Quand le couple princier revint à Hillerska, on leur attribua la même chambre. Cela choqua un peu Wilhelm qui avait cru bêtement qu'il aurait au moins la chance d'être en compagnie du bouclé afin d'essayer de recoller les morceaux.
Sara les rejoignit aussitôt et elle leurs apprit finalement que Simon avait repris ses cours à l'école publique. En résumé, son frère avait fait la connaissance d'un élève qu'il tentait de séduire. Ne voulant pas perdre sa chance, il avait convaincu sa mère que c'était ce qu'il voulait. Cette dernière avait accepté, à la seule condition qu'il ne quitte pas la chorale. Ils savaient tous les deux la réputation de l'endroit pour une future carrière de chanteur.
Tout était dit. Son beau bouclé avait déjà passé à autre chose. Il avait pourtant dit au prince qu'il l'aimait. Wilhelm était dévasté. Il ne reverrait plus Simon en classe, ni dans leur dortoir, ni pour manger.
— Merci Sara, j'aurais aimé qu'il m'en parle lui-même, mais je comprends, avait-il répondu.
— C'est marrant que tu le soulignes parce que je lui ai dit la même chose ce matin, mais il ne croyait pas que c'était nécessaire que ce soit lui qui te le dise. Allez-vous finir par me dire ce qui vous oppose autant ? Simon n'a jamais été en froid avec ses amis.
— Tu sais Sara, ça fait longtemps qu'on ne s'est pas parlé tous les deux, répondit Félice. Je crois qu'on a bien des potins à se raconter. Tu veux bien qu'on aille sous le pont pour tout se dire ?
— Ah ! Ça, je ne dirai pas non, rigola la boursière. Tu vas tout me révéler de ta nouvelle vie de princesse. Je veux tous les détails, hein ? Tu n'oublie rien! Viens, j'ai trop hâte de savoir comment s'est passée votre nuit de noce.
Elles sortirent rapidement, laissant enfin un peu de calme à Wilhelm qui commençait à faire une crise d'angoisse. Il lui faudrait remercier Félice pour sa diversion. Il était sur le point de perdre la carte quand Sara s'était informée du conflit entre Simon et lui.
Le soir même, alors qu'il prenait son repas au réfectoire, il entendit les voix des choristes qui pratiquaient dans la chapelle. Mû par le besoin absolu de voir le brun, Wilhelm s'éclipsa discrètement afin de se glisser tout près du bâtiment. Il attendit dans l'ombre jusqu'au moment où la session de chant se termina. Son cœur se mit à battre avec fracas dans sa poitrine. Dans un instant, Simon lui apparaîtrait sous le reflet du lampadaire. Il entendit son rire se répercuter derrière la porte et il se recula pour mieux le regarder sans être vu. Il le vit enfin, avec sa chevelure si magnifique. Quelques mèches plus pâles garnissaient maintenant sont front, retombant légèrement vers l'avant. Sa beauté n'avait aucune mesure avec ce qu'il se souvenait. Il semblait être encore plus beau. Le bouclé partit vers l'arrêt d'autobus, faisant des au revoir à ses amis. Quand il comprit qu'il ne restait que Simon qui attendait, le prince se décida à marcher vers lui. Une voiture arriva alors que Wilhelm cria le nom du métis.
Par automatisme, le jeune homme regarda en sa direction pour voir qui le hélait. En découvrant qui lui avait parlé, Simon reprit sa position initiale jusqu'à ce que la voiture, conduite par un homme du même âge qu'eux, s'arrête devant lui. Il ouvrit la portière, jeta un œil sans émotion vers le blond, puis, il s'engouffra dans l'habitacle.
Wilhelm s'était arrêté à quelques mètres de là, ne pouvant détacher son regard de l'amour de sa vie. Celui-ci discuta quelques secondes avec le conducteur du véhicule. La discussion semblait animée entre les deux jeunes hommes, mais ce qui le pétrifia fut quand il découvrit que l'inconnu s'était penché en souriant vers Simon et qu'il lui avait arraché un baiser. Naturellement, le bouclé avait entouré le cou du chauffeur en y mettant beaucoup d'ardeur.
