Elle fait peur

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À la sortie de la cérémonie, un attroupement de journalistes s'était formé devant Wilhelm.

— Pourquoi être venu à ce service ? Simon, ne vous accompagne pas ? Est-ce que nous pouvons affirmer une rupture ?

— Frank est un ami qui a perdu la personne qu'il aimait le plus en ce monde. C'était tout naturel de me présenter pour le soutenir dans cette épreuve difficile.

— Est-ce que vous allez vous présenter à chacun des décès de la communauté LGBTQ+, afin de prouver votre appartenance ?

— C'est totalement ridicule ! Mon ami aurait été une tout autre personne que j'y serais aller tout autant. Je n'essaie aucunement de vous prouver quelques chose. Je sais que je suis homosexuel et je n'ai à le prouver à personne.

— Que dites vous pour votre séparation d'avec Simon ?

— Votre entêtement est grotesque. Simon et moi sommes très amoureux et vous essayez de trouver le mal où il n'y en a pas. Cherchez donc plutôt à comprendre pourquoi on refuse de mettre cette loi de l'avant. Serait-ce que nos grands aristocrates auraient peur que l'homosexualité de leur famille soit dévoilée au grand jour ?

— Donc, vous croyez que Simon ne vous trompe pas, en ce moment, avec un autre homme alors que vous êtes à des milliers de kilomètres l'un de l'autre.

— Ma confiance en lui est encore plus grande que celle que vous pourriez avoir envers votre conjointe, ou peut-être conjoint, sait-on jamais. Maintenant, laissez-nous vivre ce deuil en paix.

C'était complètement irrationnel de voir tous ces reporters qui voulaient absolument trouver la faille dans la vie du prince. On croyait qu'il avait choisi d'être gay et qu'en plus, il était un irresponsable de croire en son couple. Foutus journalistes à la con. Le prince se passa une main dans les cheveux en raccompagnant Frank jusqu'à sa voiture.

— Est-ce que ça va allez, Frank ? Je m'excuse pour tout ce remue-ménage. Ils ne me laisseront jamais en paix.

— Comme je le disais tout à l'heure, ils n'ont qu'à aller se faire foutre. Vous savez ce qui en est dans votre cœur et c'est ce qui est important.

— Merci, c'est bien ce que je me dis, mais quand on est le prince, la bienséance est de mise en toute circonstance.

— J'ai bien hâte de rencontrer ce beau jeune homme. Il m'a l'air vraiment charmant.

— Il l'est. Je vous le présenterai dès que nous serons de nouveau ensemble à Stockholm.

— Bien le bonjour à votre petite Érika.

— À bientôt.

Le prince retourna vers sa limousine et appela immédiatement Simon. Cela prit presque trop longtemps, mais il finit par décrocher.

— Bonjour, bébé !

— Bonjour, min vackra ! Je suis heureux que tu ailles mieux. Est-ce que tu es sorti ?

— Non, et c'est en partie par la faute de Suzie. Elle voulait finir les nouvelles du matin parce qu'il n'y avait que toi à la télé. Ce sont tous des incompétents. Je te jure que je vais buter celui qui a dit que j'étais entrain de te tromper.

— Tu ne m'en veux pas d'être parti sans attendre ton réveil ?

— Si cet homme est important pour toi, tu te devais d'être présent. Je serai là tous les autres jours, alors je suis prêt à lui laisser une toute petite place.

— Si tu savais comment ils étaient amoureux. Je nous voyais dans leurs regards. C'était comme s'ils avaient oublié que le temps continuait. Ils étaient comme deux adolescents qui s'aimaient passionnément.

— C'est vrai que je pourrais arrêter le temps et me perdre dans tes yeux pour l'éternité.

Wilhelm s'amusa de sa remarque. Son Simon adoré était de retour avec toutes ses petites répliques taquines.

— Je rentre au palais et je te rejoins dans quelques jours.

— Non ! C'est moi qui te rejoins. J'ai besoin de repos pour que ma commotion guérisse le mieux possible. D'ailleurs, Suzie ne tient plus en place. Je crois qu'elle a un plan derrière la tête pour contrer les attaques des paparazzis. Tu sais qu'elle fait vraiment peur quand elle est de mauvais poil.

— Oui, je sais ! J'ai eu la chance de me confronter à elle quand Erik est décédé. C'est vrai que ça fait peur.

— Oh ! Je te laisse, bébé ! Suzie me court avec un couteau parce qu'elle dit qu'elle ne fait pas peur, rigola le bouclé avant de raccroché.

Les médias du soir furent incroyablement insultants. Ils divaguèrent sur le fait que Wilhelm était de retour au palais car Simon l'avait largué pour s'amuser avec d'autres mecs. Le prince y pensa toute la nuit. Peut-être que ça resterait ainsi pour le reste de leurs jours. Il se remémora les sages paroles de Frank, d'écouter son cœur, et il partit dans un sommeil peu réparateur.

Au matin, une frimousse vint le réveiller. Il voulut prendre sa fille et la déposer sur la place libre quand il découvrit que son beau brun était étendu à ses côtés. Cela l'étonna. Il devait avoir voyagé toute la nuit. Pourtant, Érika ne se questionna pas très longtemps et sauta sur le chanteur.

— Bonjour, papa numéro trois.

— Oh ! Bonjour ma fille numéro un, répliqua-t-il en ne montrant pas son irritation du matin. Bien au contraire, il s'amusa un peu avec, ce qui était un exploit quand on savait qu'il dormait parfois très tard en journée.

— Suzie veut vous parler à tous les deux, finit par dire la fillette alors qu'elle tentait de se déprendre des bras du brun. Elle dit que c'est très important.

Les deux hommes décidèrent de ne pas la faire patienter. Elle les attendait au salon et s'exclama de joie en les voyant.

— Ah ! Mon couple chéri. Vous savez que je ne supporte pas que vous souffriez parce que tout le monde pense que ce n'est qu'une amourette entre vous deux ?

Les hommes approuvèrent. Ce n'était effectivement pas facile tous les jours.

— Si je vous disais que j'ai les moyens de prouver au peuple que vous deux ce n'est rien de tout ça et que vous vous aimez à la folie, vous me laisseriez faire ?

— Cela dépend de tes intentions. On ne veut pas retrouver un journaliste dans un caniveau, la gorge tranchée.

— Hommes de peu de foi ! Je vais vous expliquer mon plan et vous devrez approuver ou pas. Si cela vous convient, je vous promets que dès ce soir, ils seront tous des grands fans de votre couple.

— Explique-nous et on verra ensuite.

— Bien, alors voici ce que je veux faire...

OB RoyalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant