Tout se déroulait à la vitesse de l'éclair dans la tête du blond. Félice avait-elle eu le temps de tout analyser ? Il lui avait semblé qu'elle avait pris des heures à lui répondre, mais maintenant qu'elle avait fait son choix, cela était probablement trop rapide pour tout ce qu'elle devait peser dans la balance.
— Félice ? As-tu bien compris que tu ne pourras plus avoir d'autres enfants. Cela se terminera avec ce bébé. Je ne pourrai jamais te donner plus.
Elle acquiesça, comme lors de sa réponse, sans prononcer un mot.
— Hem ! Et qu'est-ce que tu penses que je reste avec Simon, malgré notre mariage ? Accepteras-tu de n'être qu'un arrangement ?
— Si, répondit-elle enfin en baissant la tête.
— Je te remercie de me comprendre. Évidemment, tu pourras aussi avoir des amants. Je ne me le permettrais jamais sans que toi aussi tu puisses le faire. J'aurais une seule autre exigence.
— Oui, moi aussi je te demanderais quelque chose.
— J'y vais d'abord. Tu ne dois pas avoir d'autres enfants avec tes amants. Je t'épouse car tu portes un futur souverain. Tu comprends ?
— Oui, et moi, je veux que tu gardes l'identité du père secrète à tout jamais. Même Simon ne devra pas le savoir.
— Mais il croira qu'on aura couché ensemble. Je ne peux pas lui faire cela.
— Tu as donné tes conditions, je donnes la seule que j'ai. Je sais que je te demande beaucoup, mais tu peux dire à Simon que ce n'est que pour la succession et qu'après on aura plus jamais de contact physique. Invente ce qui te chante, mais je veux qu'August puisse vivre sa vie comme il l'entend. Il ne désire pas être le père. Alors personne, à part lui et nous, ne saura la vérité.
Cela se déroulait déjà comme s'il y avait du sable dans l'engrenage. Lui qui avait déjà peur de perdre son amoureux, l'étau se resserrait beaucoup trop. Il soupira et acquiesça à son tour. Il savait qu'il devrait inventer un mensonge, mais Félice était catégorique. Simon ne devrait jamais savoir.
Évidemment, Simon le rejoignit à la sortie de la classe et passa rapidement une main dans son dos. Cela semblait un geste anodin venant d'un ami, mais Félice comprit qu'elle devait les laisser seuls. Ils avaient besoin d'intimité. Wilhelm attira le brun jusqu'à la chapelle et s'installa sur le premier banc. Il ne lui avait pas encore adressé la parole et le métis sentait un grand malaise s'installer entre eux. Alors, il prit place sur le banc opposé.
— Tu vas m'expliquer, bébé ?
— S'il te plaît, ne dit plus cela. Quelqu'un pourrait nous surprendre.
— Mais tu pars demain pour les fêtes de fin d'année. Il ne nous reste qu'une journée avant de pouvoir enfin se prendre par la main à ton retour.
— Ça n'arrivera pas, Simon. Je ne dirai rien à mes parents.
— Pourquoi ?
— Ma mère m'a demandé de me marier d'ici mes dix-neuf ans. J'ai décidé de me plier à sa volonté. Elle est tellement dévastée que je ne pouvais pas lui enfoncer une autre épine dans le cœur.
Le boursier, qui s'était penché pour écouter son petit ami, se redressa droit sur son banc de bois, les yeux presque trop grands pour lui appartenir. Le prince se résolut à le regarder en face, mais le regretta aussitôt. Il devait le faire, mais il sentait que c'était au prix de son propre bonheur.
— J'ai invité Félice pour le congé. Je vais la présenter officiellement à mère. Il se peut que je revienne avec la bague au doigt.
— Tu vas te fiancer à Félice ?
— Non, c'est déjà fait. Je lui ai fait ma demande en classe, ce matin.
