Chapitre 6

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En débarquant à l'école le lendemain, Maé regrettait, une fois encore, ses excès de la veille. Elle avait dormi jusqu'au milieu de l'après-midi, avait été incapable de faire quoi que ce soit d'autre que comater comme une larve infâme devant sa télé, et elle culpabilisait. D'ordinaire, elle utilisait ses journées de repos pour travailler, se reposer et organiser la semaine à venir. Et depuis quelques temps, on était bien loin de ce fonctionnement bien huilé.

Elle s'était d'ailleurs promis de ne plus boire plus de deux verres dans la même soirée, et de surveiller l'heure à laquelle elle rentrait, pour éviter d'avoir une nouvelle fois à affronter un début de semaine de cours sans aucune énergie. Valentine, quant à elle, avait débarqué à l'école fraîche et enjouée, et n'avait pas manqué de se moquer gentiment de son amie.

- T'as vraiment une sale gueule ma jolie ! Elle ricanait

- Merci pour ces mots doux, Répondait Maé en feignant d'être vexée.

- J'ai ramassé hier en me réveillant, quand même. Mais bon, la vie est faite pour être vécue à fond ! Elle se satisfaisait en sortant ses affaires pour y noter le cours.

Elles tentaient de suivre attentivement le discours insipide, prononcé par une professeure sûrement en âge de séjourner en EHPAD, et qui s'adressait à ses étudiants comme s'ils n'étaient que des enfants. Et ça avait le don de profondément irriter Maé, qui ne parvenait pas à se retenir de souffler bruyamment. Elle était pourtant de nature patiente, mais là, vraiment, c'en était trop pour elle.

- J'ai besoin de dormir, j'en peux plus, se lamentait la jeune femme en s'affalant sur son bureau.

- C'est un coup à prendre, bientôt tu seras capable d'enchaîner tu verras. Elle ricanait

- Je pense plutôt que je vais arrêter de te suivre dans tes délires.

- C'était pas un délire, c'était mon anniversaire, s'offusquait Valou. D'ailleurs, c'est quand le tien ?

- Le 22 juin.

- Faudra organiser un énorme truc, j'ai déjà hâtes ! S'enthousiasmait la jolie blonde.

Comment pouvait-elle penser à ça, alors qu'elle-même devait traîner sa carcasse avec tant de difficultés ? Valentine débordait toujours d'énergie, elle était toujours enjouée, mais aujourd'hui, elle semblait véritablement être montée sur ressorts. Avant d'avoir pu lui demander si quelque chose de particulier la rendait si heureuse et si énergique, Maé avait dû se confronter à la curiosité puérile de son amie.

- Vous avez discuté un moment avec Hakim, je me trompe ?

- Mais arrête un peu avec Hakim, il m'a sorti d'une sacrée merde, il a pas dû vouloir me laisser seule après ça. Il a juste été sympa. 

- C'est pas sa caractéristique principale, ça. Elle riait. Il n'est pas du genre à sacrifier sa soirée pour une jeune femme en détresse...

- Tu te trompes visiblement. Elle contestait. Par contre, quand je suis arrivée, il avait sa langue dans la bouche d'une fille, qui au passage n'avait rien à voir avec moi.

- Une grande brune avec une robe taillée pour aller à sa petite-sœur ?

- Exactement elle, pouffait Maé.

- C'est une bouffonne. Personne ne l'aime, mais il semblerait qu'elle ait des arguments imparables, si tu vois ce que je veux dire. Bref. Moi, je sens qu'il y a quelque chose entre vous, ça crève les yeux !

EQUILIBRE INSTABLE [MEKRA]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant