de se marier, mais elle s'était toujours dis que si ce jour devait arriver, ça se passerait comme ça.

Pour des raisons pratiques, et pour contenter un peu tout le monde, il avait fallu décaler le départ de quelques jours. Finalement, ils avaient grandement apprécié leur choix, profitant de ces jours de latence pour se reposer et essayer de récupérer. Et profiter de leur vie de jeunes époux. Parce que non, leur nuit de noce n'avait rien eu à voir avec ce qu'ils avaient espéré. Ils avaient vraiment trop fait la fête, ils étaient fatigués, ivres, et à peine conscient lorsqu'ils avaient regagné leur chambre d'hôtel. Il avait ri, d'ailleurs, de leur état. Beaucoup. Puis ils s'étaient rattrapés les jours suivants.

EQUILIBRE INSTABLE [MEKRA]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant