Chapitre 5

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— Marraine, chuchote une petite voix, maaaraineee.

— Ewen laisse-la dormir, chantonne une voix féminine

— Mais elle est réveillée !

Un petit corps se glisse à côté de moi en rigolant. Sa petite main dessine des cercles minuscules le long de mon bras. Il n'y pas de manière plus agréable de se réveiller. J'ouvre les yeux doucement pour me trouver face à face avec ceux d'Ewen. J'entends le doux rire qui le caractérise.

— Tu vois, maman ! Elle a ouvert les yeux.

Il se jette sur moi pour me faire un énorme câlin. Il m'étouffe presque mais ça ne me fait rien. J'entends le doux rire de Maria qui résonne derrière lui puis je la vois apparaître. Elle essaye de décoller en douceur la petite crevette qui s'accroche à moi mais elle finit par renoncer.

— Comment te sens tu ? me demande-t-elle

— Plutôt bien, enfin, je crois, hésité-je en me relevant péniblement.

J'ai l'impression d'avoir été écrasé par une voiture tant tous mes muscles me font mal. Pour autant, je ne ressens aucune douleur là où j'aurai dû en avoir. Il m'a complètement guéri.

— Tu nous as fait très peur, poursuit Maria inquiète.

— Je suis désolée.

Je sens le corps d'Ewen s'alourdir contre le mien et je constate qu'il s'est encore endormi de fatigue dans mes bras. Cela ne m'étonne plus. Il l'a fait tellement de fois depuis sa naissance que ça ne nous inquiète pas. On sait que c'est parce qu'il n'a pas achevé sa transformation. On sait que c'est à cause de moi.

Après un petit silence pendant lequel la main de Maria recoiffe délicatement les cheveux de son fils elle finit par annoncer :

— Je sais ce que tu traverses en ce moment, ma belle, je suis déjà passée par là.

— Tu vas me forcer à accepter ? Je demande anxieusement.

— Non pas du tout, rétorque-t-elle bienveillante, je vais seulement te donner les éléments qui m'ont poussé à accepter. La première raison se trouve dans tes bras.

Je regarde Ewen, qui a l'air d'un véritable petit ange, blotti en boule contre moi.

— Tu n'avais pas Ewen à ce moment-là, annonçai-je.

— Certes, mais c'est une conséquence directe de ce choix : ma famille. Je n'aurai jamais eu tout ça, sans le lien des âmes. Moi qui refusais de me trouver en présence des loups, je regrette maintenant de ne pas en être une.

Je vois souvent Maria regarder Riley et Ewen, lorsqu'ils sont sous leur forme lupine, de manière envieuse. Je me suis souvent dis que cela devait être dure pour elle de n'être qu'une humaine. Si j'accepte, peut-être que, plus tard, je ressentirai la même envie en regardant mon mari et mon fils. L'envie de partager leur condition de loup. Je me reprends aussitôt que cette pensée traverse mon esprit. Je ne souhaiterai jamais être louve, sinon je ne pourrai pas retrouver ma sœur.

— Tu as aussi vu l'état dans lequel s'est trouvé Riley quand j'ai refusé, tu étais la plus proche de lui, ça aurait pu le tuer. Ton âme-sœur supporte mieux ce rejet car il est un alpha, ce qui n'était pas le cas de Riley à l'époque. En plus, c'est un loup noir, il pourra peut-être tenir un an ou deux. Mais il finira par dépérir et ce sera encore plus brutale que pour Riley.

— Je sais tout ça...

Des larmes commencent à couler le long de mes joues.

— Je sais ce que la mort d'un alpha engendre, je sais qu'il ne sert à rien d'échapper au lien des âmes car il vous rattrape toujours, je sais ce qui se passera si j'accepte.

Le Loup de KaylaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant