Le souffle de Wilhelm indiquait à Simon qu'il s'était assoupi. Son rythme régulier le rassura légèrement. Le temps était toujours maussade, mais la pluie venait de cesser. Avec précaution, il enleva ses gants qu'il passa aux mains du prince. La manière dont il se laissait faire indiquait clairement qu'il était maintenant dans un profond sommeil. Tentant de ne pas le réveiller, il sortit de la couverture et la laissa entièrement à son ami.
Bon ! Il était temps de faire un nouvel essai avec son téléphone. Évidemment, aucune liaison avec la civilisation n'était disponible. Il regarda longuement son écran. S'il avait eu le dernier modèle, peut-être que cela aurait fonctionné. Brusquement, il se dirigea vers l'endroit où il avait retrouvé le blond. Cherchant partout, il découvrit que le sac du prince était plongé dans l'eau, retenu par des branche mortes.
Il galéra pour le récupérer et, dès qu'il l'eût en main, il en sortit tout ce qu'il contenait. Il y trouva les bocaux pour les échantillons, un cartable détrempé, un étui à crayons, des biscuits en bouillie, ainsi que quelques autres babioles, incluant le téléphone de Wilhelm. Il retira ce dernier du sac avec désespoir. Il était clair que le portable avait séjourné beaucoup trop longtemps dans l'eau. Il essaya quand même de l'ouvrir, sans succès. Frustré, il donna un coup de pied dans le sac et repartit sans même ramasser les objets.
C'était le temps de fabriquer un abri pour les protéger car il sentait que d'autres pluies diluviennes viendraient les enquiquiner dans quelques temps. Bravement, il chercha aux alentours. Il n'était pas question de quitter le prince des yeux. Les branches des arbres étaient plutôt solides et il dut utiliser beaucoup de force pour les arracher, se tailladant les mains à plusieurs endroits. Malgré tout, il continua. Rien ne pourrait l'arrêter de son but ultime; construire un abri pour protéger Wilhelm.
Il réussit finalement à terminer son refuge, plantant des branches pour les murs, en accrochant d'autres pour maintenir une certaine imperméabilité. Il creusa le sol à mains nues pour y accueillir un futur feu qu'il avait bien l'intention d'allumer dès que possible. La nuit approchait et il n'avait encore entendu personne. Bien entendu, les gens ne remarqueraient leur disparition que dans une demi-heure environ. Hors, Wilhelm devait rester en sécurité.
Le bouclé l'avait regardé plusieurs fois pendant qu'il travaillait autour de lui. Sa tête s'était légèrement affaissée sur le côté gauche, laissant ses mèches de cheveux voler tranquillement sous la brise. Son joli visage était beaucoup plus serein dans son sommeil. Il était vraiment très beau. Simon n'avait pas besoin de voir ses yeux pour se les remémorer. D'un brun profond, ils étaient parfois rieurs, mais souvent pensifs.
Sans s'en rendre compte, il lui replaça une mèche de cheveux. C'est là qu'il vit ses mains pleines de saletés. Se relevant, le bouclé alla les nettoyer à la rivière. Simon sentit des pincements alors que l'eau réveillait ses blessures qu'il s'était infligé. Il détailla sa main droite et constata que l'une de ses incisions avait traverser l'endroit où le cynips l'avait piqué. La blessure était particulièrement enflée par rapport aux autres. Ce n'était pas le temps de faire sa fillette. Un feu était nécessaire. Il n'avait pas le temps de s'apitoyer sur son sort. Le bouclé finit par revenir avec quelques écorces et des brindilles. S'ils étaient chanceux, ils pourraient se réchauffer dans quelques minutes.
*********
Les professeurs prenaient les présences avant de repartir vers Hillerska. Chacun des élèves entrait dans le bus après avoir donné son nom. Sara cherchait son frère, mais ne le trouvait nulle part. Elle était arrivée à la traîne avec Félice. Les deux jeunes femmes s'étaient très bien entendues et la boursière ne voulait pas que la journée s'arrête. Ce faisant, elle avait délibérément allongé son plaisir en compagnie de la riche héritière. Ainsi, les élèves avaient déjà commencé à monter dans le véhicule quand elles étaient finalement sorties du bois. Son frère devait déjà être assis. Elle ne voyait pas comment Simon, si sûr de lui, pourrait vouloir étirer le temps en compagnie du prince coincé.
Ce n'est que lorsqu'elle découvrit qu'il ne s'y trouvait pas qu'elle voulut aviser les professeurs.
— Personne ne quitte le bus, mademoiselle. Nous terminons les présences et nous partons. Vous empêchez les autres de monter.
Ne pouvant faire autrement, elle se résigna et s'installa dans le premier banc. À chaque fois qu'un nouvel élève entrait, elle demandait s'il avait vu Simon. Évidemment, chacun se moquait bien de son frère et ne lui répondirent même pas, sauf parfois, par un simple haussement d'épaules.
Sara regarda la foule diminuer et l'enseignant attitré à leur véhicule qui commençait à jeter des coups d'œil inquiétants vers la forêt. Elle se redressa sur son banc quand l'adulte se rendit voir les autres professeurs. Il passa chacun des véhicules et revint enfin avec un air paniqué. Il grimpa les marches et aboya le nom du prince.
Tout le monde se retourna vers August. Ils savaient tous qu'il ne le quittait jamais, en dehors des cours. Celui-ci se releva instantanément.
— Il n'est pas encore à l'intérieur, indiqua le jeune lord.
— Vous en êtes certain, monsieur, insista l'enseignant.
— Évidemment ! Vous me prenez pour un homme du peuple ?
— Non ! Bien sûr que non, monsieur. Veuillez me pardonner.
Sara, qui avait suivit la scène, se précipita à la suite du professeur et le fit se retourner.
— Mon frère était en équipe avec le prince et il n'est pas là non plus. Ils sont encore dans la forêt.
Il vérifia sur sa liste et confirma que Simon n'était pas encore de retour.
— Très bien, nous allons les attendre.
— Qu'est-ce qui se passe, demanda August qui n'avait pas pu s'empêcher de venir aux nouvelles.
— Sa majesté n'est pas encore revenu. Nous n'attendons plus que lui et son coéquipier, révéla l'adulte.
Combien de fois avait-il prévenu Wilhelm de ne pas se mêler à la basse société ? Têtu comme il l'était, il l'avait défié en se joignant à cet homosexuel de bas étage. Le jeune lord se retourna vers Sara et la pointa du doigt d'un air malveillant.
— Toi, ma chère, tu ferais mieux de t'assurer que ton frère ramène Wille sans une égratignure. Sinon, tu peux dire adieu à ta bourse ainsi qu'à celle de ton frère.
On attendit jusqu'à la tombée de la nuit. Les élèves avaient fini par quitter leurs véhicules, sachant très bien que plus le temps passait, plus il y avait de chance pour que le prince soit porté disparu.
Les professeurs discutaient à voix basses pour ne pas attiser les élèves plus vifs à s'inquiéter. Soudain, l'un d'entre-eux les rejoignit et demanda à faire des équipes d'une dizaine de personnes pour chercher les alentours. Toutes les équipes revinrent bredouilles. La dernière arriva vers 21hoo. C'est à ce moment qu'ils décidèrent de communiquer la disparition du prince et de son acolyte.

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OB Royal
FanfictionWilhelm est le prince de Suède et second à la succession du trône, après son frère Erik. Obligé d'étudier dans un nouveau pensionnat, suite à un esclandre avec des camarades, le prince rencontrera Simon, issu du peuple et ouvertement gay. Lors d'un...