Pas facile de passer inaperçu. August ne rendait pas la chose simple. Il était un hyperactif qui accaparait Wilhelm sans arrêt. Cela faisait bientôt deux semaines que le prince était arrivé. Cherchant à ne pas se faire remarquer, son cousin l'en empêchait en criant son nom dès qu'il entrait dans une pièce. Évidemment, il ne le faisait pas exprès, mais c'était agaçant.
Depuis une semaine, on ne parlait que de la classe verte où l'école entière devait participer. Comme à son habitude, August suivait Wilhelm dans le bus scolaire. Voyant une place de libre, Wilhelm s'y précipita afin d'avoir un peu de paix. August n'aurait qu'à se trouver un autre banc. Occupé à vérifier la réaction de son cousin, il ne remarqua pas immédiatement qui était son voisin de banc. Ce ne fut qu'au moment où l'hyperactif hurla le prénom d'un certain Simon à tue-tête, en dirigeant son regard noir vers son compagnon, qu'il regarda, enfin, qui se trouvait à ses côtés. C'était lui, le gars de la chorale, celui qui chantait bien. Simon. Ça lui allait si parfaitement. Mais avant qu'il ait put dire quoi que ce soit, August continua.
— Sors de là! Va t'asseoir à l'avant, avec ta soeur. Il n'est pas question que le prince soit à côté d'une petite merde comme toi.
Simon soupira. Le jeune homme n'avait pas l'air d'être le moindrement intimidé par August. Il semblait même plutôt amusé par tout ça. Un sourire en coin se forma sur les lèvres de Wilhelm. Quoi ? Le bouclé n'avait pas peur de lui ? Tout le monde se pliait toujours devant August. En plus d'être magnifique, ce garçon était sans peur. Il était définitivement devenu son nouveau héros. Wilhelm lui tendit la main pour se présenter, mais son cousin attrapa celle de Simon et le tira hors de son siège.
— Magne-toi, mon p'tit coeur. Ta place est avec les filles, de toute manière.
Il fit semblant de l'embrasser à plusieurs reprises et le poussa vers l'avant.
— Fais pas attention à lui. Il vient de la basse société. Il a reçu une bourse, avec sa sœur. Ce gars ne mérite même pas notre regard. C'est une honte pour la gente masculine. Il ne se cache même pas d'être gay. L'autre jour, cet abruti portait un chandail multicolore avec l'inscription :
TON Q
MON OBLes enseignants lui ont demandé de l'enlever, mais il a dit que rien n'était illégal et que ce n'était que des lettres. Tu imagines ? Il n'a même pas eu de réprimande. Simon reste en ville. Ils auraient put l'obliger à se changer. On a plus les précepteurs qu'on avait. Je te le dis !
Pendant son monologue interminable, Wilhelm se concentra sur le bouclé qui descendait l'allée jusqu'à sa sœur. Il se pencha pour mettre son sac sous le banc avant, ce qui lui permit d'admirer la belle musculature du jeune homme. Certes, le métis n'était pas un athlète, mais il avait un joli derrière et un dos à se pâmer. Wilhelm n'était, d'ailleurs, pas le seul à jeter un œil attentif. Deux filles, qui ne se gênaient pas pour apprécier la vue, lui lançaient des regards admiratifs.
Le prince sentit que quelque chose le dérangeait. Évidemment, Simon était attirant, et de savoir qu'il n'était pas le seul à s'en rendre compte l'irritait. Ne prenant pas plus la peine d'écouter la suite du discours d'August, il prit ses écouteurs, lança la musique sur son téléphone et croisa les bras. Il voyait les deux jeunes filles qui ricanaient en pointant Simon. Elles roulaient des yeux amoureusement, montrant comment elles étaient attirées par le bouclé. Cela ne fit que l'écœurer d'avantage et préféra fermer les yeux pour n'avoir que la vision du jeune homme sous les yeux.
Le jeune homme se laissa bercer au son de la musique. Soudain, il sentit qu'on s'asseyait sur lui. Le prince ouvrit précipitamment les yeux et découvrit le bouclé qui avait passé un genou de chaque côté de son bassin et qui le surplombait. Mais qu'est-ce qu'il faisait ? Un regard vers August lui indiqua que son cousin continuait son monologue avec les autres écoliers. Il revint vers Simon et le vit s'approcher lentement vers son visage.
— Wilhelm ?
Le prince était sans voix. Simon l'avait appelé par son prénom et se rapprochait encore, mettant de plus en plus de poids sur ses jambes. Ses yeux étaient superbes, plus foncés encore que le chocolat.
— Tu veux bien me laisser une place ?
Hem... Il l'avait fait lui-même, sa place. Et August qui ne voyait toujours rien.
— Wilhelm, on est arrivé, grogna August, réveillant le prince de son superbe rêve.
Le jeune lord avait déposé son sac sur son cousin et lui demandait, pour la seconde fois, de lui faire une place pour sortir du véhicule. Comprenant enfin, le prince se releva aussitôt.
— Oh ! Je vois que tu rêvais à une jolie fille, rigola August en pointant son entre-jambes. Ton soldat est au garde-à-vous.
Wilhelm poussa son cousin vers la sortie alors que ses amis se moquaient avec lui. C'était bien sa veine.
— Alors, dis-moi qui est l'heureuse élue, demanda August en sachant que toute l'école était présente.
— Ce n'est pas tes oignons. Et puis, tu sais bien ce que c'est d'être un mec. Notre machin décide toujours de se présenter quand il ne faut pas. Y'a rien à dire.
— Ouais, ouais ! Je trouverai bien qui tu as dans ta ligne de mire.
— Mais t'arrêtes jamais ! Ferme-la ! On est en cours, au cas où t'aurais oublié, précisa le prince alors que les professeurs commençaient à expliquer la journée à venir.
Chacun des élèves devait se mettre en binôme avec un étudiant de son degré. Les équipes devaient rapporter des échantillons de plusieurs spécimens d'insectes, de plantes et même des flacons d'eau provenant de trois sources différentes. Ne connaissant pas la région, Wilhelm préféra être jumeler à quelqu'un qui n'avait pas l'air d'être confus par toutes les étapes qu'ils devaient suivre. August était plus âgé et déjà groupé à son autre meilleur ami. Il releva le menton et se souleva sur la pointe des pieds pour voir les élèves qui n'avaient toujours pas d'équipe et vit une tête bouclée se diriger, avec détermination, en sa direction.
Simon se planta devant le prince et lui présenta sa main.
— Je suis Simon. Tu veux bien faire le travail avec moi ? On pourra faire connaissance sans ton affreux bouffon de cousin.
Wilhelm se retourna rapidement vers August, mais il était bien trop occupé à jaser pour entendre quelqu'un d'autre l'insulter.
— Hem... j'imagine que oui.

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OB Royal
FanfictionWilhelm est le prince de Suède et second à la succession du trône, après son frère Erik. Obligé d'étudier dans un nouveau pensionnat, suite à un esclandre avec des camarades, le prince rencontrera Simon, issu du peuple et ouvertement gay. Lors d'un...