EQUILIBRE INSTABLE [MEKRA]

Chapitre 27

Le réveil était doux.

En ouvrant les yeux, il lui fallait quelques fractions de secondes pour réaliser pleinement où elle se trouvait. Visiblement, ce n'était pas un rêve, elle était bien dans le lit d'Hakim, nue, et soulagée. Fatiguée, un peu aussi. Si la tendresse avait été de rigueur les premiers instants, elle avait vite laissé place à la fougue. La nuit avait été courte, en somme. Comme s'ils avaient eu une éternité à rattraper, ils s'étaient lancés corps et âmes dans des étreintes passionnées, redécouvrant leurs corps, qu'ils connaissaient en somme si peu.

Hakim n'était plus à ses côtés, dans ce grand lit. Elle aurait pu s'inquiéter de son absence, mais la musique qui résonnait à l'autre bout de l'appartement attestait de la présence du jeune homme. Il lui était impossible de deviner l'heure qu'il était, et elle avait horreur de ça. Elle cherchait son téléphone du regard, pour s'en informer, mais il semblait pas dans les parages. Ce sentiment désagréable se dissipait en fin de compte rapidement. Elle était chez lui, auprès de lui et peu importait l'heure. Ils auraient tout le temps de profiter l'un de l'autre à présent, elle en avait la certitude.

Elle quittait les draps qui la recouvraient pour se vêtir d'un caleçon d'homme et d'un Tshirt Seine Zoo Record trouvés dans l'armoire d'Hakim, et se dirigeait vers la cuisine.

Alors qu'elle s'appuyait sur l'encadrement de la porte, la vision que lui offrait le jeune homme était incroyablement satisfaisante. Torse nu, une tasse de café fumante à proximité, et un stylo à la main, il était plus que jamais concentré sur son carnet. En le voyant ainsi, un immense sourire se dessinait sur son visage. Elle le trouvait beau. Et attirant. Et sexy.

Elle aurait aimé être un petit koala, pour pouvoir s'accrocher à son dos en permanence, et ne plus jamais le lâcher. C'était presque trop beau pour être vrai, elle avait la sensation d'être revenue à l'adolescence, et les papillons qui virevoltaient dans son ventre semblaient n'en faire qu'à leur tête. Et pour une fois, elle appréciait vraiment de ne pas pouvoir les contrôler.

Elle s'approchait à pas de loup, consciente qu'il ne l'avait pas entendue arriver, et se contentait dans un premier temps d'enrouler doucement ses bras autour de son ventre et de poser sa tête contre son dos. Visiblement surpris, il fermait sans attendre son carnet et se retournait brusquement vers Maé.

- Tu m'as fait peur !

- Tu avais déjà oublié qu'une femme dormait dans ton lit ? Elle demandait en riant.

- Comment j'aurais pu oublier, il rétorquait en embrassant sa tempe.

- T'aurais dû me réveiller... elle murmurait dans un soupire.

- T'avais l'air de bien dormir, Il répondait sobrement, en faisant s'abaisser les commissures de ses lèvres.

-Tu faisais quoi ?

- J'écrivais un truc...

- Je peux lire ?

- C'est mort, il pouffait, visiblement gêné.

- Quoi ? Ça parle de moi ? Elle demandait, pour le taquiner.

- Peut-être... Mais je m'appelle pas Ken moi, compte pas sur moi pour t'écrire des poèmes. J'avais juste envie d'écrire un truc qui me passait par la tête.

Elle n'insistait pas, bien consciente qu'il était difficile pour lui de se confier, et sûrement encore plus difficile de faire lire ses pensées les plus intimes qu'il couchait sur papier. C'était quelque chose qu'elle appréciait chez lui, elle ne s'imaginait pas le forcer à quoi que ce soit.