Jour 2

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Wilhelm se réveilla avec le sourire. Il n'avait pas très bien dormi, à même le sol, mais la veille, il avait quand même pris son courage à deux mains et il avait embrassé Simon. Son cœur battait la chamade en s'approchant de lui, sauf que son cerveau ne répondait plus à ses impulsions. Il se disait qu'il faisait une grosse bêtise, mais son cœur, lui, cherchait le refuge des lèvres de son compagnon. Depuis qu'il l'avait surpris avec son court baiser, il n'avait plus pensé qu'à ça. Il savait qu'il aurait dû parler bien plus tôt, mais qu'est-ce qu'il aurait pu dire ? Il ne l'avait jamais vraiment côtoyer, mais ce n'était pas faute d'avoir essayé. Il y avait toujours Sara ou August pour l'empêcher de faire connaissance. Maintenant qu'ils étaient seuls, tout avait déboulé, c'était le cas de le dire, à une vitesse quasi impossible.

En fait, il savait qu'il était le centre d'attention d'Hillerska. C'était comme ça, peu importe où il allait. Par contre, de là à penser que Simon pouvait avoir plus qu'une simple curiosité pour sa personne ne lui avait même pas traversé l'esprit. Il en avait réellement fait la découverte, la veille, alors que le bouclé tentait de s'excuser.

Il y avait réfléchi longtemps, beaucoup trop même, comprenant trop tard que Simon se sentait coupable de son geste. C'était plutôt bizarre, sachant par August que le bouclé ne se cachait pas d'être gay. Peut-être que son statut l'impressionnait. Wilhelm n'avait aucune idée de comment lui faire comprendre qu'il avait apprécié. Par chance, tout s'était finalement passé sans aucune pression. Le métis avait répondu avec beaucoup d'ardeur à leur second baiser. Ils avaient sombré dans le sommeil, front contre front, la main de l'un enlacée à celle de l'autre.

Aujourd'hui serait enfin ce qu'il espérait depuis toujours; vivre sans le regard des autres. Le prince entrouvrit les yeux et découvrit que quelques gouttes de sueurs perlaient au front du bouclé. Il fronça les sourcils et voulut lui prendre la main, mais Simon se mit à gémir en enlevant rapidement sa propre main.

— Simon ? Tu te sens bien ?

— Mmmhhh !

Il avait seulement marmonné quelque chose d'incompréhensible. Cela le fit réagir un peu plus.

— Tu as mal quelque part ?

Aucune réponse ne sortit de ses lèvres. Wilhelm sentit que ce n'était pas normal. Il se redressa du mieux qu'il pût et passa sa main sur le front brûlant de son compagnon.

— Tu fais de la fièvre ! Il faut que tu boives pour t'hydrater.

Il prit la gourde, mais la dévisser d'une seule main, s'avéra un fichu contrat. Lorsqu'il parvint enfin à l'ouvrir, il tenta d'aider Simon à boire. On ne pouvait pas dire que c'était un succès retentissant. Le bouclé ne réagissait que faiblement et lui-même n'avait qu'un bras valide. Cela fit en sorte que la moitié du contenu se vida par terre.

Inquiet par le peu de réaction de Simon, Wilhelm décida de préparer de l'eau supplémentaire. Il alla chercher un des pots qui auraient dû contenir les insectes et le remplit à la rivière. Il chercha les fameux comprimés pouvant purifier l'eau et en laissa tomber un dans le pot. L'attente était d'un minimum de trente minutes. Cela lui permit de réanimer le feu. Il ne restait qu'une faible braise. Peinant à trouver du bois dans le secteur, il s'aventura un peu plus loin. Il fit trois aller-retour, ne pouvant se servir que de son bras valide.

C'est exténué, qu'il finit par s'agenouiller pour raviver les flammes. Tout en brassant légèrement le feu, Wilhelm se questionna sur ce qui pouvait bien arriver au beau métis. Le regardant dormir, il le vit se tortiller sous la mince couverture. Pauvre Simon ! Il semblait avoir très mal. Voyant que le bouclé perdait sa couverture, à force de bouger, le prince décida de le recouvrir à nouveau. Quand il souleva le fin tissu métallisé, il constata que son compagnon tenait fortement sa main. Il s'agenouilla et vérifia le membre du jeune homme. Il faillit tomber dans le feu, tellement sa surprise était grande. Des zébrures traversaient les mains de Simon, mais il pouvait facilement voir que l'une d'entre elles s'était infectée. Du pus sortait de la blessure extrêmement bombée. Sa couleur violacée n'augurait rien de bon. C'était localisé, mais si l'infection avait fait son chemin si vite, il faudrait garder un œil attentif afin de s'assurer que ça ne se propagerait pas aux autres contusions.

**********

— Majesté ! Avez-vous des nouvelles du prince Wilhelm ? Est-ce un enlèvement ? Savez-vous s'il est en vie ?

— Je vous prierais de nous laissez seuls avec les enquêteurs. Vous aurez plus de détails en temps voulu.

— Mais le prince est bien disparu depuis hier ? Est-ce que ce ne serait pas plutôt une fugue ?

— La reine vous a dit de nous laisser tranquilles, tonna son époux. Vous saurez tout bien assez tôt.

Il tendit la main vers son épouse qui la lui prit avec soulagement. Bien des fois, elle s'était sentie oppressée par les journalistes, mais  ce jour-là fut bien le pire d'entre tous. Son petit Wilhelm était perdu dans cette immense forêt. Comment rester de marbre dans un cas pareil ?

Rejoignant la tente des policiers, le couple royal fut surpris de découvrir trois autres personnes en compagnie des gendarmes. Ils lui furent présentés comme les parents et la sœur d'un autre jeune homme qui était, lui aussi, porté disparu. Ressentant une grande tristesse pour cette famille éprouvée, elle ne put retenir une larme en pensant qu'ils devaient vivre un cauchemar aussi grand que le sien.

Voyant la reine en détresse, la mère de Simon se jeta dans les bras de la monarque afin de lui apporter un peu de réconfort. Kristina se surprit à la serrer un peu, puis se reprit. Elle ne pouvait pas faiblir. Elle devait rester forte et s'attendre à toute éventualité; même la mort.

Au lieu de se détacher complètement, elle prit la main de Linda et la lui tapota quelques fois. Elle devait faire un discours pour rassurer cette famille même si, à cet instant, elle en avait autant besoin qu'eux.

— Les enfants sont pleins de ressources, commença-t-elle doucement. Ils vont s'en sortir. Nous pourrons même les punir de nous en avoir fait voir de toutes les couleurs, continua la reine Kristina avec une minuscule touche d'humour dans la voix. Vous verrez. Ils seront remis en un rien de temps.

Elle tapota une dernière fois la main de Linda et passa ensuite une main sur la joue de Sara. Enfin, elle serra très fort la main du père de Simon qui était resté loin en retrait. Son mari fit de même et ils écoutèrent les derniers détails sur les efforts déployés par les secouristes.

OB RoyalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant