Chapitre 51

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La vérité, c'était qu'il était strictement inutile de continuer à vivre avec des œillères. Ils s'aimaient, ils n'avaient jamais cessé de le faire, et si dans bien des cas le temps suffisait à effacer ou à atténuer l'amour, dans leur cas, c'était loin d'être une réalité.

Les années qu'ils avaient passés séparés n'avaient été que souffrances, tout le monde en avait pris pour son grade, tout le monde avait subi. Encore ce soir-là, la puissance de leurs cris n'avait d'égal que la puissance de leur amour. Il était impossible de lutter comme ça. Alors assis dans ce canapé qu'ils avaient choisi ensemble quelques années plus tôt, dans les bras l'un de l'autre, ils avaient chacun la certitude qu'il ne fallait pas perdre plus de temps. C'est tellement précieux, le temps.

Pour autant, ils restaient parfaitement immobiles, comme paralysés par une peur insurmontable. Ils s'aimaient, mais n'avaient pas su se le montrer, en quoi serait-ce différent cette fois ? Ils le savaient pourtant, que c'était bien différent, mais le doute les prenait aux tripes. Tout était différent parce qu'ils savaient tous les deux désormais exactement ce qu'ils voulaient pour l'avenir. Leur discussion n'avait pas été des plus constructives au départ, mais ils se connaissaient assez pour lire entre les lignes. Ils s'aimaient et ils refusaient de rester loin de l'autre plus longtemps. Ils ne seraient heureux qu'ensemble.

C'est Maé qui décidait de prendre les choses en main. Elle était de retour à Paris, même temporairement, il lui avait envoyé des signaux plutôt encourageants en lui proposant de s'approcher de lui, c'était pas pour rester les bras croisés en laissant la vie décider de les éloigner à nouveau.

Alors elle soufflait, et tournait la tête vers Hakim qui la regardait déjà du coin de l'œil. L'alcool jouait certainement un grand rôle dans cette prise de risque. Elle avait le sentiment d'être dans une bulle, et que rien ne pouvait venir les éloigner pour l'instant. Rien n'était réglé, mais il était contre elle, il sentait toujours aussi bon, et elle n'avait qu'une envie, regoûter à ses lèvres.

D'un geste félin et parfaitement maitrisé, elle s'installait sur ses genoux, face à lui, pour instaurer un contact visuel passionné dont ils avaient le secret. Il semblait à Maé qu'il était encore plus beau, et encore plus attirant que quand elle était partie.

Elle traçait de ses doigts de petits cercles dans sa barbe, puis des lignes douces le long de sa mâchoire. Lentement, mais avec assurance, elle approchait son visage du sien, et lorsque ses lèvres entraient subtilement en contact avec les lèvres d'Hakim, elle ne parvenait pas à contrôler ses paroles.

- Je t'aime tellement...

Comme une réponse silencieuse, il s'emparait de sa nuque et la tirait vers lui pour l'embrasser à pleine bouche. Qu'est-ce que c'était bon. Il avait attendu ce moment si longtemps, qu'il avait la sensation de renaitre, de revivre. Elle avait changé sur de nombreux aspects, mais sa langue avait toujours le même goût, toujours la même douceur. Ce genre de détail le rassurait.

Il ne pouvait attendre plus longtemps pour vérifier que leurs corps s'alliaient toujours à la perfection. Sans grande délicatesse, il lui enlevait son haut, permettant à sa bouche d'aller explorer la peau dorée de sa poitrine. Sans prendre la peine de l'enlever, il décalait son soutien-gorge pour dévoiler ses seins, et s'assurer qu'il était toujours là.

- Il est toujours là ton grain de beauté... il murmurait en posant son doigt sur la tâche brune qui ornait le côté de son sein, son expression semblable à celle d'un enfant qui retrouve son jouet après l'avoir cherché sans relâche.

Elle aimait ça, qu'il embrasse sa poitrine, il s'en souvenait parfaitement. Son souffle qui s'accélérait confirmait ses certitudes. Tout n'avait pas changé. Elle perdait ses doigts dans ses cheveux, la tête basculée en arrière comme pour mieux apprécier la sensation de sa langue sur sa peau. Elle n'était pas la seule à aimer ce corps à corps. Elle faisait promener ses mains le long de son torse, ondulait son bassin pour établir un contact entre leurs intimités. A cet instant, elle avait envie d'être sa chose, elle voulait s'abandonner à lui, qu'il lui fasse l'amour comme il l'entendait lui. Il n'était pas question de soumission, mais de dévotion.

EQUILIBRE INSTABLE [MEKRA]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant