Hillerska

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— Ton frère ne sait pas dans quoi il s'embarque. Cela peut prendre des années avant que son projet de loi soit modifié, s'il est accepté.

— Je sais, maman, mais je crois qu'il a raison. Les lois son désuètes. Il faut réformer les choses. Sinon, nous continuerons à vivre au Moyen-Âge alors que notre peuple sera à l'ère moderne.

— Tu as raison Wilhelm. Afin de prouver que notre famille ne vit pas campée dans les traditions, j'ai pris une grande décision qui, je l'espère, te plaira.

Curieux de savoir où voulait en venir Kristina, le blond attendit patiemment qu'elle se décide. Elle était peut-être en famille, mais elle avait des habitudes très contrariantes. Elle laissaient ses interlocuteurs se faire un tas de scénarios avant d'enfin révéler ses intentions.

— J'ai discuté avec ton père et nous sommes d'avis que Simon mérite sa place comme résident à Hillerska. Nous allons payer ses frais de résidence ainsi que ceux de Sara. J'ai appeler Linda ce matin et elle a accepté. Pour le moment, la seule chambre disponible chez les garçons est une cohabitation.

Wilhelm se retourna vers Simon qui ne semblait pas très heureux. Il aurait cru que ça lui ferait plaisir de rester avec lui, après les cours, au lieu de repartir à la maison.

— On m'a assuré que le garçon qui partagerait la chambre de Simon était très calme et qu'ils s'entendraient vraiment très bien.

Soudainement, le prince eut un pincement au cœur. Et si le bouclé aimait bien être en compagnie de ce garçon, laisserait-il tomber leur couple pour entretenir une nouvelle flamme. C'était grotesque de penser ainsi, mais ça le rendait dingue de seulement y penser.

— Ce n'était pas nécessaire, votre majesté, finit par dire le métis qui était complètement surpris.

— Bien sûr que ça l'était, confirma la monarque. Je sais déjà de source sûre que le garçon t'appréciera.

Oui, bien s'il l'appréciait autant, Wilhelm, lui, n'était pas très enclin à aimer ce gars.

— Tu le connais très bien, Simon. Vous avez passé beaucoup de temps ensemble dernièrement. Il te doit même la vie.

C'est à ce moment qu'ils comprirent enfin que Simon pourrait partager la chambre de son beau blond. Un sourire apparut sur chacun des deux jeunes hommes et ils se prirent dans les bras l'un de l'autre. Rapidement, ils se séparèrent pour garder les apparences. Des fous rires joyeux emplirent la pièce pour le reste du repas. Ils apprirent ainsi, que Sara serait jumelée, elle aussi, avec une jeune fille. Après avoir nommé la moitié des filles qu'ils connaissaient, Wilhelm eut l'idée d'essayer le prénom de Félice.

— Voilà! Vous avez été long à trouver. Je croyais que Félice était proche de toi.

— C'est la copine d'August. Je ne croyais pas qu'elle accepterait d'être en cohabitation.

— Elle n'a pas eu la chance d'argumenter. Si la reine décide qu'elle aura une colocataire, elle en aura une.

— Moi je crois qu'elle sera contente de partager sa chambre, réfléchit Simon. Depuis quelques temps, elles passent beaucoup de temps ensemble.

Le repas terminé, les deux jeunes hommes furent ramenés à Hillerska. Ils étaient très fébriles à cette idée. Ils partageraient la chambre, donc tout à fait à l'abris des regards. Cela leur serait possible de paraître de simples amis le jour et être capable de se câliner la nuit. Ils arrivèrent très tard dans la soirée et s'affalèrent ensemble dans l'un des lits jumeaux. Linda avait déjà apporté les affaires de Simon ce qui facilita grandement son arrivée.

— J'y crois pas, commença le prince de sa voix endormie.

— J'ai, moi aussi, beaucoup de difficulté à y croire. Pourquoi ta mère paie mes études ?

— Tu m'as sauvé la vie.

— Je sais bien, mais tout le monde l'aurait fait.

— Tu crois que tout le monde aurait tenté de descendre cette falaise à mains nues alors que c'était pratiquement du suicide ?

— Ok ! Tu m'as démasqué. Je n'étais pas capable de laissé mon béguin mourir sans rien faire.

— Ton béguin ? Tu veux dire que tu avais déjà un œil sur moi ?

— D'après-toi ? J'ai tout fait pour que tu me remarques quand tu es arrivé à Hillerska.

— Tu chantes très bien, souffla le blond en se collant au torse de Simon. Tu m'as complètement envoûté.

— Content de l'entendre, rigola le bouclé en entourant la taille de son petit-ami

— Tu as fais pareil avec ma mère. Personne ne peut rester indifférent à ton charme.

— Oui ! C'est vrai que je me suis jeté sur ta mère dès que tu avais le dos tourné, s'esclaffa-t-il en recevant un coup sur son propre ventre.

— Elle t'aime bien.

— Espérons qu'elle m'aimera autant quand elle saura pour nous. Je ne supporterais pas de devoir être séparé de toi.

— Ne penses pas à ça maintenant. On a des mois avant de revoir mes parents.

Sur ces paroles, le couple s'endormit presqu'immédiatement. Ils étaient peut-être sauvés, mais toute l'énergie qu'ils avaient utilisée les avait très affaiblis.

Au matin, les garçons rigolèrent quand Wilhelm voulut embrasser son copain.

— Tu as une haleine du matin horrible, s'était plaint le bouclé en tentant de se défaire de l'emprise du prince.

— Tu dois te plier à ton prince, avait-il répliqué en retenant le métis du mieux qu'il le pouvait.

— Brosse-toi les dents et je me plierai à ce que tu veux, répondit le brun de son air rempli de sous-entendus.

Rosissant légèrement, le blond lâcha finalement son petit ami.

— Tu sais bien qu'on aura pas le temps de rien faire. Et puis d'ailleurs, c'est moi qui te dois quelque chose.

— Tu mettras le cadran plus tôt à l'avenir, souffla le brun avant de plaquer un baiser sonore sur la joue de Wilhelm.

— On aura plein de nuits pour remédier à tout ça.

Bien qu'il soit entreprenant dans ses paroles, le prince avait encore besoin de temps. Bien sûr, il avait adoré leur retrouvailles dans la chambre de Simon, mais il n'était pas prêt à se lancer lui-même dans ce genre de truc. C'était surtout très compliqué avec un bras dans le plâtre. Le prince voulait que ce soit parfait. Il devrait lui en parler ce soir. Sans attendre, le blond se leva à son tour et partit à la salle de bain. L'avantage était qu'il avait la sienne à même sa chambre, ce que la plupart des internes n'avaient pas.

Après avoir brossé ses dents, et placé ses cheveux du mieux qu'il le pouvait, Simon frappa légèrement. Il lui ouvrit et il fut accueilli par un baiser à couper le souffle.

— Je vais tellement avoir envie de te toucher aujourd'hui, geignit le bouclé.

— Moi aussi, je suis désolé de t'imposer cela.

— Promets-moi que tu vas parler à tes parents quand tu les verras et je suis prêt à endurer cela jusque-là.

— C'est promis min vackra (mon beau).

Relevant un sourcil, Simon sourit du coin de la bouche, laissant ses yeux pétiller sous le petit surnom.

— Maintenant, laisse-moi passer. Moi aussi je dois me faire beau.

OB RoyalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant