— Comment te sens-tu, bébé ? Tu veux prendre la journée de congé ? Je suis pas mal certain que Madame Lilja comprendrait que tu aies besoin de plus de temps. Ton frère était important pour toi.
— C'est vrai, mais après lui, c'est toi qui me donne le goût de vivre. Si tu vas en cours, j'y vais aussi, et toi, tu n'aurais aucune raison pour ne pas y aller.
— D'accord, mais si tu vas mal, tu me fais signe et je fais comme si j'étais malade.
— Merci Simon, je n'ai aucune idée de ce que je ferais sans toi.
— Hé bien ! Ne me laisse pas et tout ira pour le mieux.
— Je n'en ai pas l'intention.
— Comment vont tes parents ?
— Papa est inconsolable. Mère n'a pas réussi à retourner dans le bureau d'Erik. J'ai peur qu'elle ne laisse tomber le projet de mon frère concernant les mariages de la monarchie. Elle n'avait clairement pas l'intention de s'impliquer.
— Mais tu vas la convaincre, hein ? Tu peux lui dire que ce serait un héritage qu'il voulait pour ta famille et qu'il aurait aimé qu'elle continue.
— J'ai fais un genre de remarque similaire et elle m'a dit que ça n'était plus d'actualité. Tu sais que Suzie a démissionné ?
— Quoi ? Ta mère croit réellement que cela ne se reproduira pas, qu'un prince aime une femme du peuple ?
— Je crois que, en ce moment, elle est en colère. Elle vient de perdre son fils, tu sais.
— Oui et Suzie son amour.
— Si tu savais. Je suis allé la voir chez elle et elle était encore plus en colère que ma mère. Elle nous en veut à toi et moi parce que Erik ne lâchait pas l'affaire. Elle dit qu'il est décédé par notre faute.
— Elle va finir par se calmer, bébé. C'est normal qu'elle soit dans cet état.
— Je sais bien, mais je déteste qu'elle soit fâchée contre nous.
— Bon, c'est assez pour le moment. Je dois te faire oublier tout ça. On a le temps de prendre une douche avant la cantine. Tu viens.
— Tu crois pas que tu exagères un peu? On viens de... faire l'amour, répondit-il en rougissant de plus belle.
— J'ai pas dis qu'on allais s'envoyer en l'air, rigola le brun, mais je ne dirais pas non si tu insistais. Oh ! Et la prochaine fois, on mets la musique. On doit nous avoir entendu, ce matin. J'ai bien essayé de me retenir, mais t'étais si bon.
— Les douches sont juste à côté. Ça me surprendrait que nous aurions été démasqués. Il n'y a qu'August qui pourrait y arriver.
— Mais il ne reviendra pas.
— Il revient aujourd'hui. Mère a décidé qu'il m'enseignerait à être noble. C'est désespérant.
— Je te conseille d'aérer la chambre, dans ce cas. Je suis certain qu'on sent l'amour à plein nez.
— Tu sais, il y a bien quelqu'un qui a pu nous entendre ce matin, réfléchit le blond. Les gardes du corps d'Erik sont maintenant à mon service, conclut-il en se mettant une main sur la bouche tout en retenant son rire.
— Youps !
— Ils ne diront rien. C'est ça leur job, ne rien dire et me protéger. Allez, on la prend cette douche ?
Heureusement que Simon n'était pas loin. Ce jour-là, Wilhelm avait senti tout le poids de son nouveau statut. Il deviendrait un jour le successeur de sa mère. Les élèves étaient, malgré tout, impressionnés par cela. Ils chuchotaient entre-eux, le regardaient avec de nouveaux yeux. Sa mère avait raison, il n'y aurait plus jamais rien comme avant. Les seuls à se sentir à l'aise, en sa compagnie, étaient ses amis proches. Cela se résumait bien sûr à Simon, mais aussi à Sara et Félice.
Malgré tout, le prince sentit qu'il y avait quelque chose qui avait changé chez la jeune héritière. Ses yeux s'étaient assombris et elle semblait, la plupart du temps, soit refermée sur elle-même, soit sur le point de s'écrouler en sanglots. Il avait parfois l'envie de lui parler, mais comment aborder le sujet sans qu'elle éclate en un torrent intarissable?
