Chapitre 42

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Elle avait fini par trouver le sommeil, sur le matelas inconfortable de cet hôtel bon marché, les joues encore humides. Elle était vraiment tombée de fatigue, épuisée par ses sanglots et ses pensées. A son réveil, une migraine terrible la prenait, ses yeux la brûlaient et lui faisaient mal, et la taie d'oreiller tâchée de son mascara lui rappelaient la situation. Parvenant à se relever pour atteindre son téléphone, qu'elle avait volontairement ignoré alors qu'il avait vibré presque sans discontinuer pendant des heures, elle constatait la multitude d'appels manqués, de messages vocaux, de SMS, de notifications de tous les réseaux sociaux sur lesquels elle était inscrite. Il y avait Valentine, il y avait Ken, il y avait Idriss. Même Théo, qui ne se mêlait jamais des histoires des autres, avait essayé de l'appeler plusieurs fois. Elle prenait le parti de ne pas ouvrir les messages, terrorisée par ce qu'elle pourrait y lire. Elle avait peur qu'ils la détestent tous. Elle refusait de faire une croix sur eux, mais elle savait qu'ils allaient développer beaucoup de rancœur à son encontre.

Elle ressentait une pointe de déception et de chagrin en constatant qu'Hakim n'avait pas cherché à la joindre directement, mais elle n'était pas en mesure de lui reprocher quoi que ce soit. Elle savait que ce serait violent, mais elle pensait au fond qu'une discussion aurait été possible. Il n'avait rien voulu entendre, il s'était fermé, il s'était braqué. Elle aurait voulu prendre le temps de lui expliquer qu'elle partait pour mieux revenir, qu'elle avait besoin de cette expérience pour se consacrer à lui entièrement à l'avenir, que leur vie n'en serait que plus belle. C'était peut-être utopique, mais c'était sa manière d'appréhender la situation. Ce qu'il avait entendu, lui, c'est qu'il n'était pas assez important pour elle pour la convaincre de rester. Il avait entendu qu'elle préférait le quitter pendant des mois, plutôt que de se faire aider.

Rassemblant tout son courage, et avec surtout le besoin de parler, elle décidait finalement d'appeler Valentine. A l'avant dernière sonnerie, elle se sentait presque soulagée qu'elle ne réponde pas, mais juste avant que le répondeur ne s'active, elle avait décroché.

" - Putain, enfin tu rappelles !!! T'es où ? Dis moi que t'es pas encore partie ?! Elle criait au téléphone, visiblement paniquée

- Je suis pas encore partie...

- On est tous morts d'inquiétude, qu'est-ce qui se passe ? T'es où ? Elle répétait. Je te rejoins, il faut qu'on discute !

- J'ai dormi dans un hôtel, Hakim m'a demandé de partir.

- Ouais je sais... C'est Idriss qui nous a prévenu, il est pas bien du tout. Il a juste dit que tu étais partie. Tu vas vraiment le faire ? Laisse nous le temps d'en parler, y'a d'autres solutions que la fuite...

- Je pars demain Valou. J'embarquerais, quoi qu'il arrive. Elle indiquait, sûre d'elle.

- Tu veux bien me donner l'adresse de l'hôtel ? Elle insistait d'une voix douce. J'essayerai pas de te faire changer d'avis, je te le promets, je veux juste comprendre.

- Je te l'envoie par texto. Viens seule...

- Ok, bouge pas, j'arrive. "

Maé profitait de son dernier moment de calme pour trier les affaires qu'elle avait jetées dans son sac au hasard dans la précipitation. Elle avait l'impression de sentir l'odeur d'Hakim partout. Sur ses T-shirt, sur la toile du sac lui-même. Elle entendait son rire en tenant le soutien-gorge qu'il avait tant de mal à détacher. Franchement, depuis quand un soutien-gorge s'attachait par devant ? Elle voyait son regard brûlant en tenant la robe qu'ils avaient achetée ensemble et qu'elle avait essayée devant lui. Il l'adorait, cette robe, et lui disait à chaque fois combien elle était sexy dedans. Il lui manquait déjà tellement fort, que ça lui donnait la nausée. Elle était sûre de sa décision, mais ça faisait tellement mal.

EQUILIBRE INSTABLE [MEKRA]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant