Chapitre 1

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Il était seulement midi, quand le taxi déposait Maé devant son immeuble. L'excitation, exacerbée par l'inconnu, prenait possession de son corps, et elle partait sans plus attendre à la découverte de son nouvel environnement. En poussant la porte de son appartement, elle réalisait soudain l'étroitesse de l'endroit. Une pièce principale de quelques mètres carrés seulement, une kitchenette dans un coin, un canapé-lit, une télé, un placard. Dans un autre coin, une porte qui menait à la salle de bain équipée avec tout autant de minimalisme. Elle qui adorait prendre un bain le dimanche matin, notait la présence d'une baignoire, bien qu'un peu petite, qui ferait l'affaire pour poursuivre sa tradition.

Malgré la petite superficie et la froideur de cette cage à poule aux murs blancs et sans aucune décoration, la jeune Marseillaise se sentait plutôt à l'aise. Elle n'avait pas apporté énormément d'affaires dans ces bagages, ce serait amplement suffisant pour tout y faire rentrer. De toutes les manières, elle n'avait clairement pas le budget pour espérer habiter dans un grand appartement Haussmannien, malgré l'aide financière conséquente de son père, alors autant faire preuve de positivité. Elle allait s'approprier cet endroit, elle allait se sentir chez elle, et elle allait vivre ici de grandes choses, elle en était convaincue.

Sans attendre, et portée par l'adrénaline, Maé commençait à déballer ses affaires, à réfléchir à une organisation optimale, à ranger. Elle ordonnait ses idées dans son esprit, puis les matérialisait sur papier. Il était important pour elle d'écrire les choses, elle avait une mémoire visuelle, et coucher ses idées sur le papier lui permettait de s'en imprégner. 

Elle n'avait rien pour se nourrir, à peine de quoi se laver, et voir ses placards vides lui foutait un peu le bourdon. Elle pouvait accepter la solitude, mais à la seule condition d'avoir des placards pleins de nourriture, et idéalement, pas de la nourriture super "Healthy." Alors elle attrapait ses clés, et s'élançait dans la rue à la recherche de commerces. Rapidement, ses membres s'étaient raidis. Le mois de septembre venait de débuter, et les températures étaient radicalement plus froides qu'au bord de la méditerranée. En mettant ses mains dans ses poches, la sensation encore plus froide de son téléphone contre ses doigts l'avait fait sursauter.

- Merde, Papou ! Elle criait pour elle-même

Sans attendre, elle lançait l'appel, prête à se prendre une soufflante de son père. A moins qu'il ne soit déjà mort d'inquiétude, ou en route pour Paris.

- Maé ! Tu devais m'appeler dès que tu arrivais ! Ça fait des heures que j'essaye de te joindre.

- Pardon Papou, j'ai complètement zappé, et puis après j'ai commencé à ranger mes affaires, je n'ai pas regardé mon téléphone !

- Je me suis inquiété putain ! Je veux que tu gardes ton téléphone allumé et avec le son activé, non-stop !

- Je suis vraiment désolée, j'ai pas percuté, je pensais à trop de choses...

En sentant la voix de sa fille devenir fébrile et tremblante, Laurent avait senti que sa colère s'était immédiatement effacée. Il devait avoir le rôle de celui qui protège et qui rassure, et ne pas se laisser gagner par la panique dès qu'il restait quelques heures sans nouvelles.

- On oublie Maé, ça ne fait rien, mon cœur devrait s'en remettre. Tout va bien ?

- Oui, je suis sortie faire quelques courses, je vais en profiter pour aller m'acheter des moufles je crois, ça caille ici ! Elle lançait d'un ton jovial, pour détendre l'atmosphère.

- Quelle idée aussi d'aller dans le grand nord à l'approche de l'hiver... Ma chérie, je te rappelle ce soir si tu veux, je rentre en réunion. Je t'aime, tu fais attention à toi !

EQUILIBRE INSTABLE [MEKRA]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant