Retour au palais

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Comme si la vue du sauveteur avait eu raison de ses dernières forces, Wilhelm perdit conscience alors qu'il était rejoint. Il se réveilla, après ce qui lui sembla être quelques minutes. Hors, il reposait dans son propre lit, au palais.

— Bonjour, petit frère. Alors tu as encore tenté de te soustraire à tes obligations royales ? Tu savais bien que maman te retrouverait, rigola l'ainé.

Ne réagissant même pas à la blague d'Erik, Wilhelm se redressa en grimaçant.

— Comment va Simon ? Tu l'as vu ? Il va s'en sortir ? Où est-il ? Je veux le voir.

— Whow ! Whow ! Du calme ! Tu parles beaucoup trop vite. Tu vas encore nous faire une crise d'angoisse.

— Mais, dis-moi !

— Simon va bien. Ils l'ont bourré d'antibiotiques et il est maintenant sous perfusion, tout comme toi d'ailleurs. Il n'a pas cessé de dormir depuis que vous êtes arrivés ici.

— Il est ici ? Il faut que je le vois !

— Tu n'as pas le droit de quitter ton lit. Ils disent que tu as été chanceux de ne pas mourir avec le plongeon que tu as fait.

— Je n'ai pas plongé, j'ai glissé jusqu'en bas.

— Oui, tu as glissé, sur le dos, sur le ventre et sur la tête. Tu sais que tu as la tête dure ?

— Maman me le dit sans arrêt, soupira Wilhelm en soulevant ses épaules.

C'est à ce moment qu'il réalisa qu'il n'était vraiment pas remis. Son épaule l'élançait jusqu'à ses orteils.

— Il m'ont peut-être bourré d'antibiotiques, mais ils ont oublié les anti-douleurs, grogna-t-il en se préparant à sortir du lit.

— Mais reste couché !

— J'ai déjà beaucoup trop dormi. Il faut que je vois Simon.

— Pourquoi ? Il dors depuis plus de 24 heures et puis sa mère et sa soeur sont avec lui. Tu n'auras rien à faire.

— Tu sais quoi, Erik ? C'est lui qui m'a sauvé la vie. Il a fait l'abri à mains nues alors qu'il m'avait laissé ses gants pour ne pas que je sois frigorifié. Il s'est arraché des lambeaux de peau afin que je sois à l'abri de la pluie et du vent. Il m'a laissé son manteau alors que j'étais déjà sous la couverture d'aluminium. Il a préparé du bois pour nous faire un feu. Il n'a pas arrêté de me sauver la vie, pendant tout ce temps, même s'il souffrait lui aussi. Il n'a rien dit jusqu'à ce qu'il commence à faire de la fièvre et, là encore, il a préféré ne pas m'inquiéter. C'est moi qui ai découvert ses blessures, parce qu'il pensait sûrement que ce n'était pas une bonne idée que je me fasse du mouron pour lui. Alors, si tu le permets, laisse-moi décider si c'est important ou pas que je sois là pour lui aussi. Tu peux comprendre ça ?

— Oui ! Évidemment ! Désolé Willy ! C'est vrai que quand on l'a trouvé, il n'a pas arrêté de s'informer de toi. Il était vraiment agité, jusqu'à ce qu'on lui dise que tu allais bien.

— Qu'est-ce que t'attends ! Dis-moi où il est, commença à s'impatienter le blond alors qu'il retirait l'aiguille de son bras et qu'il mettait ses pantoufles ainsi que sa robe de chambre.

— En fait, c'était plus pratique de le mettre à côté de ta chambre. Comme ça, les infirmières n'ont pas un kilomètre à marcher pour se rendre jusqu'à l'aile des invités.

Erik occupait l'une des chambres connexes à celle de Wilhelm. Ce dernier savait donc où se diriger puisqu'il ne restait plus qu'une chambre possible. C'était celle de son grand-père, roi de Suède, qui était décédé voilà quelques années. Il frappa deux petits coups à la porte et entra. Comme le lui avait fait savoir Erik, Linda, la mère de Simon, était présente. Elle était assise au secrétaire de son grand-père et lisait un livre qu'elle avait probablement pêché à la bibliothèque du palais.

— Bonjour Madame !

— Bonjour majesté, répondit-elle en se levant précipitamment.

— Pas de cérémonie, s'il vous plaît. Après ce qui nous est arrivé, à Simon et moi, veuillez vous considérer comme une amie proche de notre famille, résuma-t-il rapidement. Est-ce que Simon s'est réveillé ?

— Malheureusement pas, Maj... Wilhelm. Il est très agité depuis quelques heures. Peut-être qu'il va se réveiller bientôt. Par contre, je suis contente de voir que tu vas bien. Il n'a pas cessé de murmurer ton nom dans son sommeil.

— Je lui dois la vie, confirma le prince en hochant la tête. Vous pouvez être fière de lui.

— Je t'en prie Wilhelm. Si je peux être une amie, tu as aussi le droit de me tutoyer, répondit-elle en lui prenant la main.

— D'accord ! Est-ce que tu as dormi... hem... Linda.

— Sara est partie dormir un peu, mais je ne me sentais pas le courage de le laisser seul. Il a... vous avez vécu quelque chose de très traumatisant.

— On s'est encouragé mutuellement. Il n'était pas seul. J'étais là pour lui. Autant que je l'ai pu, du moins. Je vais prendre le relais et, pendant ce temps, je t'oblige à rejoindre Sara.

— Mais...

— Ordre du prince, rigola-t-il.

Elle s'approcha lentement près du lit et embrassa le front de Simon. Il avait repris quelques couleurs et paraissait en bien meilleur forme que la veille. Sa main était bandée, ce qui soulagea le blond. Les médecins l'avait soigné et il s'en sortirait. Linda passa à côté du prince et demanda une dernière chose.

— S'il se réveille, j'aimerais qu'on m'avise immédiatement.

— Très bien, ne vous inquiétez pas. Je vais y veiller personnellement.

Il referma derrière Linda et courut presque jusqu'au lit. Il s'agenouilla et prit la main du bouclé. Elle était chaude, mais pas bouillante comme la dernière fois qu'il l'avait touchée. Soulagé, il pencha la tête et ferma les yeux, remerciant les saints de l'avoir gardé en vie.

— Tu veux que je vous laisse ?

Wilhelm sursauta. Il n'avait pas remarqué qu'Erik l'avait suivi et qu'il attendait silencieusement en retrait.

— Je... J'ai... Tu...

— Tu peux bien essayer de berner qui tu veux, mon cher petit frère, mais ce gars-là, tu l'as dans la peau. Tu crois vraiment que je n'avais jamais remarqué que tu lorgnais sur mes amis que je ramenais à la maison ? Tu sais s'il est gay ?

Rosissant rapidement, Wilhelm plongea la tête dans la couverture, trop honteux pour regarder Erik dans les yeux.

— Oui ! Il l'est, répondit le blond alors qu'il voulait se retrouver six pieds sous terre tellement il était gêné.

— Wille! Fais pas cette tête. Tu es ce que tu es et je ne t'en voudrai jamais pour ça. Il est plutôt mignon, d'ailleurs.

Le cadet releva enfin sa tête et se permit de regarder Simon pendant une minute ou deux.

— Si tu savais. Il n'est pas juste mignon. Il a aussi des abdos à tomber par terre et je ne te parle même pas de son caractère. Tu sais qu'il tient tête à August ? Ça le fait enrager. Si tu voyais notre cousin. Je t'assure, juste pour ça, il ne peut pas être plus haut dans mon estime.

— Abdos hein ? Alors vous en êtes déjà là ?

— Quoi ? Mais non ! Tu n'as retenu que ça ? C'est une longue histoire.

— Ouais et moi, je suis un homme du peuple que personne ne connaît, riposta l'ainé pour le mettre mal à l'aise. Allez ! Je vous laisse, les amoureux. Ne faites pas de bêtises, conclut Erik en se dirigeant vers la porte. Vous en avez assez fait dans les derniers jours. Oh ! Ne fais pas trop la tête si, à l'avenir, tout le monde se retourne sur ton passage. Tu es devenu bien plus populaire que moi, le futur roi. Ta tête était diffusée en continu sur toutes les chaînes de télévision.

— C'est bien ma vaine!

— Arrête avec ça, Wille! Ils t'aiment et c'est leur façon de te le montrer.

OB RoyalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant