Si elle avait été à Marseille, comme quelques jours auparavant, elle aurait pu se réfugier à l'ombre d'un olivier et aurait fait une sieste bercée par les cigales, pour essayer d'encaisser la canicule, avant de sauter dans la piscine de sa grand-mère. Mais elle était à Paris, et elle qui habituellement aimait l'été plus que tout, avait l'impression de fondre littéralement dans son appartement. En ce début de Juillet, l'air n'était pas que chaud, il était aussi lourd et étouffant. Le mistral, bien que pénible à souhait, lui manquait. Elle aurait aimé de l'air, elle aurait aimé sentir l'odeur iodée de la mer, mais elle devait se contenter de cuire à feu doux dans sa chambre de bonne, sous les toits.
Valou entrait comme une furie dans le studio de Maé, toujours surexcitée par les résultats de leurs partiels, et par-dessus tout par les vacances de rêve que lui proposait son beau rappeur. Elles avaient toutes les deux leur année, Ken s'employait toujours à la rendre profondément heureuse, elle n'était que joie, et rien ne pouvait entacher sa bonne humeur. Seulement en débarquant, elle faisait face à une Maé avachie dans son canapé, le visage sombre, avec pour seule compagnie, un ventilateur sur pied qui soufflait de l'air en sa direction.
- Bah c'est quoi cette tête ma jolie ?
- J'ai chaud. Et j'ai envie de me morfondre un peu. Se plaignait Maé.
- Je vais chercher des bières, ne bouge pas !
- Où veux-tu que j'aille... Elle grognait.
Valentine revenait quelques instants plus tard, deux bouteilles de Heineken fraîches, prête à écouter son amie se décharger de ses tracas. En général, c'était l'inverse, mais pour une fois, elle serait l'oreille attentive.
- Je vais devoir déménager. Elle commençait. Mon proprio vend l'appartement aux voisins pour qu'ils agrandissent.
- Si y'a que ça, y'a pas mort d'homme. Si ?
- J'aimais bien cet appart. Et le quartier aussi. Et puis j'ai la flemme d'organiser un déménagement.
- Tu sais, l'avantage d'avoir un troupeau d'humains bourrés de testostérone à disposition, c'est que quand on doit déménager, ça va vite et on n'a rien à porter. Elle essayait de plaisanter.
- Je vais pas les emmerder avec ça...
- Si tu ne leur demande pas, ils vont tirer la gueule pendant des semaines... c'est maladif chez eux, ils ont besoin de se sentir utiles.
- Mouais, je verrais...
La nouvelle était tombée quelques jours après qu'elle ne soit rentrée de sa virée surprise à Marseille. Son propriétaire vendait son appartement, et lui avait adressé un courrier, courtois certes, qui lui intimait de quitter les lieux à la fin de son bail. Et la fin de son bail allait vite arriver. Son père, terrorisé à l'idée que sa fille se retrouve à dormir sous un pont, s'était démené pour lui trouver un nouveau logement. Elle avait ses repères dans son studio, elle n'avait pas envie de repartir à zéro.
Valou comprenait bien que l'idée d'avoir à déplacer ses affaires d'un appartement à un autre, même si c'était épuisant, ne suffisait pas à rendre Maé si morose. En temps normal, elle ne débordait pas en permanence d'enthousiasme et de folie, mais c'était bien la première fois qu'elle la voyait si abattue et déprimée. Pourtant, elle avait fini major de sa promo, elle avait vu sa famille quelques jours avant, elle avait eu une chouette soirée d'anniversaire. Il y avait forcément un élément qui lui échappait, et elle se sentait obligée de creuser.
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EQUILIBRE INSTABLE [MEKRA]
Fanfiction"Pour croire avec certitude, il faut commencer par douter." HAKIM x MAE