Chapitre 51 pdv Kayla

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Lou ? questionné-je. Tu es là ? Tu as l'audace de poser la question alors que c'est toi qui disparais sans prévenir ?

J'ai encore eu un blanc, je ne sais pas combien de temps. Deux jours, explique-t-elle. Il y a du progrès, mais je te sens toujours épuisée. J'essaie vraiment de rester éveillée. Est-ce que... est-ce que je suis en train de m'effacer ?

Cette idée me fait peur à admettre mais c'est surement ce qui est en train de se passer. Tu ne peux pas disparaître. Je ne peux pas prendre ta place. On dirait que c'est ce que tu fais pourtant. Tu as eu 17 années dans ce corps, partage un peu.Je ne vais pas passer 17 ans dans cette forêt ! m'horrifié-je en me recroquevillant sur moi-même.

Je déteste cette forêt. J'ai l'impression d'être de nouveau une petite fille, de vivre mon cauchemar dans la vraie vie. D'attendre cachée derrière un arbre qu'on vienne me trouver. Qu'Aiden m'emmène loin du massacre. Quel massacre ? s'intéresse-t-elle soudainement.

Je n'ai pas envie de lui expliquer avec des mots alors j'essaie de penser à ce que je revois dans mes cauchemars. Peut-être qu'elle peut le voir. Tes pensées n'ont aucun secret pour moi. Alors je lui montre la totalité de mes songes. Mes parents, nos poursuivants. La neige, la forêt. Le sang, beaucoup de sang.

Tu avais quel âge ? 6 ans. Pas étonnant que tu fasses encore des cauchemars. Aiden m'aide beaucoup avec ça, il est génial. Cette-fois ci, je lui montre la manière dont il est présent à mon réveil et comment il a réussi à bloquer mes rêves.

Tu ne l'as pas vu depuis plus d'un mois, et tu n'as fait aucun cauchemar, me fait-elle remarquer. Peut-être qu'il n'est pas si utile que ça... pour ça il faudrait que je fasse de véritables nuits et, dans cet espace, je n'ai pas l'impression de dormir réellement. Hannah se glisse dans ma mémoire à la suite de mes pensées. Je la revois au Zoo, parlant avec ses amis, le sourire aux lèvres. Elle avait l'air heureuse.

Kayla... c'est la première fois qu'elle m'appelle par mon prénom, étrangement je lui accorde toute mon attention. Tu as compris ce que ça impliquait que d'être une louve ? vis-à-vis d'Hannah et de tes... « parents ». Je sens les guillemets dans le timbre de sa voix. Je n'y avais pas encore songé auparavant ou plutôt j'aurai préféré ne pas arriver à cette conclusion.

Ce ne sont pas tes parents... lance-t-elle à ma place. Ils resteront toujours mes parents, contredis-je, et Hannah sera toujours ma sœur peu importe ce que tu en penses. Je n'ai aucun problème à m'attacher à mes liens, moi.

Tu n'es pas un peu curieuse ? de savoir qui sont tes géniteur ?. Tu as une louve blanche ! Ce n'est pas rien. Je sais que ce n'est pas rien mais je sais aussi ce que ça veut dire. Tu es la dernière louve blanche. La dernière. Qui que soient mes parents biologiques, ils sont morts.

Et je ne veux pas savoir qui les a tués parce que j'imagine très bien ce qui a pu se passer. Je ne veux pas avoir la preuve, noir sur blanc, de ce qu'ils ont fait. C'était déjà assez pénible qu'ils aient pu y participer. Il en reste peut-être d'autres... qui se cachent, souffle-t-elle.

Cette fois-ci sa voix résonne d'espoir. Je le sens. Tu veux retrouver tes semblables ? Je ne peux pas être la dernière.

Je lui montre l'épisode du Zoo, elle était déjà partiellement là puisque c'est elle qui m'a conduit dans l'enclos mais elle n'a peut-être pas connaissance de la fin. Il est mort ? demande-t-elle la voix vibrante.

C'est la première fois que je la sens ressentir une émotion différente de la colère.

Il m'a protégé tu sais, face aux autres loups. Est-ce que...par hasard... tu le connaissais ? Non, mais lui...il a reconnu la louve en toi. C'est ce qui m'a attiré là-bas. Si j'avais pu garder le contrôle plus longtemps, j'aurais pu lui poser des questions.

J'ai envie de pleurer, je suis envahie par une tristesse dont je ne soupçonnais même pas l'existence. Après l'incident du Zoo, j'ai ressenti la même chose et tout s'est enchainé très vite.

C'est ma tristesse que tu ressens, m'explique-t-elle après un temps. Nos émotions sont étroitement liées. Comme quand Aiden et Key pouvaient lire en moi. Sauf qu'aujourd'hui c'est l'inverse, je ressens des émotions qui ne sont pas les miennes. J'essaie d'y faire face mais c'est difficile sans savoir d'où ça vient. Ça m'a fait la même chose il y a deux jours, j'ai été réveillé par ta panique.

C'est ce qu'on va ressentir à chaque fois que l'une de nous vivra une émotion forte ? il y a de grandes chances. Et ça, ça ne te fait pas peur ? Pourquoi ça me ferait peur ? Tu refuses d'être liée à Aiden mais pourtant toutes les deux... nous sommes liés. Pour toi, je ne peux plus rien faire, pour Aiden j'ai encore une chance. Ravie d'être un aussi gros inconvénient pour toi.

J'aurai laissé le court des évènements se suivre si Aiden ne m'avait pas lié à toi en me donnant son énergie. Tu aurais été tranquille. Tu aurais eu ta vie et j'aurai eu la mienne.

Elle est sincère, je le sens et si elle l'est je me dois de l'être également. Avec tout ce qui s'est passé avec mes parents. Tes parents adoptifs, corrige-t-elle avec nonchalance. Si tu veux... grommelé-je légèrement agacée. A cause de ça, je ne voulais pas d'un âme sœur loup. Je voulais vivre parmi les humains, confié-je, Ewen mis à part.

Donc... tu ne peux pas nier qu'Aiden est la source de tous nos problèmes et qu'on irait toutes deux beaucoup mieux sans lui ?

Sa réflexion m'arrache un sourire même si je ne pense pas du tout comme elle. Tu ne le connais pas, Lou. Aiden est... la perfection, oui je sais, j'avais compris, raille-t-elle et je jurerai l'entendre lever les yeux au ciel d'exaspération ce qui m'arrache un nouveau sourire. Il est mon monde, terminé-je. Aiden est mon monde. 

Le Loup de KaylaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant