La mairie était bondée. On avait enlevé tout ce qui pouvait être enlevé afin de faire le plus de place possible aux invités. On y reconnaissait de nombreuses personnalités politiques, mais aussi artistiques. Le gratin du monde entier s'était déplacé à l'événement de la décennie. Un prince qui épousait un homme était déjà, en-soi, une occasion inhabituelle. Qu'il épouse, en plus, le chanteur qui venait d'atteindre la première place du billboard américain l'était davantage. Personne n'aurait manqué cette célébration.
Le juge, qui était mandaté en tant que célébrant, semblait pratiquement plus nerveux que Wilhelm, qui ne cessait de replacer ses mèches blondes. Son mariage avec Félice n'avait décidément aucune mesure avec ce qu'il vivait présentement. Ses mains moites, son cœur qui palpitait et ses jambes en coton le trahissaient sans vergogne. Il attendait Simon depuis ce qui lui semblait des heures. Les journalistes avaient peut-être raison. Le chanteur ne voudrait probablement pas se marier.
— Calmez-vous, Wilhelm. Il va venir, tenta d'apaiser le vieillard à ses côtés en lui mettant une main sur l'épaule. Il veut simplement être beau pour vous. Vous savez comme moi comment il est coquet ?
— Merci Frank, je suis tellement stressé. J'ai l'impression qu'il le fait exprès de me faire attendre aussi longtemps. Je vais perdre la carte, s'il n'arrive pas bientôt.
— Il vous aime ! Ne soyez pas inquiet.
— C'est gentil, je vais...
La porte de la mairie s'ouvrit au moment où Wilhelm voulut répondre. Son cœur manqua un battement et il se concentra sur l'homme qui traversait le porche. Dieu! Comment ne pas tomber amoureux, encore une fois, de son beau bouclé ? Pour l'occasion, il avait revêtu un magnifique complet blanc. Sa chevelure arborait fièrement des mèches colorées d'un rouge identique à son noeud papillon et son fin mouchoir inséré dans la poche de sa tenue. Son sourire en disait long sur la joie évidente qui l'étreignait. Et ses yeux... Il ne pourrait jamais s'habituer à cette beauté mystique qu'ils dégageaient. Simon le savait bien qu'en soulignant ses yeux de khôl, le prince ne pourrait détourner son regard. Il était à couper le souffle. Et ce fut bien ce qui se passa à ce moment. Le blond fut absolument époustouflé par son fiancé qui avança fièrement dans l'allée aménagée.
Le chanteur marcha dignement vers son destin, ne lâchant pas des yeux l'amour de sa vie qui avait son regard adorateur. Wilhelm s'était surpassé par sa splendeur, ce soir-là. Contrairement à son mariage avec Félice, il portait son habit noir, paré des décorations honorifiques qu'il avait reçu au cours de sa vie. Un ruban, d'un rouge identique à celui de Simon, contournait son épaule droite et retombait gracieusement jusqu'à sa hanche gauche. Il était magnifique...
Arrivant finalement tout près de lui, Frank lui donna une franche poignée de main et August en fit autant en lui donnant une petite tape sur l'épaule pour lui donner du courage. Ce dernier savait exactement par quoi il passait. Il avait franchi le pas avec Félice, un mois auparavant. Évidemment, venant d'August, ce fut deux fois plus réconfortant, étant donné le passé qui les reliait.
Simon souffla pour se donner bonne figure et rejoignit ensuite son fiancé pour lui prendre la main avec délicatesse. Leurs doigts s'entremêlèrent instantanément tout en se souriant. Puis, ils firent face au célébrant.
Chacun put dire que la cérémonie se déroula rondement. Le juge, qui était filmé en permanence par des dizaines de caméras, rata quelques mots, mais c'était inédit comme situation, alors tout le monde lui pardonna sans hésitation.
Le moment des vœux arriva enfin. Normalement, puisqu'il s'agissait d'un mariage civil, un texte déjà prévu devait être dit, mais les deux hommes, qui avaient déjà brisé un tas de traditions, ne s'arrêtèrent pas à ces simples mots. Ils ajoutèrent, chacun, une promesse à l'engagement prit précédemment.
