Chapitre 17

3.4K 130 82
                                    

La crise de la veille allait laisser des traces et il savait qu'il allait lui falloir redoubler d'effort pour que Maé reste auprès de lui. Il avait perdu pied dans cette boîte de nuit, rongé par sa jalousie, il n'avait pas réussi à garder le contrôle, mais il comptait bien renverser la tendance. Alors, tôt le matin, il avait débarqué chez Maé avec un bouquet de fleurs gigantesque dans les mains, prêt à tout pour réparer ses bêtises.

- Qu'est-ce que tu fais là Jules ? Demandait Maé, avec amertume, en le découvrant sur le palier de son appartement.

- Mon cœur... Il commençait de sa plus belle voix larmoyante. Putain je suis tellement désolé pour tout ce que je t'ai dit hier soir...

- Tu es désolé ? Mais de quoi exactement ? Elle crachait. De m'avoir traitée de pute ? Ou de salope ? Tu crois que tu vas arranger les choses avec des fleurs ?

- Maé je t'en supplie, il faut que tu me croies, je suis le plus grand con de l'histoire des cons, mais quand je t'ai vue danser devant Hakim... J'ai réalisé à quel point je t'aime. Je t'aime, j'ai eu l'impression que j'allais te perdre, c'était insupportable...

- C'est en insultant les gens que tu prends le risque de les perdre. Elle claquait durement.

- Tu sais, il reprenait en lui attrapant la main doucement, jamais je n'aurais pu imaginer qu'une femme comme toi me regarde un jour. J'imagine déjà plus ma vie sans toi, faut que tu me croies. J'ai mal réagi, mais tu sais j'étais pas en colère contre toi, j'avais juste peur. J'avais peur que tu me laisses. J'avais trop bu, j'ai fait n'importe quoi. Je t'en supplie Maé crois-moi, ça ne se reproduira plus jamais. Je te le promets. Tu sais que je ne suis pas comme ça...

Sur le papier, elle aurait dû juger les mots et le comportement de Jules impardonnables. Mais il avait l'air si sincère, et si triste, elle le sentait si vulnérable, et si sensible, dans l'encadrement de sa porte. Elle n'oubliait pas la terrible sensation qui l'avait envahie lorsqu'il avait hurlé ces insultes dans un recoin de la boîte de nuit, mais le voir si désemparé serrait son cœur. Il tenait à elle, il l'aimait, il avait eu peur de la perdre. En le regardant dans cet état, elle ne pouvait que le croire.

De son propre chef, ou presque, elle avait alors décidé d'accorder une dernière chance au jeune homme, qui n'avait pas manqué d'être aux petits soins pour elle les jours qui avaient suivi. Elle retrouvait l'homme drôle, gentil et attentionné qui l'avait séduite, et sur le moment, ça suffisait à apaiser sa colère. Jules avait ce petit « quelque chose » d'attendrissant qui la faisait flancher.

Quant à Hakim, elle s'était confondue en excuse dès le lendemain, accusant l'alcool et le chagrin d'être responsables de sa perte de contrôle. Il lui avait assuré qu'il acceptait ses excuses, et que cela ne changeait rien à leur amitié, mais ça n'avait pas suffit à apaiser complètement le malaise qu'elle éprouvait en se remémorant les évènements. Elle appréhendait son attitude la prochaine fois qu'ils se verraient, et pire encore, ce qu'elle pourrait ressentir à son égard. A ces inquiétudes, s'ajoutait la culpabilité vis-à-vis de Jules, mais sans avoir à trop y réfléchir, elle avait décrêté qu'il était préférable d'oublier le fiasco qu'avait été cette soirée, et de se projeter dans l'avenir.

******

Il avait téléphoné à Maé tôt le vendredi suivant, de bonne heure, l'intimant de préparer un sac avec de quoi tenir le week-end, gardant secrète la destination qu'il lui proposait. Elle qui aimait prévoir et anticiper les choses, faire des listes pour ne rien oublier, se renseigner sur chaque destination qu'elle s'apprêtait à visiter, se sentait bien dépourvue face à cette surprise. Mais contrairement à ce qu'elle aurait ressenti quelques mois en arrière, elle ne paniquait pas. Elle appréciait, même. Elle avait le sentiment de pouvoir compter sur son petit-ami, et de pouvoir se reposer sur lui. Comme un pilier, comme un guide, elle se sentait légère auprès de lui, et en sécurité. Ça pouvait paraître bizarre, mais il lui rappelait son père. Ils semblaient avoir le même instinct protecteur, la même sensibilité et la même tendresse. Quand elle était avec lui, il s'occupait de tout, prenait les choses en main, et elle appréciait.

EQUILIBRE INSTABLE [MEKRA]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant