Chapitre 56 pdv Kayla

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Quand je retrouve la villa, je suis submergée par le bonheur. C'est comme si rien n'avait changé, comme si je n'étais pas partie. Comme cette maison m'avait manqué !

- Reste dans la maison, je vais voir où ils en sont, m'indique Luke.

- Attends ! lancé-je en le voyant partir.

Je m'élance pour le prendre dans mes bras et le serrer aussi fort que possible. Lui aussi, il m'a manqué.

- Je suis content que tu sois rentrée, souffle-t-il en me rendant mon étreinte. Ne t'inquiète pas, on va gérer tout ça ensemble.

Mais c'est quoi tout ça ? qu'est-ce qui s'est passé pendant ces deux mois ? Aaron a-t-il fait autant de dégâts en si peu de temps ? Je croyais qu'il s'était contenté d'attendre à Arden que Lou lui vienne en aide. Je me concentre pour essayer de parler à celle-ci mais je me heurte à un mur.

Lou, tu m'énerves ! Et me retrouver toute seule après tout ça n'arrange rien. « Tu n'es pas toute seule. Tu ne seras plus jamais seule. » C'est une menace ? m'amusé-je. « Non, une promesse ». Je t'aime Aiden, lancé-je avant de m'en rendre compte. Les mots sortent tous seuls quand je parle dans ma tête, sans philtre. « Je t'aime Kayla, tu es mon monde »

Mon cœur fond d'amour pour lui, littéralement. Je ne sais vraiment pas comment j'ai fait pour vivre tout ce temps sans lui. Lou a beau dire que c'est l'effet du lien, je ne le ressens pas de cette manière. Aucune obligation, aucun fardeau, juste une sensation profonde d'évidence.

Doucement, je me balade dans la maison en observant chaque pièce. J'y retrouve les détails qui font que je me sens chez moi. Sur la table, des papiers ont été éparpillé par Aiden. Je reconnais son écriture et ses ratures. Il a investi la salle à manger en guise de bureau et quand je monte à l'étage je comprends pourquoi.

La pièce est sens dessus-dessous et le bureau est brisé en deux. Il y a des brisures de bois dans tous les coins par-dessus des tonnes et des tonnes de papiers. « J'ai eu du mal à me faire à ton départ » m'explique Aiden avant que je n'aie à me poser la question. Je vois ça. Je ne te savais pas aussi...impulsif. « Un mélange de mon caractère et de celui de Key, quand on nous prive de ce que nous avons de plus précieux...»

Je souris malgré-moi, comment lui reprocher un aussi joli discours ?

A l'étage du dessus, j'inspecte nos chambres. Pour la sienne, c'est le même schéma, du désordre à l'état pur, un vrai chao. Dans la mienne, en revanche, c'est comme si je n'étais jamais partie, seuls les draps du lit sont défaits, signe que quelqu'un a dormi ici et j'ai une petite idée de qui. « J'avais besoin de ton odeur... » explique-t-il penaud. « Même si elle s'est rapidement dissipée. »

Cela aussi devrait me faire sourire, à la place je ne ressens que de la peine. Un mois entier... Quand nous avons été séparés une semaine, il en avait grandement souffert, lui comme Key. Je n'ose pas imaginer ce qu'ils ont dû endurer seul pendant tout ce temps. Des larmes glissent toutes seules sur mes joues dans le même temps que ses souvenirs se déroulent dans ma tête comme si je l'avais vécu moi-même.

« Pardon, je n'ai pas fait attention à mes pensées »

Mais je n'entends pas ce qu'il me dit, rejouant en boucle sa peine et sa douleur, celle de Key aussi. Ça me submerge, complètement. « La douleur de l'autre est la plus dure à supporter, comme ce qu'a fait Lou. Gérer les émotions de quelqu'un d'autre est plus dure qu'il n'y parait. Kayla ? Tu m'entends ? Mets les souvenirs de côtés. Ne les laisse pas te submerger. Kayla ? »

Je suis là. Je peine à formuler une pensée cohérente mais je l'entends. « Très bien, va sur ton bureau. Tu peux le faire. »

Je me concentre sur ce qu'il me demande de faire et pas sur les émotions que je ressens. Pas après pas, jusqu'au bureau. Qu'est-ce que je fais maintenant ? « Je les ai laissés là où tu les as mises. »

Pendant un instant, je me demande de quoi il parle puis je les vois. Son premier cadeau. Mes fleurs qui ne faneront jamais, pas tant qu'il sera avec moi. « Je suis avec toi » confirme-t-il « Je serai toujours avec toi et tant qu'on sera ensemble, aucun de nous deux ne peut souffrir »

J'acquiesce même s'il ne peut pas me voir. Malgré tout, les images continuent de me hanter dans ma tête, comme un écho à ses propres pensés, un cercle vicieux qui ne veut pas s'arrêter. « Je vais me déconnecter, ça va te permettre de gérer tes propres pensées »

Au lieu de me réjouir, cela m'inquiète davantage en me faisant paniquer. Ne me laisse pas ! « Jamais. Je suis toujours là, mais tu ne pourras pas voir ce que je pense ou ce qui se passe là où je suis. » et comme ça, je sens que je ne vois plus ce qu'il lui appartient. Plus rien. C'est à ce moment que je prends conscience à quel point cela m'affecte. Que ce soit avec Lou ou Aiden, ressentir ce qu'ils ressentent n'est pas une mince affaire.

« C'est mieux ? » me demande-t-il soucieux. Je crois, enfin j'ai l'impression. C'est juste que...ça fait bizarre. « Tu dois encore t'habituer à tous ces changements, ça fait beaucoup pour toi, normalement les loups apprennent à le maitriser en bas âge quand leur cerveau est encore malléable, ils s'adaptent facilement comme Ewen. » Tu essaies de me dire que je suis vieille ? taquiné-je.

« Dans le monde des loups, on peut te considérer comme un bébé » s'amusa-t-il. Dis ça à Lou, je suis presque sûr que ça lui fera revenir son envie de te tuer.

Je porte les fleurs à mon visage pour en sentir leur odeur et de nouveau un tourbillon de bien-être m'emporte. Je suis de retour à la maison. Il ne manque qu'une seule chose pour en faire mon chez moi.

« Quoi donc ? » s'intéresse-t-il. Il me faut l'homme le plus important de mon existence. « Je crois qu'Ewen est un peu trop loin pour toi » Je pouffe sans pouvoir me retenir.

Tu veux que je le dise à voix haute ? « Pas la peine, je lis déjà dans tes pensées » pérore-t-il. « Et tes désirs sont sur le point de devenir réalité ».

En bas, j'entends la porte d'entrée s'ouvrir. Dans le même temps, une brise d'air m'apporte l'identité de mon visiteur. J'ignore depuis quand mon odorat est aussi développé mais je sais que l'homme que j'attends se tient en bas.

- Aiden ! m'écrié-je ravie. 

Le Loup de KaylaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant