— Je n'ai jamais demandé à devenir roi.
— Mais tu le seras et tu vas tous les éblouir, comme tu l'as fait avec moi, répondit le bouclé.
— Oui, c'est certain qu'un roi homosexuel ça va les aveugler.
— Dis pas des conneries ! Quand ils te connaîtront, ils vont changer d'avis. Tu as une bonté d'âme extraordinaire. Tu ne supportes pas les injustices et la douleur des autres. Ils verront comment tu es merveilleux et ils ne pourront plus se passer de toi.
— Il n'y a que toi dont je ne veux pas me passer.
— Moi aussi j'ai du mal à me séparer de toi, conclut le métis, mais ce que tu as dit à ton cousin est totalement vrai. On a une dissertation à préparer. Après, je te promets que tu vas devoir mettre la musique à fond parce que je ne me séparerai pas de toi de la nuit, rigola le brun.
Comme promis, la musique fut plus que nécessaire afin de couvrir leurs gémissements incessants. Le matin arriva beaucoup trop vite pour les deux amoureux qui durent remettre leur masque et faire comme s'ils n'étaient que de simples amis. Malheureusement, le cours de cette journée des plus banales allait devenir un point tournant de leur relation.
L'enseignant les sépara pour former des équipes. Wilhelm se retrouva en compagnie de Félice qui semblait encore plus désespérée. Sa tête d'enterrement finit par tellement rendre le prince triste pour elle qu'il se décida enfin à lui demander si tout allait bien.
— J'ai parlé à August, hier soir.
— Tu te fais du mal pour rien, Félice. Il n'acceptera jamais que tu sois amie avec Sara.
— Je sais bien, mais j'avais une bonne raison de le voir.
— Tu veux en parler ? Peut-être que ça te fera du bien.
— Je veux bien, mais je sais que ça ne changera pas mon état. Il était tellement remonté. Je ne comprends pas. Je ne lui avais pas encore parlé qu'il était déjà agressif.
— Bah si tu es passé après sa visite dans ma chambre, c'est possible. Je n'ai pas été très tendre avec lui, hier. Je lui ai rappelé les agissements de son père.
— Oh ! Ça explique tout, songea la riche héritière.
— De quoi tu parles ?
— Si tu promets de n'en parler à personne, je veux bien te raconter.
— C'est promis, Félice. Tu peux compter sur moi.
— Hé bien, je voulais le voir parce que j'avais quelque chose d'important à lui dire et j'ai bien peur que ton rappel de son père a fait toute la différence dans sa réponse.
— Je m'excuse à l'avance pour ça. Mais tu sais qu'il est con, peu importe à qui il parle, n'est-ce pas ?
— Oui, tu as raison, finit par répondre en riant la jeune femme, mais c'était exactement de ça dont je voulais lui parler, de sa paternité. Je suis enceinte Wille, souffla-t-elle imperceptiblement.
— QUOI ?
La classe toute entière se retourna vers leur équipe. Le prince avait été tellement surpris par les aveux de sa collègue qu'il n'avait pu retenir sa voix. Il fit un signe de main pour assurer que tout allait bien et se concentra à nouveau sur son amie.
— Désolé, je vais faire plus attention. Tu m'as surpris.
— T'inquiètes pas. Tu ne peux pas avoir été pire qu'August. Je croyais avoir tout entendu venant de lui, mais il m'a bien fait comprendre qu'il n'aurait jamais d'enfants. Il ne veut pas que leur vie soient misérable comme la sienne. Il dit que je dois me faire avorter immédiatement, qu'il ne reconnaîtra jamais qu'il est le père.
— Mais voyons, Félice. Il t'avait dans la peau avant que tu fréquentes Sara. Il t'aime autant que tu l'aimes.
— Va dire ça à ton cousin. Il a été très clair avec moi. Il n'y aura plus jamais de nous. Ce matin, je l'ai vu embrasser la pétasse de Fredrika en me regardant droit dans les yeux.
— C'est moi qui ai remonté August avec les insultes que je lui ai fait sur son père. Pardon, je vais arranger les choses. Ton enfant fait partie de la famille royale. S'il ne veut pas m'écouter, je trouverai un moyen pour régler ce problème.
Comme à chaque soir, August se présenta à la chambre de Wilhelm. Ce n'était pas dans les habitudes du prince, mais comme il avait promis à Félice de ne rien dévoiler, il demanda à son amoureux de quitter la chambre car il devait parler de quelque chose d'important avec son cousin.
Simon avait bien vu que le blond cachait quelque chose. Son attitude avait changé radicalement. Bien sûr, son frère était encore très présent dans ses pensées, mais il aurait juré que c'était autre chose. Peut-être en lien avec Félice, étant donné l'expression extrêmement surprise qu'il avait eu en s'exclamant si fort en classe. Le fait qu'il veuille discuter avec August, seul à seul, semblait être un indice supplémentaire. C'était tout de même étrange étant donné que tout le monde connaissait leur passé houleux. August n'était pas du genre à garder quoi que ce soit pour lui, habituellement. Malgré tout, il laissa les cousins discuter et alla marcher pendant leur conversation.
De son côté, Wilhelm demanda à August de prendre place sur le lit de Simon. Évidemment, ce dernier refusa catégoriquement et prit plutôt place sur celui du blond. S'il savait qu'il s'assoyait exactement là où dormait, chaque nuit, son petit ami, il en ferait certainement une attaque. C'est avec amusement que le prince s'installa sur le lit du bouclé. Ne sachant comment aborder le sujet du bébé, il décida d'y aller sans fioritures.
— J'ai parlé à Félice, aujourd'hui... de ton bébé.
— Cette garce n'était pas capable de simplement prendre ses responsabilités et d'avorter ? s'emporta le jeune lord. Il fallait qu'elle se plaigne à toi.
— Tout d'abord, c'est moi qui ai insisté pour qu'elle me parle. Elle va très mal, August.
— Et qu'est-ce que tu crois que ça me fait à moi ? Je ne suis pas prêt à être père.
— Tu crois qu'elle était prête à devenir mère ?
— Je lui ai dit de s'en débarrasser. Je ne peux pas. Je vais être un père immonde. Mon père m'a rendu insensible à la vie. Il n'a même pas daigné laisser une lettre d'adieu à sa mort. Il a préféré nous rendre encore plus coupables, mère et moi.
— Déjà que tu le comprennes, c'est une bonne chose, tu sais ?
— Jamais je ne pourrai. Mon beau-père est encore pire que lui. Il ne m'a jamais adressé la parole. Au lieu de ça, il a englouti la fortune de mère. Il est un modèle encore plus misérable que père.
— Ne pense pas à tes pères, mais plutôt à Félice et ton enfant. Elle t'aime à la folie, et je sais que sous tes airs hargneux, tu l'aimes autant. Avant qu'elle soit amie avec Sara, je voyais bien comment tu la regardais. Tu sais, le peuple est plus que des gens à ton service. Ce sont des êtres humains qui ont des vies et des sentiments, parfois et souvent, plus beau que les nôtres.
— Ne compte pas sur moi pour lui pardonner. Si elle veut me revenir, elle a deux conditions. Elle doit oublier cette Sara et notre enfant. Je ne serai jamais capable d'élever un enfant normalement avec la vie de merde que j'ai eu.
— Tu ne serais pas seul. Félice est tellement douce et sensible. Elle ferait des miracles pour vous deux.
— J'y arriverai pas, Wille, répondit le lord en se mettant à pleurer. Tu ne comprends pas que je la détruirais. Il n'y a rien à dire d'autre, j'aurai toujours la rage en moi, contre tout le monde. Félice finira par me haïr. Je préfère que ça reste ainsi.
— Tu peux être certain que si tu l'obliges à avorter qu'elle ne te pardonnera pas et qu'il n'y aura aucun retour en arrière.
— Hé bien ! On pourra dire que c'est la continuité de ma vie minable avec des pères minables.
— Si c'est ton dernier mot, je crois qu'il n'y a plus rien à dire. J'espérais un peu mieux de toi, mais j'ai au moins une explication. Je ne dis pas que c'est logique de penser de cette manière, mais au moins je comprends ton point de vue.
— Merci Wille.
— Surtout, je ne veux pas de tes remerciements. Si tu savais ce que cela vient de marquer pour moi, tu ne me remercierais pas.
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OB Royal
FanfictionWilhelm est le prince de Suède et second à la succession du trône, après son frère Erik. Obligé d'étudier dans un nouveau pensionnat, suite à un esclandre avec des camarades, le prince rencontrera Simon, issu du peuple et ouvertement gay. Lors d'un...