Incapable de réagir, il avait assisté, impuissant, à cette scène plus que douloureuse. Les secondes s'écroulèrent avec une lenteur atroce, laissant tout le loisir au prince de subir le pire des cauchemars éveillés. Comme un électrochoc, la cloche qui annonçait le couvre-feu pour les résidents retentit, réveillant enfin les jambes du blond. Défait, il passa une main dans ses cheveux tout en rebroussant son chemin vers les dortoirs. Ce qu'il ne vit pas, c'est que Simon s'était aussi retourné pour vérifier si le prince était toujours présent. Déçu de voir que son manège de le rendre jaloux n'avait pas fonctionné, il fit signe à celui qui n'était que son meilleur ami de le ramener à la maison. Cela faisait encore plus mal que ce qu'il s'était imaginé en échafaudant son plan.
Les semaines s'écoulèrent comme cela sans que Wilhelm retourne à la chapelle. Il était incapable de faire face à la réalité. Simon n'était plus à lui. Il ne le serait plus jamais.
Quand cela fut raisonnable, on annonça la nouvelle de la naissance à venir du bébé princier. Les élèves organisèrent une fête pour célébrer, de l'alcool avait été passé en douce.
Seul Wilhelm pouvait comprendre, mais combien de regards accusateurs et tristes se donnèrent August et Félice ? Il n'aurait pas su tous les compter. La jeune femme, qui ne pouvait nier sa condition, finit par vomir auprès des autres mais pour une toute autre raison. Quant à son cousin, il ingurgita verre après verre, en offrant toujours plus au prince qui les accepta avec soulagement. Cela lui permit d'oublier, pour un soir, toute la rage qu'il avait contre Simon, mais surtout contre lui-même.
Si le blond avait accepté de rendre leur relation secrète plus officielle, combien de temps cela aurait-il prit à son amant pour se rendre compte qu'il ne l'aimait pas réellement ? Il avait beau se dire que cela arrivait dans tous les couples, il s'était bien vite désolé du peu de temps qui avait séparé sa propre relation de celle de son nouveau petit ami.
Sara ne parlait jamais de la vie amoureuse de son frère. Ce qu'il avait vu, un mois plus tôt, dans cet automobile, était-ce une passade ? Il n'en savait rien et c'est ce qui le tortura le plus. Ne rien savoir.
Ses meilleurs amies devinrent les fêtes qu'organisait régulièrement August. Ce dernier, qui semblait aussi dévasté que son cousin, ne lésinait pas sur l'alcool et les drogues qui affluaient par Alexander. Celui-ci fut malheureusement banni d'Hillerska à quelques jours de la fin des classes pour trafic de drogue. Il fallut à Wilhelm tout son courage pour reprendre la fin de ses études en main.
Félice accoucha en été et on décida qu'il serait mieux, pour tous les deux, d'étudier au palais. Une jolie petite frimousse prénommée Érika anima tout le château. Sara vint régulièrement leur rendre visite, ce qui faisait énormément plaisir au couple. Après Hillerska, elle se dirigea en soins infirmiers et dès qu'elle eut son diplôme, elle fut nommée en tant qu'infirmière du palais. Celle qui avait remplacé Suzie, cinq ans plus tôt, prendrait sa retraite dès que la nouvelle recrue serait assez à l'aise pour évoluer dans son milieu.
Toutes ces années, la nouvelle infirmière avait donné des nouvelles de son frère.
« Simon a créé son propre groupe de musique.»
« Simon est entré dans une école d'art musical. »
« Simon a maintenant un agent. »
« Simon a sortit son premier album. »
« Simon passe à la radio. »
« Simon a son premier concert dans un stade. »
Oui Wilhelm avait de ses nouvelles, mais bien qu'il était très heureux pour lui, il ne pouvait s'empêcher de s'imaginer qu'elle aurait été sa vie, avec lui.

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OB Royal
FanfictionWilhelm est le prince de Suède et second à la succession du trône, après son frère Erik. Obligé d'étudier dans un nouveau pensionnat, suite à un esclandre avec des camarades, le prince rencontrera Simon, issu du peuple et ouvertement gay. Lors d'un...