Bien que tout ceci n'était qu'une mascarade afin d'éviter la fin de la lignée royale, un silence gêné s'installa entre les deux fiancés alors qu'ils étaient conduits jusqu'au palais.
— Veux-tu qu'on se mette d'accord sur la manière dont on est devenus proches ? demanda Félice de son ton affligé.
— On était déjà amis. Ce ne sera pas une surprise pour nos camarades de classe, répondit tout aussi piteusement le prince.
— Tu sais, j'ai compris que Simon ne t'a pas pardonné notre mariage. Je ne comprends pas complètement, moi-même, ce qui t'as poussé à m'épouser, mais sois certain que je ne m'opposerai jamais à tes positions. Je t'appuierai quelque soit ton point de vue.
— Merci, Félice, répondit sincèrement Wilhelm. Je me doutais bien que de passer en second ne serait pas au goût de Simon. Il me manque déjà; si tu savais, répondit le blond en tentant de retenir ses larmes.
— Tu as encore la chance de reculer, Wille. Je ne veux pas que tu sacrifies ton bonheur pour le mien. Tu mérites tellement plus que moi.
— Bien sûr que Simon sera difficile à oublier. Il ne s'effacera probablement jamais de ma mémoire. Il était mon premier. Par contre, j'aurai un fils ou une fille, que j'élèverai avec amour. Cet enfant sera heureux, je te le promets. Et s'il est heureux, cela fera mon bonheur.
— Alors, dans ce cas, il faudrait trouver comment tu m'as demandé en mariage. Je doute que sur un banc d'école sera une bonne histoire à raconter à la presse.
— J'imagine, conclut le blond.
— Que dirais-tu d'au bord du lac avec le couché de soleil qui se reflétait sur la glace ?
— Je te laisse te charger de cela. Tu as beaucoup d'imagination.
Son ton était morne. Cela lui rappellerait sans cesse ses moments en tête-à-tête avec Simon, mais c'était malheureusement un endroit fabuleux pour faire une demande en mariage. Que pouvait-il trouver à redire, sinon qu'à chaque fois qu'ils évoqueraient cela, son cœur se fendrait un peu plus ?
— D'accord ! Alors le bord du lac, ce sera. On pourrait dire qu'on y était en randonnée équestre, tous les deux, et que tu n'as pas pu attendre à Noël, tellement tout était parfaitement aligné, ce jour-là.
— Oui, on fera ça, termina le prince en se retournant vers la fenêtre.
Il s'y appuya fortement, tentant de remettre de l'ordre dans ses pensées moroses. Cela faisait à peine une heure qu'il était en compagnie de Félice et il sentait déjà son monde s'écrouler sous ses pieds. Il frotta sa poitrine afin d'y enlever l'énorme point d'angoisse qui le gagnait. Avait-il fait le bon choix ? Il en doutait sincèrement, mais Simon trouverait quelqu'un de tellement mieux que lui. Il ne cessait de le décevoir. Cela aurait certainement continué, même s'il avait accepté son offre de devenir l'amant caché. Son beau métis aurait fini par le haïr. Il passa une main de chaque côté de ses cheveux, les lissant à lui faire mal, puis il rongea la peau tout autour de l'ongle de son pouce. Tout était pour le mieux. Il devait en être ainsi.
À près d'une heure de là, Simon n'avait pas quitté son lit depuis qu'il était arrivé chez-lui, la veille. Sa mère n'avait eu connaissance de son arrivée que bien tard dans la soirée en entendant la télévision dans la chambre de son fils.
— Tu es arrivé bien tôt, aujourd'hui! Tu as décidé de me rendre enfin visite. Je commençais à croire que tu avais craqué pour Wilhelm et que ta vieille mère ne comptait plus pour toi, s'exclama-t-elle avec une pointe d'ironie.
Jamais elle n'aurait reproché à l'un de ses enfants d'aimer être en compagnie de ses amis. Elle savait que, bien souvent, c'était des confidents pour les situations importantes. Le prince avait eu besoin de lui pour passer au travers du deuil de son frère. Elle ne pouvait pas lui en vouloir de lui avoir volé son fils aussi longtemps. Malheureusement, Simon ne rit pas à sa remarque. Au lieu de cela, il s'effondra sur l'oreiller, un bras sur les yeux, essayant de ne pas pleurer.
Elle avait vu juste, sans le savoir. Le métis était complètement tombé amoureux de Wilhelm et de la manière que leur dernière conversation s'était terminée, il savait que c'était fini. Il y avait pensé tout l'après-midi. Aurait-il dû accepter de devenir l'homme qu'on cache ? À chaque fois, il en revenait à la même satanée réponse. Bien sûr que non ! Il fallait que le prince comprenne qu'il ne se plierait jamais à cela pour des convictions, mal fondées, que veulent garder à tout prix de vieux nobles ancrés dans leurs traditions ancestrales.
— Tu vas bien mon poussin ?
Un haussement d'épaule lui mit la puce à l'oreille. Linda s'approcha de lui et prit place tout près de son fils. Elle examina son bras qui cachait ses yeux pendant plusieurs secondes avant d'y passer sa main doucement.
— Il m'a plaqué, maman. Il n'a pas été capable d'assumer.
— Qui t'a plaqué ? Tu t'es encore disputé avec Ayub ?
— Non ! Maman, je croyais qu'il m'aimait assez pour rester avec moi, mais il a choisi sa famille.
— Mais de qui tu parles ?
— Wilhelm, répondit-il en enlevant finalement son bras. Il m'a plaqué pour une fille, craqua le bouclé en pleurant. Il... m'a fait croire qu'il le dirait à ses parents, qu'il ne pourrait jamais se séparer de moi. Je ne comprends rien, continua-t-il en attrapant son deuxième oreiller. Il s'y jeta pour étouffer ses sanglots, beaucoup plus intenses que ce qu'il avait espéré.
— Je vois. Tu crois vraiment qu'il a fait semblant de t'aimer ?
— J'en sais rien. Il avait l'air sincère. On n'a pas fait que s'embrasser... si tu vois ou je veux en venir, dévoila le brun avec désespoir.
— Mon poussin, Wilhelm a un grand cœur. Je ne le vois pas te mentir pour quelque chose d'aussi important. Tu ne peux pas croire ce que tu dis.
— S'il avait le moindrement tenu à moi, il n'aurait pas fait passer son devoir avant moi.
— Tu t'entends parler, Simon ? Il a une vie bien plus compliquée que la nôtre. Si j'ai bien compris, il est avec cette fille par devoir. Tu crois qu'il est heureux de la vie qu'il a ?
— On était HEUREUX, cria avec rage le jeune métis. Et il a tout gâché.
— Je comprends, mais si vous êtes fait l'un pour l'autre, il trouvera un moyen.
— Tu n'y es pas, maman. Il va se marier à cette fille. Il ne l'aime pas et elle non plus ne l'aime pas. Pourquoi il fait ça ?
— Mon bébé, il croit certainement faire ce qui est juste. Je suis convaincue qu'il a encore des sentiments pour toi. C'est simplement sa vie de monarque qui l'y oblige.
— Je le déteste ! Maman, je veux retourner à l'école régulière. Je ne supporterai pas de le voir avec Félice. Il m'a brisé le coeur.
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OB Royal
FanfictionWilhelm est le prince de Suède et second à la succession du trône, après son frère Erik. Obligé d'étudier dans un nouveau pensionnat, suite à un esclandre avec des camarades, le prince rencontrera Simon, issu du peuple et ouvertement gay. Lors d'un...