La condition

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Quand Simon vit Wilhelm, il resta pétrifié. Son cœur avait sauté un battement, ce qui l'avait fait blêmir dramatiquement. Ce n'était pas qu'il ne voulait pas le voir. Au contraire, il y avait rêvé depuis les six dernières années, plus de fois qu'il n'aurait pu les compter. C'était simplement l'inattendu. Il se demanda même s'il serait capable de chanter tellement il était en émoi intérieurement. Malheureusement, la salle l'acclamait et il ne pouvait décidément pas laisser tomber ses fans. Alors, il se décida à reculer et souleva ses bras en criant un généreux « BONSOIR STOCKHOLM ! ».

Tout en se remettant au travail, Simon avait bien vu que c'était August qui accompagnait le prince. Il s'assurait probablement que Wilhelm ne dépasse pas le stade du simple spectateur. Peut-être même que c'était le blond, lui-même, qui l'avait trainé ici, afin que le chanteur voit qu'ils étaient encore une famille et que ce n'était pas un homme du peuple qui les aurait séparés. Probablement que le lord avait enfin réussi à faire un lavage de cerveau à son cousin.

Si cela était exacte, il fallait réveiller Wilhelm en le provoquant encore plus que ce qu'il avait l'habitude de faire en spectacle. Il était venu pour le voir, il en aurait pour son argent.

Rapidement, il rechercha des hommes en tenue plutôt légère et provocante. Quand il eut enfin trouvé celui qui ferait l'affaire, il avait déjà quelques chansons d'interpretées. Il s'agenouilla au bord de la scène et pointa l'homme avec insistance pour qu'il sache qu'il le désignait bien. Ce dernier sautilla de joie quand il comprit qu'il l'invitait sur la scène en ramenant son doigt vers lui. Le jeune homme se précipita aussitôt et grimpa le plus vite possible pour enfin se jeter dans les bras de Simon. Le bouclé débuta sa chanson et dansa sans aucune pudeur avec l'homme qui se trémoussait maintenant le derrière sur la cuisse du brun.

Il faisait exactement ce qu'il espérait. Le nombre de fois où des hommes étaient montés sur scène sans consentement et qu'ils s'étaient jetés ainsi sur lui étaient nombreuses, mais il les avait toujours fait expulser. Cette fois-ci, il comptait bien s'amuser avec l'homme qu'il déplaça subtilement devant le prince. Ils continuèrent à danser ainsi pour rendre Wilhelm le plus énervé possible. Peut-être bien qu'il finirait par comprendre qu'il le voulait, lui, et non Félice.

Terminant enfin sa chanson, il dévisagea longuement le blond alors qu'il se laissa presque déchirer ses vêtements, tellement l'autre était en délire. Contrairement à ce qu'il croyait, il ne lut aucune colère dans les yeux de son prince. Tout au contraire, il vit une grande tristesse qu'il n'avait pas pu cacher. Des larmes emplissaient ses yeux, clairement rougis de chagrin. Non ! Il voulait le provoquer pour le ravoir. Il ne voulait pas voir la défaite dans son regard assombri. Il voulait y voir le prince qui se battrait pour lui.

Honteux d'avoir fait pleurer Wilhelm alors qu'il aurait tant voulut y voir de l'amour, il continua sa prestation en retournant le fan à sa place et en évitant, autant que possible, de revoir les yeux du blond. Quelque chose s'était brisé en lui. Était-ce ce que Wilhelm ressentait chaque fois qu'il l'avait vu en compagnie de l'un de ses faux petits amis ? Et quand il avait tenté le tout pour le tout, avec Harry Styles, de se faire embrasser sur son yacht, l'avait-il vu et avait-il fait la même réaction ? En tous cas, lui, il avait détesté et s'était juré de ne pas recommencer. Dieu ! Peut-être l'avait-il même vu quand Cameron s'était jeté sur lui au gala. Comment allait-il faire pour regagner le cœur de celui qu'il aimait, si, depuis tout ce temps, il le faisait souffrir aussi violemment ?

Terminant enfin son spectacle, il partit affronter les chanceux qui avaient des laissez-passer VIP. Comble de malheur, l'homme qu'il avait fait monter sur scène était du lot et ne cessait de le tâter. Les photos furent interminables et il se sentit désolé pour ses fans car, dès qu'il en eut l'occasion, il se défila et les quitta sans un regard en arrière. Ce n'était pas dans ses habitudes, mais aujourd'hui, il n'avait plus aucun goût pour ce genre de fantaisie.

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