Le Loup de Kayla

Chapitre 28

Rouge de honte. C'est ce qui me qualifierait de mieux en ce moment. Rouge de honte. J'entends l'eau de la salle de bain couler, Aiden n'a pas perdu de temps.

Je prends soin de fermer mon esprit complètement. Qu'est-ce qui m'a pris de faire ça ? Je sais pertinemment que nous ne pouvons rien faire tous les deux tant que je ne suis pas prête à accepter le lien.

Je change mon état d'esprit en me recoiffant et en faisant le lit. Je fais en sorte que tout soit au carré, parfaitement aligné, comme si rien ne s'était passé. J'entends encore l'eau de la douche couler.

Sur mon bureau, je découvre les papiers dont Aiden m'a parlé. Quitte à être seule autant faire mes devoirs, d'autant que je me sens encore un peu trop fatiguée pour sortir dehors. Je remarque immédiatement l'écriture différente sur les cours. Je devine que Sarah, Maleys et Cassy m'ont fait passer une copie de leurs feuilles. Je m'installe, lis les cours, fait les exercices donnés en classe puis, seulement là, je commence les devoirs.

L'eau de la douche coule toujours.

Je descends devant la porte de la salle de bain qui est close et je toque assez fort pour qu'il entende. « Tu as bientôt finis ? » demandé-je par la pensée. Il prend quelques secondes pour me répondre, des secondes qui me paraissent interminable. « Non. Non, pas encore... Tu devrais aller manger, ne m'attends pas, je dois sortir de toute façon. » « Où tu vas ? » « Voir la meute, je n'y suis pas allée depuis mon retour »

Il ne me propose pas de venir avec lui, je ne pourrais pas de toute façon. Il faut que je garde l'anonymat. Au moins, maintenant, je sais pourquoi.

Je descends dans la cuisine en y trouvant Martin. Je le salue tout en espérant qu'il n'était pas là une heure plus tôt.

— Tu dois avoir faim ? annonce-t-il souriant en désignant la table.

Un seul couvert a été disposé, comme si Martin savait déjà que je mangerai seule ou qu'il avait agi en conséquence dès que l'information était arrivée jusqu'à lui. Il est encore un peu tôt pour manger mais j'ai tellement faim que je n'y prends pas attention.

— Je t'ai fait des pâtes, j'ai pensé que tu avais besoin de quelque chose de bien consistant pour reprendre des forces. Tu vas mieux j'espère ?

— Je suis encore un peu fatigué mais j'ai l'impression que tout est redevenu normal.

— Tant mieux, il y a une salade de betterave en entrée, tu en veux ?

Je fais une petite grimace qu'il remarque en souriant.

— Tu préfères des carottes rapées? propose-t-il conciliant.

— S'il te plait, approuvé-je en lui retournant son sourire.

Il sort le plat du frigo et j'emmène le nécessaire à table.

— Le plat est dans le four, indique-t-il, fais attention de ne pas te brûler en le sortant, c'est très chaud.

— D'accord, merci Martin, rétorqué-je.

— Si tu as besoin de quoi que ce soit, appelle-moi, conclut-il en me montrant comme à chaque fois son numéro accroché au frigo.

J'acquiesce et il sort par la porte de derrière. Je l'entends devenir un loup et partir en courant. Martin est adorable mais j'ai souvent l'impression qu'il sert de babysitter avec moi. Il me prépare mes repas, fait selon mes goûts, me dorlote comme une enfant. Je ne dis rien, car il est payé pour ça et que ce n'est pas sa faute mais ça me blesse de recevoir un traitement de faveur.