— C'était ça son exclamation de surprise, alors. Elle m'a regardé comme si elle savait pour nous, et pourtant, si j'ai bien compris, elle a accepté.
— Oui, je lui ai tout avoué, notre liaison, le « faux mariage », tout. Et elle a quand même accepté.
— Maintenant qu'elle n'a plus August, elle se rabat sur toi. Je la croyais authentique, mais je vois maintenant que ce n'était qu'une croqueuse de diamant.
— Je te dis qu'elle sait tout. On pourra rester amant, toi et moi. Elle ne dira rien.
— Ah vraiment ! Quel bonté d'âme ! Qu'est-ce que tu lui a promis en retour ?
— Je lui ai promis... un enfant, répondit imperceptiblement le prince.
— Rien que ça !
— Simon, il faut que tu me comprennes. Ce sera le mieux pour tout le monde. J'aurai mon héritier et ensuite ça s'arrête là. Il n'y aura plus jamais rien entre elle et moi. Je te le promets sur la tête d'Erik. On aura le reste de notre vie pour être ensemble.
— Et comment comptes-tu cacher ton amant toute ta vie ? Tu seras suivi à la trace par des caméras à longueur de journée, et même le soir.
— Je t'en prie, min vackra, on peut essayer au moins.
Simon avait relevé la main pour l'arrêter de parler.
— Tu as perdu le droit de m'appeler ainsi quand j'ai perdu mon propre droit de t'appeler béb...
Wilhelm s'était retourné rapidement afin de s'assurer que personne ne l'avait entendu. Le métis se releva d'un trait.
— Je ne suis pas un homme qu'on cache, Wille. Je n'accepterai jamais cette proposition.
— Tu peux y penser d'ici à demain.
— C'est très clair, pour moi. Si tu reviens marié, tu peux oublier notre couple. J'étais prêt à t'attendre, mais au lieu de cela, tu as pris ta décision sans me consulter d'abord. Je veux dire... TU ES FIANCÉ ! Comment veux-tu que je réagisse autrement ?
— Simon, s'il te plaît, supplia le prince, une larme coulant sur sa joue froide.
— Tu sais à quoi t'en tenir. C'est elle ou moi. Il ne pourra jamais y avoir de nous avec elle, répondit le brun en quittant brusquement vers la sortie tout en laissant Wilhelm encore plus détruit.
Ce soir là, le boursier ne se présenta pas aux dortoirs. Plus tard, Wilhelm apprit, par le biais de Sara, qu'il avait directement pris le chemin de sa maison. Le lendemain, la sœur du métis l'avait salué, lui, ainsi que Félice. Elle savait que Simon aimait Wilhelm, mais pas que le prince et lui entretenait une relation. Ce fut donc avec sa joie de vivre habituelle qu'elle leur souhaita de joyeuses fêtes et qu'elle les félicita à plusieurs reprises pour leurs fiançailles.
— Tu lui offres une bague, Wille. Une future princesse ne peut pas être fiancée sans une bague.
— Je te le promets, répondit le blond de son air contrit. Cela s'est passé tellement vite que je n'ai même pas eu le temps d'y penser.
— Je veux venir à votre mariage. Ne m'oubliez pas, les amoureux. Félice, tu es vraiment une petite cachotière. À t'entendre te lamenter sans arrêt sur le fait qu'August était ton âme soeur, j'ai presque failli croire que tu resterais vieille fille.
— Parfois, on a de belles surprises, termina simplement l'héritière un peu honteuse de son mensonge. C'est arrivé sans qu'on ne s'y attende.
— J'ai déjà hâte de te revoir, mon amie. À bientôt !
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OB Royal
FanfictionWilhelm est le prince de Suède et second à la succession du trône, après son frère Erik. Obligé d'étudier dans un nouveau pensionnat, suite à un esclandre avec des camarades, le prince rencontrera Simon, issu du peuple et ouvertement gay. Lors d'un...