Le Loup de Kayla

Chapitre 33

Quelques temps plus tard, trois petits coups sont donnés contre la porte. Doucement, celle-ci s'ouvre sur Aiden. Un silence accueille son arrivée, avant qu'il ne le brise.

— Tu me voles encore mon lit ? demande-t-il doucement.

— Je me sens plus proches de toi ici, déclaré-je sur le même ton.

Il se rapproche du lit et vient s'assoir sur le sol, juste devant moi. Son regard est posé dans le mien.

— La chambre que tu as, m'apprend-il, normalement c'est là-bas que je dors. Cette pièce-ci, me sert de bureau à l'origine. On l'a déplacé en bas pour pouvoir en faire une seconde chambre et que tu puisses avoir ton espace à toi sans être trop loin de moi.

— L'étage du dessous c'était déjà trop éloigné? demandé-je en souriant.

— Une distance insoutenable, confirme-t-il en faisant de même.

Je baisse mon regard pour jouer avec un fil de mon jeans.

— Comment va Justine ? murmuré-je tout bas.

— Elle n'a rien, elle a déjà guérie.

— D'accord...

Sa main vient se glisser près de la mienne et mes doigts s'entrelacent aux siens.

— Je ne sais pas ce qui m'a pris, expliqué-je difficilement. Elle a dit... et moi...

Je serre sa main avec la mienne. Ma main qui a fait ça à Justine. J'ai fait ça à Justine.

— Je n'ai jamais été comme ça, m'horrifié-je en secouant la tête.

— Je sais... confirme-t-il.

— Je voulais tellement être une bonne Luna ! Je voulais avoir ma place dans la meute, me lamenté-je.

— Eh bien... fait Aiden avec un léger sourire, la plupart des personnes qui ont eu vent de la scène trouve ça impressionnant, même pour une chasseuse en sommeil.

Ça ne me rassure pas tellement qu'on me voit de cette manière. Ce n'est pas la première impression que je veux qu'il retienne de moi. Pour eux, je serais la Luna qui a cassé le nez d'une lycéenne.

— Une chasseuse en sommeil ? relevé-je intriguée.

— C'est de cette manière qu'on appelle les personnes affiliées aux chasseurs mais qui ne sont pas en activités. Il y en a deux autres dans la meute, un père et son fils.

Je reprends le silence quelques secondes. Je suis encore bouleversée par ce qu'il s'est passé.

— Qu'est-ce qu'elle a dit ?

La scène se rejoue dans ma tête, dans son intégralité. Je revois l'instant précis où elle se rapproche de moi, où ses lèvres chuchotent ces méchancetés. Rien d'excessif en soi, mais certainement pas assez pour mériter ce que je lui ai fait.

Il ne réagit pas. Il me regarde encore avec ses yeux qui attendent une réponse alors que je viens de tous lui montrer dans mon esprit. Comme s'il n'avait rien vu. Je fronce les sourcils sans comprendre.

— Je t'ai tout montré non ? m'étonné-je.

Il fronce les sourcils à son tour avant de sourire nerveusement.

— Tu n'en as peut-être pas conscience, Kayla, mais tu ne me laisses plus entrer dans ta tête depuis ce qui s'est passé hier.

— Mais si, je...

Je m'interromps tandis qu'il secoue la tête de droite à gauche. J'essaie de me souvenir de la dernière fois qu'il était dans ma tête. Je sais que je ne lui ai envoyé que des messages écrit hier et aujourd'hui.

— Tu ne me parlais plus par la pensée avant d'entrée au lycée, explique-t-il, mais, après ton malaise, non seulement tu ne me parlais plus de cette manière mais je n'arrivais pas non plus à t'entendre...

— Qu'est-ce que ça veut dire ?

— Key peut ressentir tes émotions, pas dans leur intégralité. Il sent juste si tu es heureuse, triste ou bien même en colère. Il n'entend plus rien depuis hier, comme lorsque notre lien est rompu.

Je fronce les sourcils, inquiète. Comment ça notre lien est rompu ? Je sers sa main dans la mienne. Je le sentirai si notre lien n'était plus là. Je tente de lui parler par la pensée. « Aiden ? ». Je ne reçois aucune réponse de sa part. Je retente une nouvelle fois, en lui ouvrant toutes les portes de mon esprit. Aiden !

— He... souffle-t-il en me voyant paniquer, qu'est-ce qui se passe ?

— Je n'y arrive pas ! bredouillé-je. J'essaie de te parler mais je n'y arrive pas !

Il se lève immédiatement pour me prendre dans ses bras en voyant que je commence de nouveau à faire une crise d'angoisse.

— Ce n'est rien, Kayla, tente-t-il de me rassurer. Le lien est toujours là ! Ce n'est pas grave !

— Si, c'est grave, m'horrifié-je. Je te veux dans ma tête, Aiden ! Je te veux et je n'arrive pas à t'y mener !

Une douce chaleur envahit mon corps, il me transmet son énergie qui passe dans tout mon être.

— Je suis juste à côté de toi, indique-t-il en me serrant un peu plus contre lui, juste là.

Son énergie me rassure progressivement. Je me sens tellement sereine dans ses bras.

— Je te veux plus près, imploré-je en m'accrochant à lui. Je t'en prie !

Je rapproche mes lèvres des siennes et j'attends qu'il décide de lui-même de m'embrasser. Ce qu'il ne tarde pas à faire. Il continue de m'embrasser, passant de mes lèvres à mon cou. Cette sensation est délicieuse mais je veux tellement plus, tellement, tellement plus.

Mon t-shirt se retrouve par terre sans que je ne m'en rende compte. Ses mains sur mon corps sont aussi douces que ses baisers. Mes mains font de même sur le sien, passant sous son haut.

Sa langue se faufile jusqu'à ma bouche tandis que ses hanches s'enfoncent contre les miennes. Je suis submergée par le plaisir mais j'en veux plus, tellement, tellement plus.

— Encore... quémandé-je dans un gémissement.

Il s'écarte de moi une seconde pour me regarder dans les yeux, me demandant silencieusement une permission que je lui accorde sans attendre.

Si le lien est le prix a payé pour poursuivre, alors je l'accepte sans hésitation. Je n'en peux plus de devoir attendre. Je n'en peux plus d'être loin de lui. Je le veux constamment près de moi. Je ne veux pas être séparée de lui une seule seconde de plus.

Il s'empresse de retirer son haut et je ne peux le contempler qu'une seconde avant qu'il ne retourne sur mes lèvres. Nos mains parcourent l'ensemble de nos corps, s'arrêtant le temps d'une caresse.

— Aiden, sussuré-je entre deux baisers.

— Kayla... gémit-il.

De nouveau, sa bouche se dirige vers mon cou. Il marque une hésitation avant d'y poser ses dents. Ça y est, il va me mordre. Le lien va s'accomplir.

NON ! hurle mon esprit. Mes bras se plaquent contre le torse d'Aiden et le repoussent de toutes mes forces. Tellement fort que Aiden se retrouve propulser deux mètres en arrière, heurtant violement le mur.

— Aiden ! m'horrifié-je instantanément.

Il se relève, un peu sonné, en fronçant les sourcils.

— Ça va, assure-t-il en se grattant douloureusement la nuque.

Le mur a cédé sous la force de l'impact. Des fissures sont apparues, et le placo s'est comme enfoncée. C'est moi qui ai fait ça. Si Aiden n'avait pas été un loup, il aurait été blessé ou pire. Je regarde mes mains comme si elles m'étaient étrangère. Elles reflètent ma peur en tremblant.

— Qu'est-ce qui m'arrive, Aiden ? murmuré-je apeurée.