Wilhelm fut le premier à les prononcer. Avec fébrilité, il regarda Simon dans les yeux et débuta avec un trémolo.
— Simon, amour de ma vie. J'ai eu la chance de te connaître alors que tu n'étais pas encore une star. À mes yeux, tu as toujours été mon chanteur préféré, même quand nous n'avions que dix-sept ans. J'ai été ton premier fan et assurément le plus grand de tes fans. Je suis, et resterai, ton admirateur le plus fidèle. Notre vie a été une série d'obstacles que je croyais insurmontables, mais ton amour pour moi était si fort, que tu as su me montrer le bon chemin vers le bonheur, NOTRE bonheur. Je t'aime à en devenir dingue et je te promets de toujours être à tes côtés, peu importe les embûches sur notre passage. Notre amour n'est pas une passade. Je le crie au monde entier aujourd'hui et je compte bien le prouver jusqu'à nos quatre-vingt-dix ans. Je t'aime et te resterai fidèle jusqu'à la fin.
Les yeux du brun devinrent brillants d'amour, mais aussi de larmes contenues au prix d'un grand effort. Il devait rester fort afin de lui confier ses vœux, à son tour.
— Wilhelm, à la minutes où tu m'as souri, dans cette petite chapelle à Hillerska, j'ai su que tu avait définitivement volé mon cœur. C'est vrai que nous sommes passés par des difficultés que peu de gens pourront comprendre totalement. Plus je voulais t'oublier, plus mon cœur faisait le contraire. Il me criait de t'écrire une chanson; il me hurlait de te rendre jaloux, mais surtout, il me soufflait à l'oreille, en m'endormant le soir, de rêver de toi. Quand nous nous sommes revus, après ces six années interminables à me languir de toi, j'ai compris que, malgré toutes mes tentatives, mon cœur n'abandonnerait jamais. Mon cœur a gagné sur toute la ligne. Tu es mon unique amour et, peu importe ce que le monde dira de moi, je saurai te prouver qu'ils ont torts. Je t'aimerai jusqu'à notre mort, avec toute mon âme, avec tout mon corps, mais surtout, avec tout mon cœur.
Le chanteur avait prévu une surprise pour terminer ses vœux. Il se retourna vers la salle. On entendit des pas s'installer au bout de l'allée. C'était la chorale d'Hillerska, la même qu'il y a six ans, qui commença à fredonner. Sans attendre, le chanteur les accompagna pour entonner « Révolution » de Elias. Il prit la main du prince et chanta pour lui, les paroles qui allaient à merveille avec leur vie future.
Wilhelm ne put retenir ses larmes. Il avait le meilleur des maris à ses côtés. Dès que le bouclé termina, le blond n'attendit pas que le juge leurs indique qu'ils pouvaient s'embrasser pour le faire. Il se jeta littéralement dans ses bras.— Vous pouvez maintenant embrasser le marié, rigola le célébrant alors que le couple ne se lâchait pas.
La foule se mit aussi à rire. Comment ne pas les trouver adorables ? L'amour se lisait dans tout leur être. Les nouveaux mariés finirent par se séparer et il descendirent l'allée en se tenant toujours par la main. Le peuple les attendait à l'extérieur, hurlant à l'unisson le surnom que la presse avait attribué au couple.
— WILMON ! WILMON ! WILMON !
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Note de l'auteure :
Eh bien nous y voilà!
L'histoire est pratiquement terminée. Je vous ferai un dernier petit chapitre que je pourrais nommer « Épilogue ».
On se revoit demain pour une petite tranche de vie d'une famille atypique.
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OB Royal
Fiksi PenggemarWilhelm est le prince de Suède et second à la succession du trône, après son frère Erik. Obligé d'étudier dans un nouveau pensionnat, suite à un esclandre avec des camarades, le prince rencontrera Simon, issu du peuple et ouvertement gay. Lors d'un...