Un choix

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Malgré le caractère hautain du cousin infernal, les trois dernières semaines s'étaient quand même bien passées. August utilisait tout son temps libre dans la chambre de Wilhelm. Il disait que ça l'aiderait à passer au travers de sa nouvelle cohabitation. En effet, le jeune lord n'aimait toujours pas Simon et s'assurait de toujours le mépriser en présence des deux jeunes hommes. Chaque occasion était parfaite. Un soir qu'il n'en pouvait plus de l'entendre rabaisser son petit ami, le prince utilisa la carte des examens à étudier pour se débarrasser de lui.

— J'ai fait les mêmes, l'an dernier. Je peux t'aider à réviser, répondit-il sans se démonter pour autant.

— Ça va aller August. J'ai juste besoin de calme pour étudier. On se revoit demain, ok?

— Il va autant te déranger que moi, tenta le lord en parlant de Simon.

— Bien sûr oui, railla le bouclé. Je vais lui sauter dessus dès que tu seras parti et on va baiser jusqu'au matin. Si tu écoutes bien, tu vas l'entendre gémir toute la nuit, finit-il par expulser de sa voix agressive. Et ensuite, je vais me faufiler jusqu'à ta chambre et on prendra notre pied parce que je suis certain que tu dois adorer te faire pilonner par derrière. Ils aiment tous ça!

— Fais attention à toi, cousin. Ce mec est un vrai obsédé, prévint August encore sous le choc des paroles du bouclé.

— Tu n'as pas à t'en faire, je sais me défendre, répondit Wilhelm, un brin souriant.

— Je vais demander à la directrice de nous mettre dans la même chambre. Le pédé sera seul et toi et moi on pourra être ensemble.

— Je préfère que tu gardes ta chambre. Je n'ai vraiment pas le goût de me taper tes sauteries avec Félice. Et puis d'ailleurs, ma mère a insisté pour que je sois avec Simon. J'imagine que c'est pour lui montrer notre reconnaissance pour m'avoir sauvé.

— Félice cohabite avec sa sœur, rugit-il en pointant le métis. Elle est rendue tellement coincée qu'elle ne veut plus rien faire. Cette famille n'amène que des problèmes. C'est quand même lui qui t'a poussé.

— Je te l'ai dit cent fois. Il ne l'a pas fait par exprès. On faisait seulement un pari.

— Je suppose que c'est pas par exprès, aussi, que Sara est devenue la grande ami de Félice. Elle la laisse monter son cheval sans arrêt. Non mais, elle n'a qu'à se procurer le sien !

— August, la vie ce n'est pas que la haute société. Il y a d'autres gens que toi et moi, dans ce monde. Tu dois te faire à l'idée.

Le jeune lord ne répondit même pas et claqua la porte derrière lui. Il espérait arranger les choses entre son cousin et son petit ami, mais franchement, cela semblait toujours s'envenimer d'avantage.

— Désolé, min vackra. Il était bien remonté ce soir. T'aurais pas dû lui dire ça. Il ne va plus te lâcher maintenant.

— Moi, ça va. Je suis habitué aux insultes, mais j'aime pas qu'il s'en prenne à ma sœur.

— Tu crois qu'il va verrouiller sa porte ce soir, demanda Wilhelm en rigolant.

— Il peut bien le faire ! Il n'y a qu'à toi que j'ai le goût de faire des choses, répondit aussitôt le métis en s'approchant pour s'asseoir à califourchon sur son copain.

— On en a parlé, Simon. Je suis pas prêt à plus.

— Je le sais, mais je peux quand même m'imaginer ce que je veux, tenta le brun en souriant légèrement avant de l'embrasser.

— On doit vraiment étudier, se plaignit le blond. Allez ! Au boulot.

Le lendemain, tout le monde s'était retrouvé à l'extérieur pendant la pause repas. Wilhelm avait vu Félice attirer August un peu plus loin. Il les observait depuis quinze minutes environ, quand son cousin se releva brusquement. Il voyait bien que la discussion entre le couple était animée depuis le début. August avait pointé Sara à plusieurs reprises et ses yeux menaçants racontaient qu'il n'aimait pas la voir en sa présence. Ce n'était pas du tout difficile à traduire puisqu'il le faisait toujours avec Wilhelm et Simon. Félice s'était maintenant relevée à son tour et on voyait qu'elle pleurait. August avait une si gentille copine. Comment pouvait-il être un tel connard avec elle ?

La jeune femmes s'était révélée être très charmante et elle avait finalement trouvé beaucoup d'affinités avec le prince. Elle lui avait parlé à de nombreuses reprises du souhait de ses parents qu'elle épouse un homme de bonne famille. Elle croyait sincèrement qu'elle avait trouvé le bon avec August, racontant que sa famille serait enfin fière d'elle. Tout comme le prince, elle était prise dans un carcan où elle ne pouvait décider de sa propre vie. August, croyait-elle, serait en mesure d'être l'homme qu'elle aimait, tout en étant de bonne famille.

Les voir se chamailler sans arrêt depuis que les deux jeunes hommes étaient revenus à Hillerska, lui brisait réellement le cœur. Elle méritait tellement plus que son cousin. Il les étudiait encore quand il vit August faire signe que non de la tête tout en soulevant ses deux bras. Félice l'avait frappé au torse à plusieurs reprises avant de partir en sanglots en direction de Sara qui l'accueillit à bras ouvert. Voyant qu'elle avait trouvé refuge chez une personne qu'il détestait, il grogna avant de revenir vers le groupe.

— Les femmes sont trop possessives, clama-t-il sans un regard vers Félice. Elle est comme toutes les autres.

— Qu'est-ce qui se passe demanda Wilhelm.

— Je l'ai laissé.

— Pourquoi ? Tu n'auras jamais plus la chance de trouver une perle comme elle.

— Je te la laisse, cousin. Elle ferait une excellente épouse pour toi.

— Mais t'es débile ou quoi ? C'est toi qu'elle aime, pas moi.

— Elle n'a qu'à changer ses fréquentations. Je ne prendrai jamais le thé en compagnie de Sara. Si elle veut faire partie de ma vie, elle doit s'habituer à un statut beaucoup plus haut. Je n'accepterai jamais que ma copine fasse la charité à des boursiers. Elle a toutes les cartes en main. Si elle décide de revenir vers moi, elle aura un choix à faire.

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