Plusieurs jours avaient passés où, finalement, Simon avait décidé de prendre place, tout à côté de son petit ami, dans la classe. Cela avait permis à Sara et Félice de se rapprocher d'avantage, créant des liens qui devenaient plus forts, chaque jour. De son côté, le blond ne pouvait demander mieux que d'avoir Simon qui le soutenait quand il passait des jours plus difficiles. Au début de son internat, Erik avait pris l'habitude de l'appeler par vidéo, à toutes les semaines. Chaque mardi, il se décomposait, sachant qu'il ne recevrait plus jamais les appels, composés d'anecdotes rigolotes, de conseils fraternels et bien sûr de leur simples discussions entre confidents.
August lui avait laissé un peu d'espace au cours des deux premières semaines, mais il n'avait pas tardé à reprendre ses virées quotidiennes jusqu'à la chambre des deux jeunes hommes. L'irritation était le lot des trois élèves puisque le cousin « tant apprécié » avait recommencé ses insultes contre son beau Simon.
— Malin me fouille tous les jours avant que j'entre dans ta chambre, se plaignit August. Elle ne le fait même pas avec ton colocataire.
— Il s'appelle Simon, je te rappelle, et il habite dans cette chambre. Ce serait franchement insultant pour la reine, qui a demandé à ce qu'il soit avec moi.
— Il est une insulte en-soi, souligna, sans tact, le cousin.
— J'ai pas besoin de tes sarcasmes. Mère a choisi et je t'assure que tu gagnerais à le connaître. Si tu es encore venu l'insulter, tu peux repartir.
— Wille, il ne faut pas que tu prennes cette tangente. Le petit peuple doit rester de son côté et toi et moi, nous ne sommes pas comme eux. On a du sang noble et une réputation à tenir. Que tu sois dans la même pièce que lui toute la journée est déjà énorme. Tu dois avoir un cercle d'amis plus réputé que ce fils d'alcoolique.
Les mots qu'il décochait en direction de Simon frappaient Wilhelm en plein cœur. Il savait depuis longtemps que le père de Simon n'était pas un modèle, mais Simon l'aimait malgré tout. C'était le seul père qu'il avait; l'un des membres de sa famille.
— Ton père s'est bien suicidé alors qu'il avait presqu'englouti toute la fortune de ta mère. Est-ce que tu crois qu'il est un meilleur modèle ?
Les mots étaient sortis avec beaucoup de ressentiments. Il avait de plus en plus de difficultés à garder son amour secret. Les vacances de Noël arrivaient dans quelques jours. Il n'avaient qu'une seule hâte, se libérer enfin de son secret pour tenir la main de Simon, qu'il soit en classe ou dans leur chambre.
— Tu me le paieras, cousin. Tu sais très bien que je n'ai pas choisi mon père.
— Lui non plus, s'enragea un peu plus le blond en pointant son amoureux. Maintenant, tu sors d'ici. J'ai une dissertation à faire en équipe, avec SIMON !
August quitta sur le champ, prenant très mal les mots durs que venait de lui lancer son cousin à la figure.
— Merci, bébé ! C'était pas nécessaire.
— Oui, ça l'était. Il se comporte comme un salopard. Je ne supporte plus ses piques envers toi. Il comprendra peut-être enfin ce que ça fait de se faire insulter sans raison. Tu sais, il adorait son père et c'est tout ce que j'ai trouvé pour le faire réagir. Son départ l'a affecté à un point que je n'ai jamais compris. C'est à partir de ce moment qu'il s'est mis à détester le peuple. C'était comme s'il ne voulait pas se retrouver à leur niveau, mais je sens qu'il y a encore plus que ça.
— Malgré tout, tu es incapable de le détester. Un jour, tu feras un très grand roi !
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OB Royal
FanficWilhelm est le prince de Suède et second à la succession du trône, après son frère Erik. Obligé d'étudier dans un nouveau pensionnat, suite à un esclandre avec des camarades, le prince rencontrera Simon, issu du peuple et ouvertement gay. Lors d'un...