Le lendemain matin, quand il me réveille, je mets quelques temps à reprendre mes esprits. Il me tient dans ses bras comme il l'a fait durant ses trois derniers jours.
— Aiden... ou... Key ? demandé-je en reprenant mon souffle encore perdu dans mes songes.
— C'est moi, me souffle-t-il avec tendresse.
Je souris, parce que ce moi pourrait être aussi bien Key que Aiden. Prise par une impulsion je l'embrasse et quand il me répond avec douceur je sais qu'il s'agit d'Aiden. Finalement, je m'écarte et tourne la tête sur le côté, les joues plus rouges que jamais. « Elles ne sont pas si rouges » me contredit-il. Je garde ma tête sur le côté, il n'a pas besoin de voir mon visage pour savoir à quoi je pense. Je sais qu'il ne me quitte pas des yeux. Je m'applique à remettre ma barrière mentale.
— Je suis désolé. Je me suis laissé emporter par les évènements, explique-t-il, je n'ai pas eu le temps de te prévenir que mon loup allait arriver.
— Une arrivée fracassante, taquiné-je.
— Depuis que j'ai repris le contrôle, il ne cesse de me jurer qu'il s'est bien comporté, mais... je le connais trop pour savoir que ce n'est pas possible.
— Il m'a séquestré dans la salle de bain, a refusé de me donner à manger et m'a embrassé de force !
Je l'entends rire et je me retourne en affichant la même mine amusée que lui.
— Il proteste avec véhémence, commente Aiden.
— Bonjour, Key.
— Bonjour, princesse.
Je sais que c'est le loup qui a parlé. En dehors des jours de pleine lune, il peut le faire si Aiden lui donne son accord. Je garde mes distances et j'attends que Aiden revienne. Je ne m'attendais pas vraiment à ce qu'il me réponde lui. Il remet une mèche de mes cheveux en place, avec délicatesse.
— Petite balade dans la forêt ? propose-t-il et je sais qu'il est de nouveau là.
Je souris et je plonge ma tête entre mes jambes pour me dissimuler. Est-ce que nous allons passer toute la journée ensemble comme avant-hier ? ou même hier si on compte le fait que Key était avec moi tout le temps. J'ai besoin de faire le point sur la situation. J'avais l'habitude d'être seule quand j'étais chez Riley. A l'école de l'orphelina on ne nous obligeait jamais à travailler en groupe, qui sait combien de temps les pensionnaires allaient rester avant de trouver une famille. J'étais la plus ancienne, j'ai vu tout le monde partir les uns après les autres et aujourd'hui c'est moi qui suis partie.
— Besoin d'un peu de solitude ? devine-t-il près de moi.
— Je crois, enfin... non. Oui. Je ne sais pas. Je n'ai pas l'habitude...
— Tu as le droit...
— Tu as dit qu'il fallait que je reste près de toi, protesté-je faiblement.
— La maison, le territoire c'est toujours près de moi, annonce-t-il. Pour être honnête, je savais que ça allait arriver. Je n'allais pas te suivre dans tes salles de classes.
Il pose sa main dans mon dos, effectuant les mêmes lents va et vient que lorsqu'il m'a sorti de mon mauvais rêve.
— La proximité physique n'est pas indispensable mais j'en profite tant que je peux.
— Ça t'aide ?
— Beaucoup, affirme-t-il, te toucher ça me fait prendre conscience que tu es bien là.
« Plus que quand je suis dans ta tête ? » Il semble réfléchir quelques instants. « Je crois que oui ou du moins ça m'aide à me rappeler l'évidence » « Je n'ai pas envie de te retirer ça... »
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Le Loup de Kayla
Manusia SerigalaAvant j'étais seulement humaine, j'étais Kayla. Maintenant, je ne sais plus. J'ignore si je suis Kayla, l'humaine, Kayla, la chasseuse ou Kayla, l'âme sœurs d'un loup noir. Dès que ses yeux ont croisés les miens, ma vie a pris un tournant radical do...