OB Royal

Promesse

Le 5 janvier, toute l'Europe était assise devant son téléviseur pour apercevoir le mariage princier. Tous ceux qui ne s'y trouvaient pas, avaient bravé le froid pour voir, véritablement, la robe de velours qu'avait revêtue la future mariée. Malgré le lourd tissus, ont pouvait facilement distinguer la délicatesse du vêtement qui retombait gracieusement à plusieurs mètres derrière Félice. Ses broderies d'un rose très pâle parsemaient avec élégance le vêtement d'une somptuosité inégalée.

Sara n'avait pas laissé le choix à Simon qui dut l'accompagner. Une cérémonie comme celle-ci nécessitait un accompagnateur. Il n'avait réussi à lui soutirer qu'une seule condition. Il voulait avoir le banc le plus loin possible, afin de disparaître, si son cœur ne le supportait plus.

Malheureusement, quand ils y entrèrent, les places arrières étaient toutes prises et Simon déprima en voyant qu'il y avait au moins 12 bancs avant de trouver deux places. Il ferma les yeux et respira un bon coup. Plus que quelques heures et il pourrait être de retour chez-lui.

Sara jacassait, regardant avec admiration les fleurs et décorations de couleurs rose et crème qui ornaient les bancs. Il fallait admettre que le tout était de très bon goût. C'était parfait. Oh oui ! Tout était parfait, incluant Wilhelm dans son costume d'apparat. À sa vue, son cœur s'arrêta de battre, ses tripes se tordirent de douleur et ses jambes flageolèrent dangereusement. Il aurait tellement voulu être indifférent pour vivre cela comme une festivité et non comme une condamnation à mort.

Soudain, la musique nuptiale débuta pour laisser place à une Félice des plus magnifique. Il dut l'avouer, leur couple serait admiré. Quand elle passa devant eux, la jeune femme fit un sourire navré à Simon avant de s'installer auprès de Wilhelm. La cérémonie se déroula parfaitement, bien que le bouclé n'eut conscience de pratiquement rien jusqu'à ce qu'ils en arrivent à l'échange des anneaux. Le prêtre demanda à tous si quelqu'un souhaitait exprimer une contre indication à ce mariage.

C'est là qu'il craqua. Il poussa Sara et sortit rapidement, se coinçant le pied dans une décoration. Il dut se retenir à une vieille dame qui essaya de le soutenir, mais elle poussa un cri strident en réalisant qu'elle ne réussirait pas. Les yeux des mariés se détournèrent vers le bruit et découvrirent le métis qui se relevait sans un regard derrière lui. Wilhelm le reconnut inévitablement et serra un peu trop la main de Félice. Elle comprit et ne donna aucun signe de douleur. Au lieu de cela, elle le serra à son tour et le fit se retourner avec patience.

Plus loin, Simon sortit de la chapelle, les joues en feu et le cœur voulant lui sortir de la poitrine. Aussitôt qu'il y parvint, il se pencha vers l'avant avec ses deux mains appuyées sur ses cuisses afin de faire entrer l'air dans ses poumons.

— Tu es bien le dernier que j'aurais cru voir sortir aussi mal en point, grogna une voix triste qui venait de derrière lui.

Confus, le bouclé décala sa tête pour voir qui lui parlait. Bien adossé à l'une des grandes porte, August le regardait de son air hautain.

— Tu ne peux pas garder, pour une fois, tes pensées pour toi ?

— Désolé, mec !

Quoi ? August était désolé ? Ça ne tournait décidément pas rond dans la tête du jeune lord. Puis, il comprit ce qui rendait August aussi inhabituel. Il aimait toujours Félice, tout comme Simon aimait toujours Wilhelm. Ils n'y pouvaient rien. Chacun perdait aujourd'hui une partie de son âme.

— Tout est de ta faute. Si tu ne t'étais pas autant entêté à dénigrer ma sœur, tu serais encore avec Félice et mon Wilhelm serait encore avec moi. Tu n'es qu'un égoïste sans cœur.

Les mots du métis l'avaient frappé en plein cœur. Le pire, c'est qu'il savait qu'il avait raison, mais ce que son père lui avait fait, à lui et sa mère, était insurmontable à ses yeux. En plus, Simon semblait l'accusé d'avoir brisé son couple avec le prince. Il délirait ou quoi ? Jamais Wille n'aurait tombé si bas.

— Quand bien même tout cela était vrai. Tu ne t'imaginais tout de même pas que mon cousin t'épouserait un jour, toi, un HOMME. Tu n'as rien écouté pendant toutes ces dernières semaines. Wilhelm est le prince et futur roi de Suède. Être ami avec toi était déjà bien assez. Haha ! Laisse-moi rire. Tu ne seras jamais estimé. Compte toi chanceux que la reine ait eu besoin de redorer son image en te payant l'internat. La vie est une longue suite de déceptions. Un jour tu l'accepteras.

Une nuée de « hourra ! » et d'applaudissements scella définitivement l'espoir de Simon derrière un mur infranchissable. Les fiancés étaient maintenant mariés. August disparut derrière le mur de la chapelle pour ne pas les voir descendre, alors que Simon laissait finalement couler ses larmes.

La foule extérieure explosa dès que les portes s'ouvrirent sur les nouveaux mariés. Aussitôt, le métis s'enfuit à son tour de l'autre côté de la chapelle et s'appuya lourdement au mur de cette dernière. Les yeux fermés, jusqu'à ce que les brouhahas cessent et qu'il soit certain que la limousine qui transportait Wilhelm et Félice soit bien partie, il pensa à ce qu'il avait vécu avec le prince et à toutes ses petites phrases qu'il lui avait dîtes.

« Tu as une voix magnifique. Tu devrais en faire une carrière. »

« Je t'ai imaginé avec du maquillage et t'étais à couper le souffle. »

« Comment pourrais-je me passer de toi ? »

Tout ça, il ne se l'était pas imaginé. Il savait que le blond avait encore des sentiments pour lui. Il ne pouvait pas croire que leur histoire se terminait. Il allait se battre pour lui. Cela pourrait prendre une vie entière, mais il montrerait à Wilhelm ce qu'il manquait. Il se redressa enfin, encore plus têtu que jamais. Oh oui ! Ils allaient tous les deux souffrir, mais il ne s'arrêterait pas. Il lui planterait un couteau dans le cœur toutes les fois qu'il en aurait l'occasion.

Si le prince croyait que sa vie serait belle en compagnie de Félice, il lui montrerait qu'il se trompait amèrement. Son plan, qui s'étalerait sur plusieurs années, prenait forme au fur et à mesure qu'il se rapprochait de son véhicule.

Wille souffrirait. C'était une promesse.